Sur Arte, les ombres de Milan Kundera

Kundera en 1984 dans l'émission Apostrophes.   - Credit:ARTE / © Illégitime Défense
Kundera en 1984 dans l'émission Apostrophes. - Credit:ARTE / © Illégitime Défense

En Tchéquie, le cas Kundera divise. Depuis l'affaire, en 2008, où une archive a exhumé une déclaration datée de 1950 du jeune Milan, alors responsable de la maison des étudiants, pour signaler au parti la présence d'un étrange individu. Arrêté le soir même, celui-ci fut condamné à treize années de camp sur la foi de ce document retrouvé par le petit-fils de la fille à qui cet « agent secret » avait remis jadis sa valise dans la maison des étudiants.

Il y a ceux qui défendent Kundera avec ce motif : arrêtez de vous en prendre à un vieil homme âgé aujourd'hui de 93 ans, un tel harcèlement ne réglera pas le problème. Et puis, il y a ceux qui ne comprennent pas pourquoi l'écrivain ne s'explique pas, pourquoi il s'enferme dans cet insoutenable silence. Il n'en était sorti en 2008 que pour nier avoir jamais fait un tel signalement. Soutien ou convocation, donc.

Dans son documentaire sur Kundera, le premier qu'on puisse voir en France, la Franco-Tchèque Jarmila Buzkova prend une voie médiane. Elle rappelle les faits, tout en soulignant qu'en 1950, quand on occupait un tel poste, il était quasiment impossible d'échapper à la loi d'un régime qui imposait à tous de jouer le jeu. Il ne s'agissait pas de délation. La réalisatrice recontextualise ce que tout historien digne de ce nom se devrait de faire.

Tout aussi subtilement, elle met également en perspective cette affaire – qui est loin d'être au cœur de l'heure consacrée au romancier – avec le reste de l'œuvre, marqué [...] Lire la suite