Au deuxième jour du procès de dignitaires syriens à Paris, le témoignage fort de Majed

Trois cadres des services de renseignement syriens sont jugés en leur absence à Paris pour complicité de crimes contre l'humanité, pour leur rôle présumé dans l'arrestation arbitraire, la torture et la mort d'un père et de son fils franco-syriens. Ce mercredi 22 mai, la cour a entendu le premier témoignage d'un civil, Majed, qui a survécu à l'enfer du centre de détention de l'aéroport de Mezzeh, où seraient morts Mazzen et Patrick Dabbagh.

Compte rendu d'audience, avec Laura Martel

Ce procès de trois dignitaires du régime de Bachar el-Assad devant la cour d’assises de Paris, c'est un peu celui du sort partagé par des milliers de Syriens depuis le début de la guerre civile dans leur pays, en 2011.

Majed était pharmacien. Un jour d'août 2011, après qu'il a manifesté contre le régime de Damas – une rose à la main, dit-il –, deux hommes armés l'arrêtent dans son échoppe, lui bandent les yeux et l'emmènent.

En détention, il subit les insultes, la faim, la torture, mais aussi les décharges électriques et les coups, qui réduisent ses pieds en charpie. Et cette cellule de 8m2, où ils s'entassent à quatorze, puis vingt, puis trente.

Au bout de six semaines, Majed est soudain apprêté, coiffé, emmené face à un officier qui lui annonce, devant une caméra, que le président le gracie. « Pourtant, vous ne le méritez pas », ajoute le gradé.

Il s'agit de Jamil Hassan, chef des renseignements de l'armée de l'air syrienne, l'un des accusés du procès de Paris. « Mon expérience n'est rien, par rapport à ce que d'autres ont vécu », souffle Majed. « Il y a eu bien pire. »


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