Au Niger, le président Mohamed Bazoum aurait tenté de s’évader, après des mois de captivité aux mains des putschistes

Le président Mohamed Bazoum, ici photographié en mai 2022 dans la résidence présidentielle de Niamey, aurait tenté de s’évader, ont assuré les putschistes qui le détiennent dans son palais depuis le coup d’État de la fin juillet.
ISSOUF SANOGO / AFP Le président Mohamed Bazoum, ici photographié en mai 2022 dans la résidence présidentielle de Niamey, aurait tenté de s’évader, ont assuré les putschistes qui le détiennent dans son palais depuis le coup d’État de la fin juillet.

NIGER - S’agit-il d’une manœuvre visant à saper encore un peu plus son autorité ou Mohamed Bazoum a-t-il réellement essayé d’échapper à ses geôliers ? Le régime militaire arrivé au pouvoir par un coup d’État fin juillet, a affirmé ce jeudi 20 octobre au soir que le président déchu Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le putsch, a tenté en vain « de s’évader ». Plusieurs personnes ont été arrêtées dans le cadre de ce projet d’évasion, ont-ils ajouté.

Jeudi, « autour de 3 heures du matin (4 heures à Paris, ndlr) le président déchu Mohamed Bazoum accompagné de sa famille, ses deux cuisiniers, et deux éléments de sécurité a tenté de s’évader de son lieu de détention », a déclaré le porte-parole du régime, le colonel-major Amadou Abdramane, à la télévision nationale. Il a précisé que cette tentative avait « échoué » et que « les principaux auteurs et certains de leurs complices » avaient été arrêtés. Une enquête a également été ouverte par les putschistes.

Les troupes françaises quittent le pays

Selon Amadou Abdramane, le plan d’évasion de Mohamed Bazoum visait à d’abord l’emmener « dans une planque en périphérie de Niamey », avant d’emprunter des « hélicoptères appartenant à une puissance étrangère », sans préciser laquelle, en direction du Nigeria. Dénonçant « l’attitude irresponsable » de Mohamed Bazoum, le militaire n’a pas précisé où se trouvait le président déchu jeudi soir.

Ce jeudi marquait en l’occurrence une date symbolique puisque les premiers soldats français ont quitté leurs bases dans le pays, satisfaisant ainsi à une exigence du régime qui entretient des relations exécrables avec Paris. Les militaires sont arrivés par la route à N’Djamena, capitale du Tchad voisin. Parti de Niamey, le convoi est sorti du Niger « en sécurité et en coordination avec les forces nigériennes », a indiqué jeudi à l’AFP le colonel Pierre Gaudillière, porte-parole de l’état-major français. Il est « bien arrivé sans encombre particulière » à N’Djamena après dix jours de trajet.

Les rotations aériennes du Tchad vers la France seront organisées « dans les prochains jours », a ajouté le porte-parole.

Chassée du Niger, l’armée française doit évacuer hommes et matériels en majeure partie par voie terrestre vers le Tchad puis probablement le Cameroun, avant leur rapatriement en France. Un parcours de plus de 3 000 km dont une partie qui traverse des zones hostiles où des groupes jihadistes sont actifs par endroits. L’armée tchadienne a indiqué qu’elle assurerait l’escorte des convois jusqu’à la frontière camerounaise.

N’Djamena abrite le commandement des opérations françaises au Sahel avec environ un millier de militaires français. Selon le colonel Gaudillière, la moitié des sites des bases avancées à Ouallam et Ayorou, au nord-ouest du pays, dans la zone dite des « trois frontières » avec le Burkina Faso et le Mali, ont été vidés.

Mohamed Bazoum soutenu par la France

La présence française au Sahel ne cesse de fondre depuis 2020. Des coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et enfin au Niger ont mis fin à la force antijihadiste Barkhane déployée depuis 2014 au Mali, qui a compté jusqu’à 5 500 militaires déployés dans la zone. Barkhane a cristallisé le sentiment antifrançais d’une partie des opinions publiques africaines, faisant peser le risque de manifestations le long des convois.

La France soutient depuis le coup d’État du 26 juillet le président déchu Mohamed Bazoum et réclame sa libération comme de nombreux pays et organisations. Mais le régime militaire reste pour l’heure inflexible. Mohamed Bazoum, quant à lui, refuse toujours de démissionner et est retenu prisonnier dans sa résidence au sein du palais présidentiel avec sa femme Haziza et son fils Salem. Le 18 septembre, il avait saisi la justice ouest-africaine pour demander sa libération et le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger.

Le pays est par ailleurs frappé par des sanctions économiques internationales depuis le coup d’État et de nombreux États ont suspendu leur aide budgétaire. Jeudi, l’Union européenne, qui a elle-même suspendu son aide, a annoncé la mise en place d’un « pont aérien humanitaire » transportant « des médicaments essentiels et des fournitures médicales » vers Niamey.

Quatre vols seront affrétés pour acheminer 58 tonnes de « fournitures sanitaires essentielles » en vue de « renforcer la réponse humanitaire » dans ce pays, où « les stocks de produits vitaux s’épuisent rapidement ». Un premier vol est déjà arrivé dans la capitale nigérienne, précise encore l’UE.

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