Assaut du Capitole : Steve Bannon jugé pour son refus de témoigner devant le Congrès

Ancien directeur de campagne de Donald Trump en 2016 et éminence grise du locataire de la Maison-Blanche lors des premiers mois de son mandat, Steve Bannon a comparu lundi 18 juillet devant un tribunal fédéral à Washington. Il y sera jugé pour “entrave aux prérogatives d’enquête du Congrès”, après avoir refusé de témoigner devant la commission parlementaire sur l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Il plaide non coupable. Le procès, qui doit durer environ une semaine, a commencé par la composition du jury.

Cette simple procédure a déjà donné lieu à une passe d’armes entre les avocats de M. Bannon et la Cour, explique le correspondant du Guardian à Washington, Hugo Lowell. Les premiers ont en effet “cherché à retarder le procès sous prétexte que les jurés pourraient être influencés par les audiences de la commission d’enquête”, qui se tiennent en ce moment même, à quelques encablures du tribunal, précisément dans l’enceinte du Capitole attaqué le 6 janvier. Le juge Carl Nichols, pourtant nommé par Trump, a estimé que “la simple connaissance de ces audiences n’était pas un motif suffisant pour être exclu” du jury, ni pour retarder le procès.

Échapper à la justice et s’offrir une tribune

En octobre 2021, la commission avait délivré à M. Bannon une assignation à témoigner et à livrer des documents, notamment sur ses activités à l’hôtel Willard la nuit avant l’émeute. Il avait été établi, affirme le Washington Post, que celui qui anime aujourd’hui un podcast d’extrême-droite, The War Room, avait parlé avec Donald Trump par téléphone, le matin et le soir du 5 janvier, après avoir prédit dans son émission que “l’enfer allait se déchaîner”. Il avait donc, selon la commission, “une certaine prescience des événements extrêmes qui allaient se produire le lendemain”.

Pour justifier son refus de comparaître devant la commission, l’ancien conseiller avait revendiqué le “privilège de l’exécutif”, que lui aurait prétendument conféré son ancien employeur. Un argument balayé autant par les parlementaires que par le juge Nichols, puisque en janvier 2021, M. Bannon “avait quitté la Maison-Blanche en 2017 et n’était plus qu’un simple citoyen à l’époque”, insiste le quotidien. Tout à sa volonté d’échapper à la justice, et surtout de s’offrir une tribune politique, Steve Bannon “a également proposé, un peu plus d’une semaine avant l’ouverture du procès, de témoigner devant la commission. Sans toutefois lui fournir les documents demandés”, précise Ryan Lucas, le journaliste spécialisé dans la justice de la chaîne de radio publique NPR. Fort heureusement, les procureurs fédéraux se sont opposés à la requête, bien trop tardive, la jugeant “non pertinente” quant aux accusations déjà faites.

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