Au Mexique, les cow-boys gays envoient valser les conventions

De Zacatecas (Mexique)

Les cow-boys paradent dans la boîte de nuit bondée jusqu’au petit matin, arborant fièrement leurs bottes rutilantes, leurs jeans ajustés et leurs chapeaux à large bord.

Ils sont venus siffler de la tequila et de la bière, chanter en chœur avec les bandas [ensembles musicaux] et danser ensemble – torse contre torse, les jambes entremêlées.

Chaque année, au printemps, plusieurs centaines de Mexicains et d’Américains viennent en pèlerinage dans la ville de Zacatecas, aux façades bariolées de style colonial, pour le rassemblement annuel des vaqueros (“cow-boys”) gays. Le temps d’un week-end, ils partagent de la carne asada [viande grillée] et des danses traditionnelles et couronnent le roi des cow-boys.

Stetson et boots en python

La Banda R-15 en plein concert au club Juana Gayo de Zacatecas.. Photo Gary Coronado/Los Angeles Times/TNS
La Banda R-15 en plein concert au club Juana Gayo de Zacatecas.. Photo Gary Coronado/Los Angeles Times/TNS

Ici, pas de musique pop, mais des bandas qui jouent pendant des heures. Les musiciens enchaînent les tubes de cumbia et de norteña tandis qu’une marée de Stetson envahit la piste de danse.

Pour Mariano Escobar, cinquantenaire dégingandé, c’est le paradis. C’est lui qui a organisé le tout premier rassemblement de cow-boys gays à Zacatecas, il y a dix-huit ans.

La démarche était simple – et un peu intéressée : “J’adore m’habiller en cow-boy”, confie ce gérant de bar, qui arbore ce jour-là des boots en python et une chemise à carreaux ouverte, d’où dépasse une superbe houppe de poils grisonnants. “Et j’aime les mecs qui s’habillent comme ça.”

Depuis la première édition, l’événement a pris de l’ampleur, et la sous-culture des cow-boys gays s’est popularisée. Aujourd’hui, plus d’une dizaine de villes de part et d’autre de la frontière entre le Mexique et les États-Unis organisent leurs propres rassemblements. Ceux-ci sont devenus des refuges pour les homosexuels désireux de se reconnecter avec eux-mêmes, mais aussi avec l’identité mexicaine.

Fierté mexicaine

Car outre les véritables cow-boys – à la peau tannée par de longues journées à surveiller les troupeaux –, ils attirent aussi des comptables, des avocats et d’autres citadins, pour qui revêtir une tenue de cow-boy constitue à la fois un fantasme et une porte d’accès vers le passé rural de leur pays.

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