Au Brésil, il ne faut pas confondre “naturalité” et “nationalité”

Quiproquo à la Poste

Je me rends au bureau de poste de mon quartier pour poster une lettre recommandée à destination de la France. Le préposé – un homme d’un certain âge et peu aimable – me demande mes papiers d’identité. Je lui tends mon RG, la carte d’identité brésilienne. Il me demande : “Quelle est votre nationalité ? ” Je lui réponds : “Brésilienne.” Il me reprend : “Non, je vous ai demandé votre nationalité.” Je lui confirme : “Brésilienne. Comme l’atteste mon RG.” Il me rétorque : “Non, vous n´êtes pas brésilien. Quelle est votre nationalité ? ” Ouh là ! Mal parti. Alors je lui raconte ma vie : né et grandi en France, français donc, certes, comme mon accent le trahit, mais ayant aussi pris la nationalité brésilienne voilà dix ans. Il triomphe : “Voilà ! Je vous l’ai bien dit. Vous n’êtes pas brésilien mais français. Allez me chercher votre passeport français.”

On reste calme. Je reprends mon argument : “Mais j’ai un RG : seuls les Brésiliens en ont un, sinon j’aurais un RNE (carte de résidence pour les étrangers).” Visiblement, l’argument l’ébranle. J’en profite et, pour nous sortir de l’impasse, je lui suggère : “Demandez donc l’avis de votre collègue.” Ce qu’il finit par faire, sans doute pour éviter de perdre la face, mais avec quand même une réticence certaine. Il explique ce cas difficile à son collègue d’à côté, qui lui répond aussitôt d’une voix tonitruante dont profite tout le bureau de poste : “Mais si, tu vois bien, le monsieur français est brésilien ! ”

Nationalité

Je ne saurais jamais ce qui est passé par la tête de ce fonctionnaire. Est-il un opposant à la double nationalité ? Bien peu probable dans un pays où elle est si fréquente. De nombreux Brésiliens prennent sans difficulté la nationalité de leurs grands-parents, le plus souvent portugais ou italiens mais aussi allemands, espagnols ou libanais. Plus facile pour voyager, disent-ils. Bien utile aussi pour s’installer en Europe.

Peut-être m’a-t-il jugé bien trop “gringo” pour être un vrai Brésilien, un vrai de vrai ? Certainement pas par l’apparence. On devient vite carioca : il suffit d’un t-shirt, d’un bermuda et d’une paire de havaianas ! Ni par le comportement : on apprend vite l’amabilité et la gentillesse. Mais plus probablement par le nom et l’accent.

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