Arthur Chevallier – Le mythe du couple franco-allemand

Emmanuel Macron et Olaf Scholz le 20 octobre 2022.  - Credit:LUDOVIC MARIN / AFP
Emmanuel Macron et Olaf Scholz le 20 octobre 2022. - Credit:LUDOVIC MARIN / AFP

L'erreur de l'Union européenne est de croire à ses propres mythes. Voilà la cause de la panique consécutive aux différends entre Paris et Berlin. Il n'y a ni insulte, ni menace, ni guerre entre la France et l'Allemagne, mais un désaccord stratégique. La dissension ou le conflit sont inhérents à n'importe quelle forme d'union. Amicale, amoureuse, et donc politique. La dispute ne justifie pas la rupture. L'Union européenne croit à ses vertus, mais refuse d'admettre que son projet comporte aussi des vices de construction. La concorde et l'unanimité sont par définition contre-nature. Et c'est une erreur de croire cette institution capable d'éviter les conflits de toute nature.

L'histoire des pays de l'ouest du continent ne repose pas sur la paix, ni d'ailleurs sur la guerre, mais sur un entre-deux, une tension fluctuante, un accord jamais définitif, une entente qu'il faut, chaque jour, réévaluer à l'aune des intérêts des uns et des autres. L'Allemagne et la France ont, à partir des années 1950, rêvé à une communion perpétuelle. Pour réaliser cette ambition, il fallait construire une union des pays d'Europe capable de renforcer la puissance économique de ses membres tout en compensant la superpuissance du bloc de l'Est, et des Américains. L'idée était à l'évidence pertinente. Elle ne tient plus dès lors qu'elle ne prévoit, dans son fonctionnement, pas de mécanismes pour résoudre les désaccords. Un écosystème intellectuel et culturel a fait de l'utopie l'unique p [...] Lire la suite