Attention, un inédit de Nabokov !

Vladimir Nabokov à Gstaad (Suisse), en 1971.   - Credit:Horst Tappe/Fondation Horst Tappe/Keystone Suisse/Roger-Viollet
Vladimir Nabokov à Gstaad (Suisse), en 1971. - Credit:Horst Tappe/Fondation Horst Tappe/Keystone Suisse/Roger-Viollet

Mars 1922. Deux monarchistes ouvrent le feu sur des républicains russes tenant conférence à Berlin et atteignent Vladimir Nabokov père, qui tentait de s'interposer : clap de fin pour ce libéral issu d'une grande famille pétersbourgeoise et qui avait appelé à la révolte contre l'autocratie avant que la vague bolchevique instaure une autre tyrannie, réduisant ses opposants au départ, à la prison puis à la mort.

Un an plus tard, son fils entreprend d'écrire une pièce restée jusqu'ici inédite, située dans un pays imaginaire où il n'est pas difficile de reconnaître la Russie. Un roi s'y est imposé au sortir d'une terrible guerre civile en ayant l'intelligence de garder l'incognito et de ne paraître que masqué, sous le nom passe-partout de monsieur Morn.

Fin manœuvrier, il a laissé en liberté le premier de ses opposants pour mieux le condamner à l'inaction. Mais un autre, Ganus, parvient à s'évader après quatre ans de réclusion et découvre, de retour dans la capitale, que son épouse est devenue la maîtresse de Morn, qu'il provoque en duel, précipitant la chute du régime.

De la tragédie nationale et familiale qu'il vient de traverser, le très jeune Nabokov (24 ans) tire une pièce en cinq actes, La Tragédie de Monsieur Morn, trahissant à la fois sa grande aisance dramatique et l'étendue de ses lectures, de Pouchkine à Shakespeare – c'est déguisé en Othello que Ganus surprend sa femme avec Morn.

Vacciné contre les souffrances et la mort

Mais c'est d'abord le brio léger [...] Lire la suite