Attentat de Magnanville : Mohamed Lamine Aberouz condamné à la réclusion criminelle à perpétuité

Mohamed Lamine Aberouz au second jour de son procès pour l’attentat de Magnanville
BENOIT PEYRUCQ / AFP Mohamed Lamine Aberouz au second jour de son procès pour l’attentat de Magnanville

JUSTICE - Après deux semaines et demie d’audience, la cour d’assises spéciale de Paris a rendu son verdict ce mercredi 11 octobre à l’encontre de Mohamed Lamine Aberouz. Jugé pour complicité dans l’assassinat d’un couple de policiers à leur domicile de Magnanville, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

C’est cette même peine, assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, qui avait été requise mardi, l’avocat général évoquant une « trace ADN pure » comme « signant de façon irrévocable la complicité » de l’homme d’aujourd’hui 30 ans. Cette seconde réquisition a également été suivie. Tout au long du procès, Mohamed Lamine Aberouz n’a eu de cesse de clamer son innocence.

Mohamed Lamine Aberouz a donc été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation : complicité d’assassinats terroristes sur personne dépositaire de l’autorité publique, complicité de séquestration de mineur et association de malfaiteurs terroristes.

À l’annonce du verdict, accueilli dans un grand silence, l’accusé s’est effondré sur son banc avant d’être réconforté par ses avocats. Ces derniers ont confié à l’AFP qu’il ferait certainement, « à 99,9 % », appel.

« La cour est arrivée à la conclusion que Mohamed Lamine Aberouz était totalement acquis à l’idéologie de l’État islamique. Et on a bien du mal à trouver la moindre condamnation de sa part de ce groupe », a indiqué le président Christophe Petiteau en annonçant le verdict.

Le 13 juin 2016, Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée sous les yeux de son fils de trois ans par Larossi Abballa. L’assaillant, qui était connu des services de renseignement et a revendiqué son acte au nom de l’EI dans une vidéo, a ensuite tué de neuf coups de couteau Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, qui s’apprêtait à rentrer chez lui.

Larossi Abballa a été abattu par les policiers du RAID lors de l’assaut pour libérer l’enfant du couple. Mohamed Lamine Aberouz, lui, était un ami d’enfance de l’assassin du couple de policiers. Au cours du procès, il avait déjà été accusé d’avoir été « totalement acquis aux convictions du groupe (terroriste) État islamique » et de s’être trouvé au côté de Larossi Abballa au moment du meurtre des fonctionnaires.

L’ADN, juste « une pièce du puzzle »

Outre la trace ADN permettant d’établir sa complicité, l’accusation a appuyé sa thèse en soulignant que Mohamed Lamine Aberouz aurait pu assez facilement s’échapper de la maison avant que le périmètre de sécurité soit mis en place.

À l’audience, un des premiers policiers arrivés sur place a indiqué qu’il était aisé de s’enfuir par l’arrière du pavillon. L’alibi de l’accusé, qui affirme avoir passé la soirée du 13 juin dans une mosquée des Mureaux, a également été contesté. Aucun témoin n’a été en mesure de confirmer ses allégations.

L’enquête a aussi révélé que dans la nuit du 13 au 14 juin, l’accusé avait effacé son compte Telegram puis déposé des ordinateurs, tablettes et clés USB chez un ami.

« L’ADN de M. Aberouz n’est qu’une pièce du puzzle », a d’ailleurs résumé mardi une des deux avocates générales. « Lorsqu’on réunit toutes les pièces du puzzle, l’adhésion de Mohamed Lamine Aberouz aux thèses de l’État islamique, la proximité avec Larossi Abballa, son influence sur Larossi Abballa (...) l’ADN découvert sur la scène de crime, la possibilité d’une fuite aisée, l’absence d’alibi, la destruction de preuves immédiatement après l’attentat, les propos évolutifs et les incohérences dans les déclarations... Évidemment qu’il est coupable ! », avait insisté le ministère public.

Seul rescapé de cette tragédie, l’enfant du couple, qui vit chez sa tante paternelle, avait évoqué devant une psychologue la présence d’un « méchant » et d’un « gentil », l’un qui voulait le « tuer » et l’autre qui avait répondu : « non, pas encore ».

À l’audience, sa tante a expliqué avec une grande douceur que l’enfant « n’a pas donné de précisions sur la deuxième personne, si elle était sur un écran ou si c’était une personne physique ».

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