Au Nebraska, une adolescente poursuivie pour avortement illégal condamnée à 3 mois de prison

Une adolescente condamnée au Nebraska pour avoir avorté par pilule abortive après le délai légal. (AP Photo/Jose Luis Magana)
Une adolescente condamnée au Nebraska pour avoir avorté par pilule abortive après le délai légal. (AP Photo/Jose Luis Magana)

ÉTATS-UNIS - Le verdict est tombé. Une adolescente et sa mère, poursuivies depuis août 2022 pour avortement clandestin et dissimulation de restes humains dans l’État du Nebraska, ont été condamnées ce jeudi 20 juillet, selon le New York Times. Si la fille écope de 3 mois de prison, la mère risque 5 ans derrière les barreaux – elle sera pour sa part fixée sur son sort le 22 septembre. Les autorités se sont basées sur des messages Facebook privés qui ont été transmis à la police.

Celeste Burgess, 19 ans, et sa mère Jessica Burgess, 42 ans, ont été inculpées l’année dernière par le tribunal de district du comté de Madison, après que la police a obtenu leurs messages Facebook privés. Ces derniers révélaient l’achat de pilule abortive par la mère et des échanges sur la date de cet avortement. Des plans pour mettre fin à la grossesse et « brûler les preuves » étaient aussi présents.

D’après les données médicales collectées par les autorités, Celeste, qui avait 17 ans au moment des faits, était alors enceinte de près de six mois, soit entre 23 et 27 semaines de grossesse lorsqu’elle a pris la pilule abortive. Dans le Nebraska, l’avortement était légal uniquement jusqu’à 20 semaines de grossesse avant la révocation de l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait depuis 1973 le droit à l’avortement aux Américaines sur l’ensemble du territoire. En mai, le gouverneur Jim Pillen, un républicain, a réduit ce délai à 12 semaines.

Deux condamnations

Selon Forbes, les autorités avaient reçu un « tuyau » indiquant que Céleste avait fait une fausse couche en avril 2022 et enterré le fœtus en secret. Pendant leur enquête, un mandat de perquisition avait été délivré pour accéder aux comptes Facebook de Celeste et Jessica. Mère et fille étaient ainsi accusées depuis juillet 2022 d’avoir eu recours à un avortement illégal, puis d’avoir brûlé et enterré le fœtus.

La mère, qui a donné les instructions à sa fille pour prendre les pilules, était notamment poursuivie pour avoir perpétré un avortement au-delà de vingt semaines, alors qu’elle n’était pas médecin. Céleste, elle, était poursuivie pour avoir dissimulé et abandonné un corps, caché un décès et menti lors de l’enquête.

En juillet, la mère a plaidé coupable d’avoir enfreint la loi sur l’avortement du Nebraska, d’avoir fourni de fausses informations à un agent des forces de l’ordre et d’avoir retiré ou dissimulé des restes de squelette humain. Selon le principal procureur du comté de Madison, elle risque jusqu’à cinq ans de prison.

Celeste Burgess a elle aussi plaidé coupable en mai d’avoir retiré ou dissimulé des restes de squelette humain. En plus de 90 jours de prison, elle a été condamnée à deux ans de probation.

Un climat de peur

La peine « semble raisonnable », selon le procureur Joseph Smith cité par le New York Times, puisque Celeste Burgess n’avait aucun antécédent criminel. Il s’agit de sa première affaire liée à l’avortement en 33 ans de métier.

Elizabeth Ling, avocate principale de la ligne d’assistance téléphonique chez If/When/How, un groupe de défense des droits à l’avortement, a, elle, vivement critiqué l’accusation, affirmant qu’elle « ajoutait à ce climat de peur qui empêche les gens de se faire soigner », y compris pour les recours aux avortements médicamenteux.

« Je suis inquiète et consternée que, bien que l’avortement à domicile ne soit pas illégal au Nebraska, les procureurs aient choisi de punir une jeune en transformant leurs lois en armes contre elle pour avoir prétendument mis fin à sa propre grossesse », a-t-elle déclaré dans un communiqué rapporté par le New York Times.

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