Art pariétal : la mémoire des hommes conservée (ou balayée) par les chauves-souris

Les chiroptères jouent un rôle majeur dans les grottes, explique le géoarchéologue Laurent Bruxelles qui incite les scientifiques à revoir les interprétations qui sont faites des lieux que les humains ont ornés de peintures et de gravures depuis le Paléolithique. Altération des parois d’un côté, conservation d’archives dans le guano de l’autre, c’est un très lointain passé qu’on doit revisiter.

Nos dessinateurs préhistoriques de la grotte Chauvet ont eu de la chance il y a 37.000 ans, en tombant sur une paroi déjà "prête-à-peindre" ! C’est ainsi que le géoarchéologue Laurent Bruxelles, grand connaisseur des grottes, décrit avec humour la pierre sur laquelle les Homo sapiens ont pu réaliser la fameuse fresque des lionnes, ce chef d’œuvre de l’art pariétal. Mais qui remercier pour ce polissage du paléolithique ? Des habituées des lieux bien plus anciennes que nous. Non pas les ours, mais ces petites bêtes volantes qui ont aujourd’hui mauvaise presse post-Covid, nos amies les chauves-souris !

Voilà 50 millions d’années environ qu’elles ont fait leur apparition sur la planète et ont parfois transformé les grottes de façon spectaculaire. Au point qu’aujourd’hui, il est prévu de (re)faire un tour de maints souterrains connus, en se demandant quel rôle les chiroptères ont bien pu y jouer et comment ils les ont refaçonnés, ce qui transformerait toute notre compréhension (ou presque) des lieux. Rien de moins ! Comme l’a expliqué le scientifique (1) qui ne cesse d’arpenter le monde souterrain, en France, en Afrique, en Asie et ailleurs, il a pu arriver que certains boyaux, incroyable mais vrai, aient doublé de volume à cause des chiroptères !

Etrange "peau d’éléphant"

Pas étonnant, il a intitulé sa conférence du 11 mars 2023 aux Eyzies, au Musée national de préhistoire qui fête cette année son centenaire (lire encadré « 1923-2023 ») "Les chauves-souris : architectes des grottes et mémoire des hommes". Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, ce sont ces surfaces bien lisses, comme préparées à l’intention des dessins et gravures des humains. Le pire, du moins pour quiconque s’intéresse aux œuvres pariétales, c’est la disparition de ces mêmes dessins et gravures. Explication : les petits mammifères "contribuent à la dissolution du calcaire", précise le géomorphologue qui ausculte depuis plus d’une trentaine d’années les transformations étonnantes des karsts (2),[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr

A lire aussi