Au Congrès américain, Donald Trump et son influence au cœur de la crise

Former US President Donald Trump speaks at the Mar-a-Lago Club in Palm Beach, Florida, on November 15, 2022. - Donald Trump pulled the trigger on a third White House run on November 15, setting the stage for a bruising Republican nomination battle after a poor midterm election showing by his hand-picked candidates weakened his grip on the party. Trump filed his official candidacy papers with the US election authority moments before he was due to publicly announce his candidacy. (Photo by ALON SKUY / AFP)

ÉTATS-UNIS - C’est la pagaille au Congrès américain. Mardi 3 janvier, une vingtaine d’élus républicains ont semé la zizanie en refusant de voter pour leur collègue Kevin McCarthy, qui briguait le poste de « speaker » à la Chambre des représentants. Pour la première en 100 ans, le chef de la chambre basse n’a pas été élu dès le premier tour.

Les deux tours suivants n’ont pas été plus fructueux pour Kevin McCarthy, républicain de Californie, qui brigue pour la deuxième fois ce poste qui ferait de lui le troisième personnage de l’État. Les élus devront continuer à voter tant que personne n’a obtenu la majorité de 218 votes. En attendant, les travaux parlementaires sont mis sur pause.

Tout commençait pourtant bien pour les républicains. Sans le raz-de-marée espéré aux élections de mi-mandat début novembre, ils ont réussi à obtenir la majorité à la Chambre des représentants avec 222 sièges contre 213 pour les démocrates. Mais c’était sans compter sur un petit groupe issu de l’ultradroite et du mouvement MAGA de Donald Trump.

Trump peine à contrôler ses soutiens

Selon une infographie réalisée par le New York Times, 19 élus républicains ont refusé de voter pour Kevin McCarthy lors des deux premiers tours, 20 au troisième lors duquel tous ont choisi de se ranger derrière Jim Jordan. Loin derrière Kevin McCarthy (202 voix) et le démocrate Hakeem Jeffries (212 voix), mais suffisant pour empêcher tout candidat d’obtenir la majorité.

Parmi ces 20 personnages, 12 n’ont pas reconnu les résultats de l’élection présidentielle de 2020 et pensent que Donald Trump a gagné contre Joe Biden. 17 ont été soutenus par l’ancien président américain lors des « midterms ». Enfin, 19 font partie du House Freedom Caucus, un groupe d’élus anti-establishment à l’intérieur duquel une « MAGA Squad » pro-Donald Trump a été créée.

Pour autant, ce dernier a bien du mal à contrôler ses sbires. Car le 18 décembre dernier, le milliardaire avait appelé les rebelles à mettre fin à leur fronde et à voter pour Kevin McCarthy. « Je suis ami avec beaucoup des personnes qui sont contre Kevin. Je pense que chacun d’entre eux est proche de Trump, et moi d’eux. Mais je dois leur dire, et je leur ai dit, vous jouez un jeu dangereux », avait déclaré l’ancien président.

« Never Kevin » versus « My Kevin »

Force est de constater que les « Never Kevin » (Jamais Kevin) n’ont pas suivi celui qui se présente comme leur chef. Ils refusent toujours la candidature du républicain de Californie, jugé pas assez conservateur et trop classique malgré son soutien (presque sans faille) apporté à Donald Trump depuis 2016.

Il a cependant commis une « erreur » de parcours qui lui coûte cher aujourd’hui : Kevin McCarthy s’est écarté de son mentor lors de l’insurrection du 6 janvier 2021 et a même réclamé sa démission. Trois semaines plus tard, l’incident était oublié : les deux posaient souriants dans la propriété de Floride du président, à Mar-a-Lago.

Face au revers subi par son allié à la Chambre des représentants, l’ancien président a revu sa position. Mardi, il a refusé de dire s’il allait continuer à soutenir celui qu’il surnomme « My Kevin » en privé. Il n’a pas non plus évoqué le vote sur son réseau Truth social, fait étonnant pour lui qui écrit plus vite que son ombre.

L’influence de Donald Trump, dont la seule ambition concerne la présidentielle 2024, est-elle en train de diminuer ? En tout cas, il semble avoir perdu le contrôle d’une certaine partie de ses supporters au Congrès, qui se réunissent de nouveau ce mercredi 4 janvier pour tenter de désigner le « speaker » de la Chambre.

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