Au Niger, la Cédéao « prête à intervenir » militairement mais l’option diplomatique est toujours d’actualité

La réunion extraordinaire du comité des chefs d’état-major de la défense de la Cédéao à Accra, au Ghana. Les chefs militaires ouest-africains y sont réunis pour coordonner une éventuelle intervention armée au Niger.
La réunion extraordinaire du comité des chefs d’état-major de la défense de la Cédéao à Accra, au Ghana. Les chefs militaires ouest-africains y sont réunis pour coordonner une éventuelle intervention armée au Niger.

NIGER - Vers le début de l’intervention militaire pour rétablir le président Bazoum ? La force de la Cédéao s’est dit « prête à intervenir » au Niger dès que les dirigeants des pays ouest-africains en donneront l’ordre, a déclaré ce vendredi 18 août le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’organisation régionale, Abdel-Fatau Musah.

« Nous sommes prêts à intervenir dès que l’ordre sera donné. Le jour de l’intervention a aussi été fixé », a déclaré ce responsable à l’issue d’une réunion des chefs d’état-major des armées ouest-africaines réunis depuis jeudi à Accra au Ghana, trois semaines après le coup d’État.

Selon des propos rapportés par RFI, Abdel-Fatau Musah a toutefois assuré à maintes reprises que la Cédéao ne déclarait « pas la guerre au Niger ». « Il y aura de nouvelles réunions des chefs d’État-major », a-t-il prévenu.

Mais la situation est confuse, car au moment où ce « jour J a été décidé », la Cédéao a aussi annoncé une « possible » mission diplomatique dès samedi au Niger. Une nouvelle tentative alors que les précédentes délégations de l’organisation régionale n’ont pas réussi jusqu’ici à rencontrer le général Tiani, nouvel homme fort du pays.

« Demain, il est possible qu’une mission de la Cedeao se rende au Niger pour continuer à suivre la voie pacifique pour rétablir l’ordre constitutionnel. Nous sommes prêts à résoudre le problème pacifiquement, mais il faut être deux pour danser le tango », a déclaré à Accra Abdel-Fatau Musah. « Nous sommes prêts à résoudre le problème pacifiquement, mais il faut être deux pour danser le tango ».

S’ils ont discuté des modalités d’une possible opération armée, pour rétablir au pouvoir le président Mohamed Bazoum écarté depuis le 26 juillet par le nouveau régime militaire à Niamey, la Cedeao semble encore privilégier la voie du dialogue à l’issue de cette importante réunion.

La réunion avait surtout pour but d’« affiner » les détails, au cas où la Cedeao « recourrait aux moyens ultimes de la force », avait expliqué Abdel-Fatau Musah avant la rencontre.

Des violences dans plusieurs régions

Mais en parallèle de cette réunion, une source officielle locale a indiqué qu’au moins 28 civils ont été tués en début de semaine dans des violences survenues dans plusieurs villages du sud-ouest du Niger, près du Mali. Toutefois, le bilan pourrait être plus lourd selon une source sécuritaire.

« Pour le moment on a recensé au moins 28 morts au total, mais le bilan a pu évoluer », a affirmé à l’AFP ce haut fonctionnaire de la région de Tillabéri où ont eu lieu ces violences.

Au total, ce sont quatre départements qui ont été affectés par ces violences qui ont débuté « le 15 août au crépuscule (...) pour se terminer à la mi-journée du 16 août », a-t-il précisé, sans indiquer l’origine de leur déclenchement. À Ayorou, un des départements touchés, quatre morts ont été dénombrés, tout comme 26 blessés « par armes blanches et armes à feu », a précisé une source locale.

Les autorités militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum n’ont cependant pas confirmé ces violences. Selon une autre source sécuritaire, « une centaine de civils » auraient été tués lors de violences dans cette région dite des trois frontières entre Burkina Faso, Mali et Niger, qui est régulièrement le théâtre d’attaques jihadistes meurtrières, notamment de l’État islamique au Grand Sahara.

Selon un acteur de la société civile de Tillabéri, ces violences sont dues « à un cycle de représailles entre éleveurs (peuls) et sédentaires (djerma) » qui cohabitent dans la zone.

« Il y a eu une attaque contre des éleveurs, alors de jeunes éleveurs armés ont mené à leur tour des représailles contre des sédentaires et cela s’est répété dans d’autres villages », a poursuivi cette source. Une hypothèse renforcée par de violents affrontements qui avaient déjà opposé fin avril et début mai des sédentaires djerma et des éleveurs nomades peuls dans des villages et hameaux riverains du fleuve Niger.

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