Au cinéma, moins d’un quart des films français sortis en 10 ans réalisés par des femmes

Le réalisatrice Alice Diop, lauréate du César du meilleur premier film pour « Saint Omer », le 24 février 2023
Le réalisatrice Alice Diop, lauréate du César du meilleur premier film pour « Saint Omer », le 24 février 2023

CINÉMA - Dans la foulée de l’annonce de la sélection du Festival de Cannes, certains se réjouissaient de voir six réalisatrices - une première - en lice pour la prestigieuse Palme d’or. Une étude du collectif 50/50, publiée ce lundi 24 avril, rappelle que la place des femmes derrière la caméra est encore loin d’être acquise.

Le collectif, créé par des professionnelles du cinéma et de l’audiovisuel pour œuvrer à la parité, l’égalité et la diversité dans cette industrie, se penche cette fois sur la place qu’occupent les réalisatrices « au regard du genre des films sortis en salle (fiction, documentaire ou film d’animation), mais aussi selon les budgets avec lesquels elles travaillent, ou encore le nombre de films qui leur aura été donné de réaliser en 10 ans. »

Parmi les chiffres marquants, l’étude recense ainsi que sur les 2 876 films réalisés entre 2013 et 2022, moins d’un quart l’a été par des femmes (23,6 %). « Si la part des films d’initiative française réalisés ou co-réalisés par des femmes atteint près d’un tiers des films produits en 2022, nous sommes encore loin de la parité femmes/hommes », insiste le collectif.

Un extrait de l’étude « La parité derrière la caméra » du Collectif 50/50, en collaboration avec WeDoData.
Un extrait de l’étude « La parité derrière la caméra » du Collectif 50/50, en collaboration avec WeDoData.

Lorsqu’on s’intéresse au genre des films, c’est plus particulièrement dans le cinéma d’animation que la part de femmes réalisatrices reste extrêmement faible - bien en dessous des 25 % de part des fictions ou des documentaires. L’étude montre également que « plus la carrière des cinéastes avance, plus les 3e, 4e, 5e films sont des privilèges souvent réservés aux hommes ». Tandis que le volet financier montre que les réalisatrices sont cantonnées aux petits budgets.

Ainsi en 2013, le film le plus cher réalisé par une femme (Une rencontre, de Lisa Azuelos) affiche un budget de 13,4 millions d’euros, tandis que Le Petit Prince de Mark Osborne atteint presque les 60 millions d’euros. Dix ans plus tard en 2022, le film Jeanne du Barry de Maïwenn Le Besco, attendu en salles en mai prochain, décroche un budget de 20,6 millions d’euros quand le film d’animation Miraculous de Jérémy Zag triple la mise avec 60 millions d’euros.

« Plus de 3/4 des réalisatrices restent cantonnées à des budgets inférieurs à 4 millions d’euros, avec une incidence systématique sur les salaires », précise l’étude.

Si le collectif 50/50 estime que des outils comme les formations de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, le bonus parité, les études chiffrées ont permis une « évolution »  et une « transformation progressive » de la place des femmes derrière la caméra, il appelle à un renforcement des efforts politiques et financiers pour « renverser un écart qui se creuse dès la sortie des écoles de cinéma. »

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