Au Burkina Faso, pas facile de se faire passer la bague au doigt

Ils font le mariage religieux et coutumier. Mais quand il s’agit de passer devant le maire, c’est l’hésitation, la réticence. Pour plusieurs jeunes, l’union scellée devant l’officier d’état civil est aléatoire, secondaire et serait réservée aux fonctionnaires. Pourtant, le mariage civil est nécessaire et assure une protection pour les conjoints, selon des conseillers conjugaux.

Moumouni Zié est marié depuis quelques années. Il vit avec sa femme après le mariage coutumier et religieux. Pour le mariage civil, le jeune couturier dit prendre son temps, et il avance ses raisons. “Je n’ai pas encore fait le mariage civil, parce qu’actuellement, il y a beaucoup de mariages civils qui ne réussissent pas” ; en plus de cela, il estime que passer devant le maire est une pratique étrangère, précisément occidentale.

Dans son atelier de couture, une paire de ciseaux en mains, Moumouni semble convaincre ses apprentis qui, en haussant la tête, semblent partager son idée du mariage civil.

“Mieux se connaître”

Moins jeune, Ibrahim Traoré ne partage pas moins la vision du mariage émise par Moumouni. Marié depuis plusieurs années religieusement, quand il s’est agi du mariage civil, il a pris plus de temps. Pour mieux connaître sa partenaire, dit-il. “Cela fait trois ans que je suis marié légalement, on a pris en gros trois ans pour faire le mariage. Mais si nous avons pris tout ce temps, c’est pour mieux se connaître, savoir avec qui tu vas passer le reste de ta vie avant d’aller devant le maire pour signer”, poursuit-il.

Christophe Sandwidi est un homme d’une soixantaine d’années. Selon lui, la peur en plus d’autres facteurs pourrait expliquer que les jeunes traînent le pas pour aller à la mairie avec leurs conjointes.

“Certains avancent la question des finances, par exemple le monsieur travaille et pas la femme, et vice versa. Quand c’est ainsi, il y a des hésitations par rapport au choix du régime. Pour d’autres, c’est pour des raisons d’ordre traditionnel qu’ils se réservent de faire ce mariage-là, parce qu’une fois qu’ils ont des difficultés, ils sont obligés d’aller vers le tribunal pour que l’affaire soit tranchée”, relève Christophe.

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