Attaque à Arras: fiche S, projet d'attentat... La famille Mogouchkov bien connue du renseignement

Si l'assaillant était suivi par les services de renseignement et fiché S depuis le 2 octobre, son grand frère lui a été condamné pour association de malfaiteurs terroristes.

Attaque à Arras: fiche S, projet d'attentat... La famille Mogouchkov bien connue du renseignement

Quelques heures après l'attaque au couteau qui a fait un mort et plusieurs blessés, ce vendredi matin, au lycée Gambetta d'Arras (Pas-de-Calais), le parcours de l'assaillant commence à se dessiner. Mais le jeune homme, qui a été interpellé par les forces de l'ordre, n'était pas le seul de sa famille à être connu des services de renseignement.

Le suspect, qui a crié "Allahou Akbar" avant de tuer un enseignant, est un jeune homme de 20 ans né en Russie et originaire d'Ingouchie. C'est un ancien élève de l'établissement scolaire. Suivi par la DGSI depuis cet été, il avait d'abord été inscrit au Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) avant d'être fiché S pour radicalisation le 2 octobre dernier, selon les informations de BFMTV,

Surveillé par les services de renseignement

Arrivé en France en 2008 avec sa famille à l'âge de 6 ans, le jeune homme n'a jamais obtenu la nationalité française. Le 25 mars 2021, sa demande d'asile avait été rejetée par l'Ofpra, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides. Son recours, déposé ensuite, avait lui aussi rejeté en août 2022. Mais en raison d'une protection absolue contre l'éloignement étant arrivé en France avant l'âge de 13 ans, il ne pouvait être expulsé du territoire français.

Il était suivi depuis une dizaine de jours par les services de renseignement, par le biais d'écoutes téléphoniques et de surveillances physiques. Pour autant, aucun élément ne laissait présager d'un passage à l'acte, selon nos informations.

Jeudi, le jeune homme avait été contrôlé, avant d'être relâché, aucune infraction ne pouvant lui être reproché. Selon les premiers éléments de l'enquête, son profil s'apparente donc à celui d'un radicalisé qui a subitement décidé de passer à l'acte. Son petit frère, plus jeune, a également été interpellé ce vendredi matin à proximité d'un autre lycée d'Arras.

Le grand frère déjà condamné

Son grand frère est lui aussi bien connu des services de renseignement. Il a été condamné cette année à cinq ans de prison ferme pour "association de malfaiteurs terroristes" et à 18 mois pour "apologie du terrorisme". Il est actuellement incarcéré à la prison de la Santé à Paris.

En 2019, la DGSI s'était intéressée aux agissements d'un homme susceptible de préparer un projet d'attentat. Les policiers avaient alors infiltré la cellule et avaient découvert que le projet était mené par un trio. Les trois hommes voulaient cibler les abords du palais de l'Elysée, les policiers en faction et éventuellement les civils sur l'avenue des Champs-Elysées. Ils avaient été interpellés au moment où ils avaient réussi à se procurer des armes.

L'enquête avait révélé qu'ils étaient en contact, via Telegram, avec le grand frère de l'assaillant d'Arras, décrit par les services comme un "jeune radicalisé particulièrement violent sur les réseaux sociaux". Lors de son interpellation, il avait reconnu avoir eu connaissance du projet d'attentat. Il avait été également poursuivi pour ses activités de propagande et ses velléités de départ en terre de jihad.

Et ce n'est pas tout. Lors de l'instruction, les policiers avaient découvert l'existence d'un incident au sein du lycée Gambetta d'Arras, début décembre 2016. A l'occasion d'un cours consacré à la liberté d'expression et spécifiquement aux attentats de Charlie-Hebdo, il avait déclaré "que l'attentat avait eu lieu car ils avaient insulté les musulmans. Ils ont insulté l'Islam en représentant le prophète et les chiites ne sont pas des musulmans". Sur les réseaux sociaux, il avait proposé à une interlocutrice "des cours d'égorgement en théorie et en pratique".

Un avis d'expulsion en 2014

Quelques années plus tôt, en 2013, la famille avait déposé une première demande d'asile qui avait été rejetée. L'année suivante, en 2014, la famille, qui résidait à Rennes (Ille-et-Vilaine) à cette époque, avait fait l'objet d'une tentative d'expulsion vers la Russie. Mais face à la mobilisation de plusieurs associations, l'expulsion avait été annulée.

Ce vendredi, une enquête a été ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat) pour des chefs d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, de tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et d'association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes.

Les investigations ont été confiées à la sous-direction antiterroriste de la direction nationale de la police judiciaire (SDAT), service coordonnateur, à la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Article original publié sur BFMTV.com

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