Au procès de l’attentat de Magnanville, la vidéo de revendication de Larossi Abballa diffusée

Mohamed Lamine Aberouz au procès de l’attentat de Magnanville, le 25 septembre 2023.
BENOIT PEYRUCQ / AFP Mohamed Lamine Aberouz au procès de l’attentat de Magnanville, le 25 septembre 2023.

TERRORISME - Treize minutes et dix-sept secondes de haine. C’est le temps que dure la vidéo de revendication de l’assassinat d’un couple de policiers à son domicile de Magnanville (Yvelines), diffusée intégralement ce lundi 2 octobre devant la cour d’assises spéciale de Paris.

Dans le box des accusés, Mohamed Lamine Aberouz, complice présumé de l’assassin, acquis à la cause de l’organisation État islamique (EI), reste tête baissée, sans un regard vers les écrans où s’exprime son ami d’enfance.

Il était 20 h 52, le 13 juin 2016, quelques minutes après l’assassinat du couple de policiers Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider avec un couteau de boucher, sous les yeux de leur fils de trois ans, quand Larossi Abballa a posté vers la centaine d’abonnés de son compte Facebook une vidéo de revendication, d’allégeance à l’EI, de haine de la France et des « mécréants ».

« Derrière moi, il y a le petit »

Crâne rasé, collier de barbe, Abballa, 25 ans, souriant, se filme en gros plan. Il se trouve dans la mezzanine du pavillon du couple, près de l’enfant de trois ans qu’il retient en otage. Au fur et à mesure, le discours, qu’il est visiblement en train de lire, semble plus décousu. Abballa renifle et déglutit beaucoup.

S’adressant à ses « frères musulmans », il appelle au meurtre de policiers, de surveillants pénitentiaires, de journalistes dont certains sont cités nommément et de rappeurs « alliés de Satan ». « Je ne vais pas tous les citer (...) Tuez-les ! Tuez-les ! Tuez-les ! », abrège-t-il. « On vous attendra devant vos demeures. On égorgera vos enfants », menace-t-il.

« Je viens de tuer un policier et je viens de tuer sa femme », avoue-t-il. « Et derrière moi, il y a le petit. Je ne sais pas ce que je vais faire de lui encore », dit-il en tournant la caméra de son téléphone vers le canapé blanc où est recroquevillé sous une couverture le petit garçon de trois ans.

Abballa retourne la caméra vers son visage et poursuit sa diatribe. « Nous serons impitoyables », reprend-il.

Entouré par la police

Ses reniflements se font plus fréquents. Il semble hésiter. « Actuellement, la police est autour de moi », dit-il avec une pointe d’angoisse dans la voix. « Je leur réserve des surprises », dit-il bravache avant d’ajouter, se grattant la joue et soupirant : « J’avoue, j’ai pas envie de... hum. Donc voilà, on va voir ce qu’ils vont faire ».

La vidéo a été reprise une poignée d’heures plus tard par l’organe de propagande de l’EI expurgée des passages relatifs à l’enfant. À minuit, le Raid donnera l’assaut pour libérer le jeune garçon et neutraliser Abballa.

« Il a eu l’air surpris de l’assaut », a témoigné devant la cour l’ancien chef adjoint du Raid. Dans son témoignage, l’ex-policier a raconté qu’Abballa semblait vouloir « prendre l’ascendant » durant les négociations pour libérer l’enfant. Il était « calme et serein ». « J’ai le sentiment qu’il pren(ait) vraiment son temps », s’est souvenu l’ex-policier d’élite.

L’attitude d’Abballa a changé quand les négociateurs lui ont demandé pourquoi il s’en était pris à une mère de famille et son enfant. « Il y a eu comme une fuite émotionnelle », estime l’ex-officier de police. « J’ai choisi de ne pas faire de victime civile », aurait dit Abballa. « À partir de ce moment, il est préoccupé, inquiet », poursuit l’ancien chef adjoint du Raid.

L’ADN de Mohamed Lamine Aberouz retrouvée sur place

La « surprise » évoquée par Abballa aurait-elle pu être l’action parallèle d’un complice ? suggère un avocat des parties civiles. Il s’agit « d’une pure hypothèse », précise-t-il.

Dans sa revendication, Abballa alterne entre l’utilisation du « je », du « on » et du « nous ». « On est prêt, ils ne savent pas ce qu’on a sur nous », dit-il notamment. Est-ce suffisant pour impliquer la personne dans le box ?

Une trace de l’ADN de Mohamed Lamine Aberouz a été retrouvée au domicile du couple mais rien d’autre n’est venu pour le moment conforter l’hypothèse de sa présence au moment du crime.

Le récit de l’enfant à une psychologue, également venue témoigner à la barre lundi, a conduit l’accusation à privilégier la piste de deux personnes.

Lors d’une séance l’enfant a évoqué « deux méchants » mais la psychologue a nuancé à l’audience l’interprétation à donner à ce souvenir « traumatique » : « Lors des scènes de jeu, il faisait intervenir une multiplicité de méchants, ce qui s’interprète comme le fantasme de l’horreur qui fait décupler les monstres ».

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