Assaut du Capitole : Steve Bannon, proche de Trump, reconnu coupable d'entrave à l'enquête

La commission d’enquête parlementaire avait demandé à Steve Bannon de témoigner et de produire des documents, ce qu’il avait refusé.

ÉTATS-UNIS - Steve Bannon, ex-proche conseiller de Donald Trump, a été reconnu ce vendredi 22 juillet coupable d’entrave aux prérogatives d’enquête du Congrès par le jury d’un tribunal fédéral, après avoir refusé de coopérer avec la commission sur l’assaut du Capitole.

Conseiller discret mais très influent de l’ancien président républicain, il avait continué d’échanger avec lui jusqu’aux jours précédant l’assaut du 6 janvier 2021. La commission d’enquête parlementaire lui avait demandé de témoigner et de produire des documents, ce qu’il avait refusé.

Le jury d’un tribunal fédéral de Washington a délibéré pendant moins de trois heures vendredi pour conclure à la culpabilité de l’homme de 68 ans, figure du populisme de droite aux Etats-Unis et directeur de la campagne à succès de Donald Trump en 2016, sur les deux chefs d’inculpation qui pesaient contre lui. Sa peine sera déterminée plus tard.

Il encourt entre un mois et un an de prison pour chaque chef d’accusation et peut être condamné à une amende allant jusqu’à 100.000 dollars. Cette décision est une petite bombe dans la sphère Trump, d’autres personnalités fortes, jusqu’à Trump lui-même, pourrait tomber.

Steve Bannon “au-dessus des lois”, critique la procureure

Même après avoir été écarté de la Maison Blanche en août 2017, Steve Bannon était resté proche de Donald Trump et avait échangé avec lui le jour précédant l’attaque du 6 janvier 2021 contre le siège du Congrès. La commission d’enquête parlementaire sur l’assaut contre le Capitole avait voulu connaître la nature des échanges entre Steve Bannon et Donald Trump dans les jours précédant le 6 janvier.

Les parlementaires avaient assigné Steve Bannon à témoigner et à produire des documents. Il avait refusé, invoquant le droit des présidents à garder certaines conversations secrètes, ce qui lui avait valu d’être inculpé d’“entrave aux prérogatives d’enquête du Congrès”.

À l’ouverture des débats mardi, la procureure Amanda Vaughn avait accusé Steve Bannon de se croire “au-dessus de la loi”. L’avocat de Steve Bannon avait dénoncé des poursuites politiques. M. Bannon a “ignoré les ordres d’obtempérer, même après que le Congrès a rejeté ses prétextes, et a balayé de nombreux avertissements selon lesquels il ferait face à des poursuites s’il ne se pliait pas à l’assignation à comparaître comme il était tenu de le faire”, avait ajouté Amanda Vaughn.

Revirement de dernière minute

La défense n’a pas produit de témoins au procès, débuté lundi par la sélection des jurés, et Steve Bannon n’a pas pris la parole lui-même pour se défendre. Son avocat, Evan Corcoran, a cependant dénoncé des poursuites politiques, assurant que “personne n’a(vait) ignoré l’assignation à comparaître” et que des négociations avaient même eu lieu avec la commission concernant sa date de déposition.

À l’approche de son procès, Steve Bannon, avait accepté de coopérer avec les parlementaires. Les procureurs avaient dénoncé “un revirement de dernière minute afin d’éviter” une condamnation et le juge en charge du dossier avait souhaité maintenir le procès.

Contempteur virulent de l’establishment politique, Steve Bannon est étroitement associé aux idées de la droite extrême, dont il a assuré la promotion directement auprès de Donald Trump, quand le magnat des affaires est entré à la Maison Blanche en 2017.

Il dirigeait auparavant le site d’information controversé Breitbart, plaque tournante de la “droite alternative”, mouvement associé à certaines thèses conspirationnistes et comptant nombre de militants convaincus de la supériorité de la race blanche.

Trump aussi dans la tourmente

L’ancien président américain n’est pas non plus à l’abris des poursuites. Donald Trump a “failli à son devoir” lors de l’assaut contre le Capitole et doit être tenu légalement responsable, ont déclaré jeudi, lors d’une audition en prime time, les élus qui enquêtent depuis un an sur l’attaque du 6 janvier 2021.

Donald Trump a ouvert les vannes “au désordre et à la corruption”, a déclaré Bennie Thompson, qui préside la commission de la Chambre des représentants en charge de ces investigations. Tous les responsables, y compris à la Maison Blanche, devront “répondre de leurs actes devant la justice”, a ajouté l’élu démocrate.

“Il faudra des conséquences sévères, sinon je crains que notre démocratie ne s’en relève pas”, a-t-il estimé. Il est notamment reproché au milliardiaire d’avoir suivi, pendant trois heures, le déferlement de violences de ses partisans sans réagir, en “violation de son devoir de commandant en chef”.

VIDÉO - Steve Bannon jugé pour son refus de coopérer à l'enquête sur l'attaque du Capitole

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