Avec « Asteroid City », Wes Anderson mélange science-fiction et émotion, le tout avec son style si particulier

Jason Schwartzman joue Augie Steenbeck, un père de famille veuf et peu apprécié de son beau-père, campé par Tom Hanks.
Jason Schwartzman joue Augie Steenbeck, un père de famille veuf et peu apprécié de son beau-père, campé par Tom Hanks.

CINÉMA - Il était attendu dans les salles obscures comme un ovni dans la zone 51. Le Asteroid City de Wes Anderson sort ce mercredi 21 juin au cinéma, après avoir été présenté en compétition officielle du Festival de Cannes où le HuffPost avait pu le voir. Après le palace du Grand Budapest Hotel et la France dans The French Dispatch, le réalisateur nous emmène dans la nature américaine.

Asteroid City est une bourgade au beau milieu du désert « de Californie/Nevada/Arizona » (l’État n’a pas d’importance pour le metteur en scène, c’est le paysage qui compte). Le décor est rapidement planté tant la ville est minuscule : un diner américain, un motel de bungalows, une pompe à essence et une station d’observation spatiale.

Un casting cinq étoiles se retrouve sur ces terres arides : Scarlett Johansson, Tom Hanks, Adrien Brody et Steve Carell pour ne citer qu’eux. Les histoires de chacun vont s’entremêler avec celles des autres, et en plus de sa mosaïque habituelle, Wes Anderson s’essaie à la science-fiction.

Mais comme souvent avec ses films, ce n’est pas tant l’histoire qui compte mais la façon dont il la raconte. Ou plutôt l’histoire dans l’histoire, puisque le récit principal (en couleurs) dans la ville d’Asteroid City est en réalité l’illustration d’une pièce de théâtre (en noir et blanc), dont les coulisses parsèment le film en trois actes.

Du grand Wes Anderson

La municipalité organise une convention scientifique, où des adolescents extrêmement intelligents pour leur âge viennent présenter leurs dernières inventions, sous la supervision du général. Wes Anderson dépeint les années 50 en pleine Guerre Froide avec une palette de couleurs pastel, sur fond d’essais nucléaires au beau milieu du désert.

e film prend rapidement une tournure de science-fiction, avec la visite d’un alien aussi irréaliste que comique. Tous les visiteurs se retrouvent alors confinés à Asteroid City le temps d’élucider ce mystère.

Fidèle au style reconnaissable du réalisateur, chaque scène est millimétrée et n’importe quelle seconde du film pourrait devenir une photo d’art. C’est beau, c’est symétrique, c’est esthétique : du grand Wes Anderson.

On en a pris plein les yeux, mais on a aussi beaucoup ri comme toute la salle, grâce à l’humour absurde du réalisateur. Mais derrière les couleurs pastel et la légèreté, Asteroid City se révèle d’une grande sensibilité, comme ses personnages qui se questionnent sur le but de leur existence.

Le deuil

On s’attache surtout à la famille d’Augie Steenbeck, joué par Jason Schwartzman. Ce photographe de guerre vient de perdre sa femme et a attendu trois semaines pour l’annoncer à ses enfants. Il est venu accompagner son adolescent, Woodrow, à la convention scientifique, et attend que son beau-père vienne récupérer ses trois petites filles.

Tom Hanks est touchant en grand-père pas commode, mais avec un bon fond. Et si le décès de la mère (brève apparition de Margot Robbie dans la pièce de théâtre) est au départ abordé comme une blague, le film finit par parler de deuil avec douceur.

On s’attendrit aussi devant la relation qu’Augie va nouer avec Midge Campbell (Scarlett Johanson), une actrice de cinéma qui sait jouer les émotions mais ne sait pas exprimer les siennes. Leur bungalow à quelques mètres d’écart, ils font peu à peu tomber leurs barrières en se parlant face à face par la fenêtre. Un peu comme le spectateur devant son écran de cinéma.

À voir également sur Le HuffPost :

Pour « Carmen » de Benjamin Millepied, Paul Mescal a appris à danser (mais pas seulement)

« The Idol » : The Weeknd défend cette scène de sexe avec Lily-Rose Depp