Assaut du Capitole : le chef d’une milice reconnu coupable de « sédition », une première

(FILES) In this file photo taken on June 9, 2022 Stewart Rhodes, founder of the Oath Keepers, is seen on a screen during a House Select Committee hearing to Investigate the January 6th Attack on the US Capitol, in the Cannon House Office Building on Capitol Hill in Washington, DC. - Stewart Rhodes, founder of the far-right Oath Keepers militia, was found guilty of sedition on November 29, 2022 for his role in the January 6, 2021 attack on the US Capitol by supporters of former president Donald Trump. (Photo by Brendan SMIALOWSKI / AFP)

ÉTATS-UNIS - Le fondateur des Oath Keepers, Stewart Rhodes, et un autre membre de cette milice d’extrême droite, sont devenus ce mardi 29 novembre les premiers participants à l’assaut du Capitole à être reconnus coupables de « sédition ».

Après deux mois d’un procès très suivi, les douze jurés ont en revanche écarté ce chef d’inculpation extrêmement rare, passible de 20 ans de prison, pour trois autres membres de ce groupe radical.

Ils ont tous été condamnés pour obstruction à une procédure officielle et seront fixés sur leur peine au printemps 2023.

Ce verdict nuancé, prononcé après trois jours de délibérations, représente une victoire pour les procureurs qui enquêtent depuis bientôt deux ans sur l’attaque du 6 janvier 2021.

Ce jour-là, une foule de partisans du président républicain Donald Trump avaient semé le chaos et la violence dans le siège du Congrès, au moment où les élus certifiaient la victoire de son rival démocrate Joe Biden à la présidentielle.

Depuis ce coup de force, près de 900 personnes ont été arrêtées et une centaine ont écopé de peines de prison, notamment les auteurs de violences contre les policiers. Mais, jusqu’ici, personne n’avait été reconnu coupable de « sédition ».

Un chef d’inculpation très peu utilisé

Ce chef d’inculpation, qui émane d’une loi adoptée après la guerre de Sécession pour réprimer les derniers rebelles sudistes, implique d’avoir planifié l’usage de la force pour s’opposer au gouvernement. Il se distingue de l’insurrection, au caractère plus spontané.

Difficile à prouver, il a été très peu utilisé : la dernière condamnation pour sédition a été prononcée en 1998 contre des militants islamistes responsables d’un attentat à la bombe contre le World Trade Center à New York cinq ans plus tôt.

« Ces condamnations sont une victoire pour l’État de droit et appuient le fait que les violences du 6 janvier ont inclus une tentative délibérée de renverser les résultats de l’élection de 2020 », ont réagi dans un communiqué les élus démocrate Bennie Thompson et républicain Liz Cheney, à la tête de la commission de la Chambre des représentants, chargée de faire la lumière sur le rôle de Donald Trump dans l’attaque du Capitole.

Pendant le procès, les procureurs ont montré que Stewart Rhodes avait commencé à rallier ses troupes dès novembre 2020. « On ne va pas s’en sortir sans guerre civile », leur écrivait-il deux jours après la présidentielle sur une messagerie cryptée.

Dans les semaines suivantes, il a, selon eux, dépensé des milliers de dollars pour acheter des appareils de vision nocturne, des armes et des munitions, et a stocké cet arsenal dans un hôtel de la banlieue de Washington.

Le 6 janvier, casqués et vêtus de tenue de combat, plusieurs membres des Oath Keepers avaient marché sur le Capitole. Certains avaient formé une colonne pour s’y introduire et avaient fait demi-tour après avoir reçu du gaz irritant. D’autres avaient pénétré dans son enceinte en formation militaire.

Cache-œil noir

Stewart Rhodes était lui resté à l’extérieur, mais selon les procureurs, il avait dirigé ses troupes avec une radio « comme un général sur le champ de bataille ».

À la barre des témoins, ce tribun, reconnaissable à son cache-œil noir, a nié « avoir planifié » cette attaque et a soutenu que la « mission » des Oath Keepers était d’assurer la sécurité de la manifestation convoquée par Donald Trump pour dénoncer de prétendues « fraudes électorales ».

Soutenant avoir été mis devant le fait accompli, il a estimé « stupide » que Kelly Meggs, qui dirige la section de Floride des Oath Keepers et a lui aussi été reconnu coupable de sédition, soit entré dans le Capitole.

« Cela a ouvert la porte à notre persécution politique, et voyez où nous en sommes », a notamment déclaré Stewart Rhodes.

Ancien diplômé en droit de l’université Yale, ce quinquagénaire au parcours sinueux a fondé les Oath Keepers en 2009, en recrutant d’anciens soldats ou policiers, initialement pour lutter contre l’État fédéral jugé « oppressif ».

Comme d’autres groupes radicaux, cette milice a été séduite par le discours anti-élites de Donald Trump et a totalement adhéré aux allégations de fraudes électorales brandies - contre toute évidence - par le républicain.

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