Attaques du Hamas contre Israël : le point sur la situation, 48 heures après les attaques du Hamas

INTERNATIONAL - Des combats qui se poursuivent en ce tout début de semaine. Bouleversé par l’attaque la plus meurtrière sur son territoire depuis sa création, Israël a officiellement déclaré la guerre au Hamas, ce dimanche 8 octobre au soir, après l’offensive inédite lancée la veille par le mouvement islamiste palestinien depuis Gaza, dont le bilan s’élève désormais à plus de 1 100 morts au total.

Cherchant à reprendre la main après cette attaque de grande ampleur - terre, air, mer - en plein Shabbat, les forces israéliennes continuent, ce lundi 9 octobre au matin, de traquer les membres du Hamas dans le sud d’Israël et poursuivent leurs frappes aériennes contre des cibles à Gaza, où de nouveaux bâtiments ont été détruits.

Dans la nuit de dimanche à lundi, « des avions de combats, des hélicoptères, des aéronefs et l’artillerie ont frappé plus de 500 cibles » dans la bande de Gaza, a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué. Des combats sont en outre en cours dans « 7 ou 8 » endroits autour de Gaza, a précisé Tsahal ce lundi matin. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a mis en garde contre une guerre « longue ».

Combien de morts et de disparus ?

Cette attaque a fait plus de 1 100 morts au total en moins de 48 heures, selon les derniers bilans officiels. Plus de 700 Israéliens ont été tués depuis le début de l’attaque, dont 73 militaires, et 2 150 ont été blessés, a annoncé l’armée israélienne lundi matin.

Des journalistes de l’AFP ont vu des corps criblés de balles de civils allongés dans les rues à au moins trois endroits : à Sdérot, dans le sud d’Israël, le kibboutz voisin de Gevim et la plage de Zikim, au nord de la bande de Gaza. La rave party organisée dans le désert de Neguev a pour sa part viré au drame avec au moins 250 fêtards tués.

Dans la bande de Gaza, 560 Palestiniens ont été tués et 2 300 autres blessés, selon le ministère palestinien.

Par ailleurs, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU a indiqué que « les hostilités ont causé des déplacements internes » de population, évoquant « plus de 17 500 familles représentant 123 538 personnes ».

Des ressortissants étrangers kidnappés et parmi les victimes

Neuf américains, dix Népalais, une Française, douze Thaïlandais, un étudiant cambodgien ou encore deux Ukrainiennes font partie des victimes de ces attaques. « Nous pouvons confirmer la mort de plusieurs citoyens américains », a également déclaré le porte-parole du Conseil de la sécurité nationale américaine. « Nous présentons nos plus sincères condoléances aux victimes et aux familles de tous ceux qui sont affectés », a-t-il ajouté.

Le Hamas a en outre pris en otage des civils. « Plus de 100 prisonniers » sont entre ses mains, selon le gouvernement israélien, parmi lesquels des ressortissants allemands et américains. Le Paraguay a fait état de deux ressortissants disparus. La famille d’un jeune français qui participait à la rave party affirme également ne pas avoir de nouvelle.

Déroulement de l’offensive

L’offensive du Hamas a été lancée samedi à l’aube en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, 50 ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973. Le mouvement palestinien a tiré des milliers de roquettes sur Israël pendant que ses combattants utilisaient des explosifs et des bulldozers pour franchir la barrière qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien, attaquant des positions militaires et des civils en pleine rue.

À bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés, les combattants se sont infiltrés dans des zones urbaines d’Israël comme Ashkelon, Sderot et Ofakim, situé à environ 22 kilomètres de la frontière avec l’enclave côtière. Le Hamas s’est emparé d’équipements militaires israéliens. Ses combattants ont envahi notamment un poste de police à Sdérot où ils ont échangé des tirs avec les forces israéliennes.

L’opération « Sabre de fer », la réponse d’Israël

L’armée israélienne, qui a compté plus de 3 000 tirs de roquettes palestiniens, a riposté par des frappes aériennes et déclenché l’opération « Sabre de fer », détruisant des bâtiments présentés comme des « centres de commandement » du Hamas à Gaza.

Benjamin Netanyahu a promis de réduire en « ruines » les caches du Hamas à Gaza, une enclave pauvre peuplée de 2,3 millions d’habitants. L’armée a annoncé avoir déployé plusieurs dizaines de milliers de soldats pour combattre les activistes du Hamas infiltrés dans les régions désertiques du sud d’Israël.

Avant les 500 cibles frappées dans la seule nuit de dimanche à lundi dans la bande de Gaza, le porte-parole de l’armée Richard Hecht avait mentionné dimanche des frappes à l’encontre de 426 cibles, dont des tunnels et d’autres infrastructures dans l’enclave.

L’armée israélienne, qui a été prise au dépourvu selon des analystes, a annoncé son intention d’évacuer, d’ici ce lundi matin, tous les habitants du pourtour de la bande de Gaza.

Le Hamas veut « mettre fin aux crimes de l’occupation »

Les Brigades Ezzedine Al-Qassam, branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché l’opération « déluge d’Al-Aqsa » contre Israël et revendique de leur côté le tir de plus de « 5 000 roquettes » pour « mettre fin aux crimes de l’occupation ».

Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, un territoire palestinien, et la partie orientale de Jérusalem, et impose un blocus à Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. « Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire », a affirmé Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas. Le mouvement a appelé « les combattants de la résistance en Cisjordanie » ainsi que « les nations arabe et musulmane » à rejoindre son combat.

Dimanche matin, le Hezbollah libanais pro-iranien a annoncé avoir tiré des « obus d’artillerie et des missiles guidés » sur des positions israéliennes à la frontière entre le Liban et Israël, par solidarité avec le Hamas. L’armée israélienne a déclaré avoir riposté à l’aide d’un drone.

Un « soutien supplémentaire » des États-Unis

Le président américain Joe Biden a ordonné « un soutien supplémentaire » des États-Unis à Israël, tandis que de l’aide militaire est « en route », a annoncé la Maison Blanche. Washington a également commencé à livrer des munitions supplémentaires à Israël.

Le premier paquet d’aide militaire « va commencer à partir aujourd’hui et arrivera dans les prochains jours », a déclaré le ministre américain de la Défense Lloyd Austin dans un communiqué.

Il a ajouté avoir ordonné au groupe aéronaval du porte-avions USS Gerald Ford, le plus gros navire de guerre du monde, de faire route vers la Méditerranée orientale. Le groupe aéronaval se trouvait début octobre en mer Ionienne, au sud de l’Adriatique, selon la marine américaine. L’Armée de l’air américaine a aussi renforcé le déploiement de ses avions de combat dans la région, a précisé Lloyd Austin.

Les réactions dans le monde

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné « dans les termes les plus fermes » l’offensive du Hamas et appelé la communauté internationale à des « efforts diplomatiques pour éviter un élargissement de la conflagration ».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a condamné des attaques relevant du « terrorisme dans sa forme la plus méprisable » et estimé qu’Israël avait « le droit de se défendre ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté dimanche Israël et le Hamas à « soutenir la paix » et à épargner les civils. L’Iran « soutient la légitime défense de la nation palestinienne », a déclaré son président Ebrahim Raïssi, en ajoutant qu’Israël devait « être tenu pour responsable » de la situation.

L’Arabie saoudite a appelé à « l’arrêt immédiat de l’escalade entre les deux parties, à la protection des civils et à la retenue ».

Le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est dit « profondément inquiet » des difficultés d’accès aux produits alimentaires de base dans les zones impactées, réclamant « un accès humanitaire sécurisé » pour distribuer de la nourriture aux personnes déplacées ou se trouvant dans des refuges.

Pas de déclaration commune à l’issue de la réunion d’urgence aux Nations unies

Plusieurs membres du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) ont condamné dimanche soir l’offensive surprise du Hamas sur Israël, mais les États-Unis ont regretté l’absence d’unanimité lors de cette réunion d’urgence à huis clos.

Juste avant la session, Washington avait appelé les quinze membres du Conseil à condamner fermement « les actes terroristes odieux » du Hamas « contre le peuple israélien et son gouvernement ».

« Une bonne partie des pays ont condamné les attaques du Hamas. Mais évidemment, pas tous », a regretté l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood devant la presse à l’issue de la réunion. « Vous pouvez certainement identifier l’un d’entre eux sans que je dise quoi que ce soit », a-t-il ajouté, dans une allusion claire à la Russie dont les relations avec l’Occident se sont largement détériorées depuis l’invasion russe de l’Ukraine.

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