Attal vu de l’Antiquité

William Pitt junior et Napoléon croqués par James Gillray pour ce « Plumb-pudding in danger » (1805). - Credit:Bridgeman Images
William Pitt junior et Napoléon croqués par James Gillray pour ce « Plumb-pudding in danger » (1805). - Credit:Bridgeman Images

Pas si jeune, Attal ! William Pitt junior avait 24 ans quand il fut nommé en 1783 Premier ministre de Grande-Bretagne.« Un royaume confié aux soins d'un écolier », ironisait une comptine de l'époque. Pitt restera pourtant en poste dix-sept ans d'affilée, écopant en France, où on le détestait, du titre d'« ennemi du genre humain ». Pas si jeune, Attal, et pas si nouveau : l'Antiquité a connu au sommet du pouvoir un dénommé Attale, général d'Alexandre le Grand, un Attale philosophe (maître de Sénèque, tout de même) et hélas un Priscus Attale, sénateur devenu brièvement empereur mais surtout marionnette politique d'Alaric, le pilleur de Rome… Vu de l'Antiquité (où le nom que vous portez détermine votre destin), ce n'est pas de bon augure, mais le locataire de Matignon se rassurera en apprenant qu'il y eut aussi au IIe siècle avant notre ère un roi Attale : Attale Ier, souverain de Pergame, surnommé Sôter (« le sauveur »), et fondateur de la dynastie des Attalides. Dans Nicomède, de Corneille (toujours très inspiré par l'Antiquité), Attale est le demi-frère du héros éponyme de la tragédie, et son rival pour le trône de Bithynie, dans une cour qui ne fait de politique qu'à coups de tractations et de pots-de-vin. On y entend Attale, très sage, se demander : « Veux-tu le nom de roi pour avoir tant de maîtres ? » À méditer.