"J'ai une dette envers lui": la caissière sauvée par Arnaud Beltrame lors de l'attentat de Trèbes témoigne

Sa stupeur, la conviction que sa mort était proche, ces regards avec le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui lui a sauvé la vie, sa "dette" désormais envers cet homme devenu héros national... Julie, la caissière qui avait été prise en otage lors de l'attentat terroriste de Trèbes, a livré pour la première fois publiquement son récit dans des interviews pour Le Figaro et TF1 ce jeudi 1er janvier, près de six ans après les faits.

Ces interventions précèdent la parution de son livre, le 10 janvier, dont le titre fait référence à son sauveur: "Sa vie pour la mienne". Elles interviennent également peu avant le procès qui se tiendra devant la cour d'assises spéciale du 22 janvier au 23 février.

"Il me dit qu’il est prêt à mourir en martyr"

Les mots de Julie nous replongent dans l'horreur. Le 23 mars 2018, le terroriste Radouane Lakdim commettait deux attentats successifs dans l'Aude, l'un tuant une personne à Carcassonne et l'autre causant le décès de trois individus à Trèbes dans un super U. C'est ici que Julie, 40 ans, se trouvait.

"Allah Akbar", entend cette dernière alors que l'assaillant entre dans le magasin et "tir en l'air". Deux personnes trouvent la mort pendant qu'elle cherche à se cacher: Christian, 50 ans et boucher dans le supermarché, ainsi qu'un client du magasin, Hervé, 65 ans.

Rapidement, Radouane Lakdim trouve Julie, réfugiée dans un bureau derrière l'accueil. Tout s'est passé en un instant pour celle qui, quelques minutes auparavant, grillait une cigarette devant le supermarché. Désormais, la voila otage. Il lui est demandé de contacter la gendarmerie. Julie cherche ensuite à "discuter" avec son bourreau.

"Il me dit qu’il est prêt à mourir en martyr, je lui réponds que moi, non", raconte-t-elle dans Le Figaro.

"Elle n'y est pour rien", "je représente l'État, prends moi"

Les gendarmes arrivent sur les lieux. Le terroriste et son otage, le pistolet sur la tempe, s'avancent. "Je n'existais plus, je n'étais plus qu'une espèce de pantin", se souvient l'intéressée sur TF1. Elle pense alors que la mort est proche. Avant d'entendre une voix sur "sa gauche".

"Un homme qui a dit bien fort 'vos gueules, reculez, je prends'".

Le gendarme Arnaud Beltrame, qui est le plus haut gradé sur place, prend les choses en main.

"Il répétait: 'relâche la petite dame, elle n’y est pour rien. Je représente l’État, prends-moi à sa place. Relâche la petite dame, elle n’a rien fait'. Tout en disant cela au terroriste, il me fixait droit dans les yeux. Mais à aucun moment il ne s’est adressé à moi", confie Julie au Figaro.

Elle ne reverra plus celui qui vient de lui sauver la vie, ni le terroriste, lequel sera abbatu après avoir blessé mortellement Arnaud Beltrame.

"J'ai une dette envers lui"

Pour Julie, il a fallu se reconstruire de ce traumatisme. Une lettre, écrite quelques jours plus tard par l'épouse d'Arnaud Beltrame, Marielle, a joué un rôle important.

"Elle me disait que je ne devais pas me sentir coupable. Que c’était le métier d’Arnaud de faire face à ce type de risques. Qu’il avait toujours été très attaché à la notion du devoir", relate Julie au Figaro.

Cette "athée dure-dure", comme elle se décrit dans le journal, trouve également des réponses en se convertissant au christianisme. "C’est la foi que portait en lui Arnaud Beltrame qui m’a amenée à trouver Dieu", dit-elle, ajoutant un peu plus tard:

"J’ai une dette envers lui: je me dois de donner tout ce que j’ai comme amour, et la prière me ramène vers la lumière".

Article original publié sur BFMTV.com