Au Portugal, une chercheuse tente d'expliquer le mystère des cadavres qui ne se décomposent plus

Un cimetière à Paderne au Portugal (Photo d'illustration) - Flickr - CC Commons - Saskia Bosch
Un cimetière à Paderne au Portugal (Photo d'illustration) - Flickr - CC Commons - Saskia Bosch

Un mystérieux phénomène touche les cimetières portugais. Alors que ces derniers manquent cruellement de place, les autorités se sont aperçus que les corps de nombreux défunts ne s'y décomposaient plus ces 10 dernières années. Les cadavres étaient retrouvés comme momifiés, alors que 3 à 5 ans sont normalement suffisants pour qu'un corps se décompose, ne serait-ce que partiellement.

"C'est un vrai problème", explique à BFMTV.com Angela Silva Bessa, chercheuse en anthropologie médico-légale à l'université de Coimbra au Portugal, car les mairies - qui sont chargées de l'entretien des cimetières - ne savent plus où enterrer leurs défunts.

"Un phénomène pas anecdotique"

Dans le pays, les familles sont autorisées à garder les corps de leurs proches trois ans sous terre, avant que leurs restes ne soient exhumés, brûlés ou placés dans un endroit plus petit. Mais avec ce nouveau phénomène, cela n'est plus possible et les cimetières se retrouvent contraints de garder les corps deux ans supplémentaires.

Et ces "momifications" ne sont pas anecdotiques. Cela concerne plusieurs villes comme Braga, Gigueira da Foz, Mértola ou encore Faro. À Porto aussi, cela concerne jusqu'à deux corps sur trois selon la chercheuse portugaise. "Dans certains cas, c'était la quatrième fois que les autorités tentaient d'exhumer le cadavre, mais celui-ci n'était toujours pas décomposé", explique-t-elle.

"Cela fait trois ans que j'étudie le phénomène", explique Angela Silva Bessa, qui est la première à réaliser une thèse sur le sujet. Pour ce faire, elle passe au crible la composition des sols de six cimetières du nord, du sud et du centre du pays. Elle analyse également au microscope des échantillons de cheveux, d'ongles et des vêtements portés par les défunts. Il lui reste un an des recherches avant de pouvoir publier les conclusions de son travail.

Les médicaments en cause?

"Pour l'instant, on ne sait pas vraiment pourquoi ces corps ne se décomposent pas", avance la chercheuse. "Mais les premiers résultats des recherches montrent qu'il semblerait que la composition des sols ne soit pas la raison de cette absence de décomposition, car certains cadavres enterrés au même endroit, dans les mêmes conditions se décomposent, d'autres non".

Angela Silva Bessa pense plutôt que "cette momification" s'explique par "des facteurs intrinsèques" à la personne enterrée. "Cela pourrait être lié aux médicaments que la personne a pris de son vivant, comme la chimiothérapie et la radiothérapie utilisées pour traiter le cancer".

En effet, rappelle la chercheuse, ces thérapies par substances chimiques détruisent les bactéries présentes à l'intérieur du corps, et donc potentiellement aussi celles qui sont censées se charger d'entamer notre décomposition une fois morts. À ce stade, il ne s'agit toutefois que d'une piste, puisque les conclusions de ses recherches ne sont pas encore abouties.

Article original publié sur BFMTV.com