Arthur Chevallier – Regarde la France tomber

Sandrine Rousseau.  - Credit:TOMASELLI Antoine / MAXPPP / PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP
Sandrine Rousseau. - Credit:TOMASELLI Antoine / MAXPPP / PHOTOPQR/LA PROVENCE/MAXPPP

À François Guizot, Talleyrand aurait confié : « Qui n'a pas connu les années voisines de 1789 ne sait pas ce qu'est le plaisir de vivre. » Devrions-nous reprendre le thème ainsi ? : « Qui n'a pas connu les années Pompidou ne connaît pas le bonheur. » Nourrir des regrets était une habitude de la vieillesse ; et on les comprend. Désormais, les jeunes se mettent aussi à regretter. Il n'est plus nécessaire d'avoir vécu au moins soixante-dix ans pour déplorer la disparition d'un monde meilleur. Il y a dix ans, c'était déjà mieux ; le naufrage se poursuit à vitesse grandissante. La route sur laquelle nous marchons s'effondre sous nos pas. C'est pourquoi nous n'aurons même pas le privilège de dire que « c'était mieux avant », mais serons au regret d'admettre que « c'était mieux hier ».

On s'étonne de la docilité de Français désormais habitués à vivre au rythme des dégradations. Il n'est pas nécessaire d'avoir vécu cent ans pour se souvenir d'une époque où prendre un rendez-vous pour un nouveau passeport prenait cinq minutes, et non trois semaines ; il n'est pas non plus nécessaire d'être retraité pour avoir connu le temps béni où on n'attendait pas le bus vingt minutes, mais cinq ; il n'est pas nécessaire enfin d'avoir vécu sous la présidence du général de Gaulle pour se remémorer la facilité et la rapidité avec lesquelles on pouvait consulter un médecin, sans même parler de l'état des hôpitaux. Est-ce utile de préciser que l'effondrement des services publics et p [...] Lire la suite