Une archive de L'Humanité de 1940 ne remet pas en cause le rôle du PCF dans la Résistance

Dans le contexte des élections législatives anticipées de 2024 en France, et d'une campagne marquée par des accusations d'antisémitisme contre La France insoumise (LFI), des internautes partagent sur les réseaux sociaux une archive de L'Humanité datée du 4 juillet 1940. Cette brève du journal qui était alors l'organe officiel du Parti communiste français (PCF) est censée selon les internautes prouver une prétendue "histoire d'amour" entre les communistes et les nazis. Dans cet article paru pendant l'Occupation, L'Humanité juge "réconfortant" de voir des "travailleurs parisiens s'entretenir avec des soldats allemands". Les internautes en déduisent que le PCF a collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais les historiens interrogés par l'AFP soulignent l'importance de resituer cet extrait dans le contexte très particulier de l'été 1940, au début de l'Occupation, et le fait que le PCF a activement participé à la Résistance.

"4 juillet 1940 : le journal 'L'Humanité' souhaite la bienvenue aux nazis", "Les cocos et les nazis, une histoire d'amour. Pas étonnant donc que l'extrême gauche actuelle soit antisémite", "2024, le PCF fait alliance avec l'immonde LFI... La collaboration chez les Cocos, ça existait déjà en 1940..." : sur Facebook (1, 2, 3), en juin 2024, à l'approche des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, plusieurs internautes ont relayé une même archive du journal L'Humanité, censée prouver la prétendue collaboration du Parti communiste français (PCF) avec l'occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale.

<span>Captures d'écran réalisées sur Facebook le 4 juillet 2024. </span>
Captures d'écran réalisées sur Facebook le 4 juillet 2024.

Dans le détail, cette brève intitulée "Travailleurs français et soldats allemands" relatait : "Il est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheur, de voir de nombreux travailleurs parisiens s'entretenir amicalement avec des soldats allemands, soit sur la rue, soit au bistro du coin. Bravo, camarade, continuez, même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants. La fraternité des peuples ne sera pas toujours une espérance, elle deviendra une réalité vivante."

Sur la seule foi de ce texte publié par L'Humanité à l'été 1940 - lorsque le quotidien était encore l'organe officiel du Parti communiste français -, plusieurs internautes soutiennent que ce dernier a collaboré avec les nazis, voire qu'il prônait l'antisémitisme.

Ils établissent ainsi un lien avec la campagne des législatives 2024, au cours de laquelle La France insoumise (LFI), membre de l'alliance Nouveau front populaire (NFP), a fait l'objet de plusieurs accusations d'antisémitisme.

Si ce visuel de L'Humanité a ressurgi sur Facebook à la faveur de l'actualité politique française, il circule depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux : on en trouve notamment une occurrence dans une publication Facebook datant de juillet 2022, et dans un message partagé sur Twitter (renommé X depuis) le même mois.

Cette brève a bien été publiée par L'Humanité le 4 juillet 1940, comme on peut le vérifier dans ce numéro consultable (lien archivé) sur Retronews, le site d'archives de presse de la Bibliothèque nationale de France.

<span>Capture d'écran réalisée sur le site de Retronews le 4 juillet 2024. </span>
Capture d'écran réalisée sur le site de Retronews le 4 juillet 2024.

Il est cependant faux de déduire de cet entrefilet que le PCF a collaboré avec l'occupant allemand, pointent plusieurs spécialistes de cette période de l'Histoire à l'AFP. 

"Le Parti communiste n'a pas collaboré, c'est une calomnie de dire ça", a notamment indiqué à l'AFP, le 3 juillet 2024, Romain Ducoulombier (lien archivé), agrégé et docteur en histoire, auteur du "Que sais-je ?" Histoire du communisme (éd. PUF), tout en soulignant qu'à l'été 1940, le PCF se trouvait dans une "zone grise, qui ne correspond ni à une collaboration effective [avec l'occupant], ni à une résistance, qui [à cet] instant n'est pas de mise".

Joint par l'AFP le 2 juillet 2024, Claude Pennetier (lien archivé), co-auteur, avec Jean-Pierre Besse, de l'ouvrage Juin 40, la négociation secrète : les communistes français et les autorités allemandes (éd. de l'Atelier), déplore une approche "malhabile" du PCF à l'été 1940.

Pour autant, citer cette brève de L'Humanité comme preuve d'un supposé "ralliement [du PCF] au nazisme et à l'antisémitisme" n'en reste pas moins inapproprié : "Le Parti communiste est celui qui, par les fusillades, les condamnations, etc., a payé un impôt du sang très important [pendant la Seconde Guerre mondiale]. Il a participé, par sa structuration, par sa capacité à mener une lutte clandestine, par sa détermination et le courage de ses militants, à être un élément fondamental de la Résistance."

A l'été 1940, L'Humanité en pleine tentative de reparution légale

Pour Louis Poulhès (lien archivé), agrégé et docteur en histoire, auteur du livre L’Etat contre les communistes – 1938-1944 (éd. Atlande, 2021), contacté le 3 juillet 2024 par l’AFP, met en avant la nécessité de se "remettre dans la situation de l'époque" pour comprendre le contexte très particulier dans lequel est paru ce texte, quelques semaines seulement après la capitulation de l'armée française, le 14 juin, et la signature de l'armistice avec l'Allemagne, le 22 juin (lien archivé), qui marque le début de l'Occupation.

"On n'a pas arrêté, dans les années 1930 et en particulier pendant l'été 1939, de dire que l'armée française était la meilleure du monde. Et puis tout d'un coup, en [l'espace de] six semaines, il n'y a plus d'armée française et il y une défaite comme on n’en a jamais connue en France. Ce contexte est vraiment incroyable : les partis politiques ont disparu. Le pays est occupé, coupé en deux morceaux principaux. Le Parti communiste français survit comme il peut, et plutôt mal que bien, surtout début juillet 1940", rappelle l'historien.

Lorsque l'Occupation commence, le PCF et L'Humanité se trouvent déjà depuis plusieurs mois dans la clandestinité.

Le gouvernement d'Edouard Daladier avait en effet interdit la presse communiste fin août 1939, "à la suite de la non-condamnation par le Parti communiste du pacte germano-soviétique" de non-agression conclu entre l'Allemagne et l'URSS, a rappelé à l'AFP, le 2 juillet 2024,  Alexandre Courban (lien archivé), docteur en histoire, auteur de l'ouvrage L'Humanité, de Jaurès à Cachin (éd. de L'Atelier, 2014) et conseiller du 13ᵉ arrondissement de Paris, au sein du Groupe communiste et citoyen.

Fin septembre 1939, c'est au tour du PCF d'être interdit par un décret-loi du gouvernement, qui estime que les communistes découragent alors l'effort de guerre, débutée le 1er septembre avec l'invasion de la Pologne par l'armée allemande.

Comme l'explique Claude Pennetier, "sous l'impulsion de l'Internationale communiste et donc des soviétiques, au moment où les Allemands entrent en France, la politique, pour le Parti communiste, est une politique de lutte contre la guerre impérialiste. [Les communistes] essayent donc de ne pas passer dans la clandestinité."

"Ils demandent que la presse communiste puisse reparaître : cette politique dure de juin à juillet 1940, sous les consignes de la direction, c'est Jacques Duclos qui est vraiment porteur de cette politique", poursuit l'historien, tout en soulignant que "la grande majorité des militants sont encore sur la politique anti-fasciste, la lutte contre l'extrême droite en France : soit ils ne connaissent pas encore cette politique [de la direction], ou alors, quand ils la connaissent, ils la rejettent."

Portrait non daté de Jacques Duclos, numéro deux du parti communiste français après Maurice Thorez à partir de 1932.
AFP

La défaite de juin 1940, entre "opportunité" et contradictions pour le PCF

Pour Romain Ducoulombier, aussi "étrange" que cela puisse paraître, à l'été 1940, le PCF "voulait à la fois faire reparaître légalement sa presse et en même temps ne se pas compromettre avec l'occupant - ou en tout cas le moins possible" : "Les communistes voient une opportunité [dans la défaite de juin 1940], [...] qui est interprétée comme la défaite de Daladier, des capitalistes, des puissances impérialistes, des bourgeois."

L'idée de voir des civils échanger avec les soldats allemands est même une consigne reçue directement de l'Internationale communiste (Komintern), rappelle le spécialiste, en citant un passage du télégramme du 22 juin 1940 adressé par le Komintern et par Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, depuis Moscou, au PCF et reproduit dans l'ouvrage collectif Moscou-Paris-Berlin (1939-1941) : télégrammes chiffrés du Komintern (éd. Tallandier, 2003) :  "Indispensable organiser travail correspondant parmi armée [d']occupation et utiliser tout contact de population civile avec soldats allemands pour les inciter renoncer commettre actes de violence et leur faire comprendre que assujettissement peuple français est contraire [aux] véritables intérêts peuple allemand."

On retrouve d'ailleurs, dans L'Humanité du 13 juillet 1940 (lien archivé), une brève au ton très similaire à celle du 4 juillet 1940, cette fois-ci intitulée "Fraternité franco-allemande" : "Les conversations amicales entre travailleurs parisiens et soldats allemands se multiplient. Nous en sommes heureux. Apprenons à nous connaître, et quand on dit aux soldats allemands que les Députés communistes ont été jetés en prison pour avoir défendu la Paix, quand on leur dit, qu'en 1923, les Communistes se dressèrent contre l'occupation de la Ruhr, on travaille pour la fraternité franco-allemande."

Sur ce point, Romain Ducoulombier précise qu'il s'agit d'une "vieille tradition anti-militariste" du communisme, avec l'idée que "l'uniforme cache l'ouvrier, et donc qu’il peut y avoir une fraternisation à la base".

"Le Parti communiste se considère comme le vrai représentant des ouvriers, c'est une conviction idéologique, complètement décalée par rapport au contexte. [...] Et il entretient cette idée qu'on puisse aller [...] au-delà des divisions idéologiques des appareils, pour rapprocher les ouvriers, parce que les ouvriers ont des intérêts communs, quelle que soit leur appartenance nationale. [...] La classe l'emporte sur la nation, sur l'appartenance nationale", détaille l'expert.

Louis Poulhès abonde sur ce point : "Début juillet 1940, on retrouve cette idée que le parti communiste allemand était très puissant jusqu'à l'arrivée du nazisme, que parmi les soldats allemands il y a forcément des gens qui ont été ou qui sont restés communistes, et donc qu'il est intéressant [de leur] parler. C'est largement une illusion : vu de notre perspective d'aujourd'hui, en 2024, tout ça est très facile à dire, mais en juillet 1940, dans les circonstances de l'époque, qu'il y ait des cafouillis, des illusions, c'est totalement inévitable."

Un immeuble en ruines à Paris, en juin 1940, après un bombardement allemand.
AFP

Un changement de ligne en juin 1941

De fait, des divergences se font jour entre les principaux leaders du PCF de l'époque sur la stratégie à suivre, comme en atteste notamment la distribution clandestine, dès la fin juillet 1940, d'un texte communiste intitulé "Peuple de France" (lien archivé), qui défend la volonté "d'indépendance" de la France.

Ainsi que l'a pointé à l'AFP le 1er juillet 2024, Christian Delporte (lien archivé), professeur des universités en histoire contemporaine à l'Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et co-directeur du livre L'Humanité de Jaurès à nos jours (éd. Nouveau monde, 2004), les communistes "ne sont pas à l'abri d'une certaine confusion".

"A l'été 1940, au moment où ils engagent avec les Allemands des négociations, qui durent près de deux mois, pour faire reparaître légalement L'Humanité, les responsables du parti, loin d'appeler à une résistance de longue haleine, envisagent une victoire définitive de l'Allemagne et, logiquement, en tirent la même conclusion que le maréchal Pétain : constituer un gouvernement avec l'aval de l'occupant et conclure la paix avec lui. Telle est l’analyse développée dans le long rapport confidentiel de 17 pages adressé par Jacques Duclos à Moscou fin juin 1940, et également sous-jacente dans une brochure rédigée à l’automne 1940 par le dirigeant du PCF, et secrétaire de l’Internationale communiste, André Marty", détaille-t-il.

"Les semaines qui suivent la capitulation de l'armée française ouvrent une période de flottement au sein du parti communiste clandestin entre des dirigeants à Moscou (Maurice Thorez), à Bruxelles (Jacques Duclos) et à Paris (Benoît Frachon). Si Frachon est clairement sur une ligne de résistance, Duclos laisse une initiative qui vise à la 'reparution' de L'Humanité", souligne pour sa part Alexandre Courban.

Pour Romain Ducoulombier, la tentative de reparution légale de L'Humanité entreprise par le PCF illustre sa volonté de privilégier "l'intérêt du parti communiste avant tout" : "Peu importent les conséquences politiques éventuelles, l'essentiel est de faire vivre l'organisation dans les meilleures conditions possibles, grâce au journal, qui est un organisateur de masse - l'expression consacrée chez les communistes -, qu'il faut donc faire reparaître en priorité absolue."

"L'idée était qu'une fois la négociation faite, dès le lendemain, L'Humanité soit déjà vendue. L'imprimerie était prête, le matériel aussi, les articles étaient rédigés. Les négociations [pour une reparution de L'Humanité] n'ont pas abouti", détaille Claude Pennetier.

Si la stratégie d'une résistance communiste à l'occupant commence à prendre forme dès le printemps 1941, notamment sous l'impulsion de Gabriel Péri, figure influente du PCF, le "vrai changement de ligne qui fait entrer le Parti communiste dans la résistance - non seulement dans la résistance mais dans la lutte armée -, c'est l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, le 22 juin 1941", rappelle Romain Ducoulombier.

Des parisiens en train de lire les articles de L'Humanité consacrés à la bataille pour la libération de Paris, à Paris, le 21 août 1944.
AFP

Des dérapages antisémites du PCF mais également des appels à lutter contre l'antisémitisme

La parution de L'Humanité, elle, se poursuivra donc de manière clandestine pendant la Seconde Guerre mondiale, de manière "sporadique" et avec une mise en page "inégale", ainsi que le rappelle Retronews (lien archivé), jusqu'à ce que le journal commence à reparaître officiellement en août 1944, "à la suite de la libération de Paris et grâce au rôle prépondérant des communistes dans la résistance intérieure."

Ainsi que le pointe Alexandre Courban, l'évolution du discours officiel du PCF au cours du conflit se retrouve également dans les pages de L'Humanité. Son numéro du 24 août 1944 (lien archivé), en pleine libération de Paris, titre même en une : "Pour en finir avec l'envahisseur exécré : à chaque Parisien son Boche!"

Les accusations d'antisémitisme portées contre les communistes sur la foi de la brève du 4 juillet 1940 sur les discussions entre soldats allemands et citoyens français sont, elles, tout aussi infondées que les accusations de collaboration, souligne Claude Pennetier : "Mettre ça en rapport avec l'antisémitisme c'est complètement ridicule : le fait de parler à des soldats [allemands], ce n'est pas approuver l'antisémitisme des nazis, en aucun cas."

Sur ce point, Michel Dreyfus, directeur de recherche émérite au CNRS et auteur du livre L’antisémitisme à gauche : histoire d'un paradoxe, de 1830 à nos jours (éd. La Découverte, 2009), joint par l'AFP le 3 juillet 2024, précise : "Dans l'histoire du Parti communiste, lors de cet épisode mais aussi à d'autres moments, il y a eu des dérapages antisémites du Parti communiste. En particulier à la fin des années 1920 jusqu'à la veille du Front populaire contre Léon Blum."

"Des dérapages ont existé, c'est indéniable, essentiellement contre ce dirigeant socialiste ainsi que Georges Mandel [un homme politique arrêté en 1940 et assassiné par la Milice en 1944]. On trouve alors dans certains tracts et journaux communistes des allusions au 'juif Mandel’. Ce  qui évidemment, n'est pas neutre alors. [...] Mais ces dérapages ont été très limités et ne doivent pas faire oublier deux choses : l'antisémitisme forcené d’extrême droite qui existe alors, et l'engagement très fort de militants communistes contre l’antisémitisme. De plus, de nombreux communistes juifs sont tombés sous les balles nazies", souligne Michel Dreyfus, déplorant "l'ignorance" de la publication Facebook montant en épingle cette prétendue "histoire d'amour" entre les communistes et les nazis.

Comme on peut le voir sur Retronews, plusieurs numéros de L'Humanité datés de 1940 fustigeaient à l'inverse l'antisémitisme.

Le 14 août (lien archivé), le journal clandestin critiquait ainsi "le journal anti-sémite 'Au Pilori'", une formulation reprise dans son numéro du 22 août (lien archivé).

Le 10 septembre (lien archivé), L'Humanité publiait notamment, sous le titre "A bas l'antisémitisme", la brève suivante : "L’antisémitisme est une invention des réactionnaires pour empêcher les travailleurs de s’unir contre leurs ennemis de classe : les capitalistes. Tous les travailleurs sans distinction de race doivent s’unir contre les capitalistes sans distinction de religion ou de race."

"Quand on fait de l'Histoire, il faut se remettre dans le contexte de l'époque, qui comporte des éléments contradictoires. Cet épisode de demande de reparution de L’Humanité est exact mais, outre le fait qu’il ne dure que quelques semaines,  tout n’était pas homogène au sein du PC contraint à la clandestinité depuis septembre 1939. Certains militants ont engagé très tôt la lutte, ont participé très tôt à la résistance, et effectivement, il y a, dès cette époque-ci, des appels à la lutte contre l'antisémitisme. Donc tout cela peut parfaitement cohabiter, car on était dans une époque de parfaite confusion", analyse Michel Dreyfus.

La tentative de reparution légale de L'Humanité à l'été 1940 a incontestablement eu un impact considérable sur le PCF au sortir de la guerre, comme l'explique Romain Ducoulombier : "Ces négociations paraissent évidemment scandaleuses, et vont coûter très cher au Parti [communiste français]. Il va punir tous les intermédiaires qui y ont participé et mener une enquête interne après la guerre pour dénoncer cette ligne qui lui paraissait erronée, mais il ne pourra pas empêcher qu'à la Libération, et notamment à partir de 1947, cette affaire de la reparution légale de L'Humanité lui explose à la figure. Jusqu'à aujourd'hui, c'est une des faces les plus sombres de sa mémoire, ça lui a coûté très cher en termes d'images, ça a remis en cause d'une certaine façon la question de son rapport à la nation."

Des actes antisémites "en nette recrudescence" en France en 2023

Comme le détaillait l'AFP fin juin 2024, dans son rapport annuel, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), soulignait l'existence d'un antisémitisme d'extrême gauche, toutefois "sans comparaison" avec celui de l'extrême droite.

"L'année 2023 a été marquée par un nombre d'actes antisémites très élevé" et "en nette recrudescence" après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre, souligne dans le rapport Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH.

Le ministère de l'Intérieur a recensé 1.676 faits antisémites en 2023, "soit quatre fois plus qu’en 2022", et au premier trimestre 2024 la hausse a atteint 300%.

Ces violences "alimentent l'idée que l'antisémitisme, sous ses formes les plus brutales, est de retour", estiment des chercheurs cités dans le rapport, qui tentent, sur la base d'un baromètre fouillé, de dresser un état des lieux, entre "vieil et nouvel antisémitisme".

Premier constat, il y a "des stéréotypes anciens, spécifiques aux Juifs, et reflet de leur longue histoire, qui résistent voire progressent" : croyance en un pouvoir excessif, rapport supposé à l'argent, soupçon de double allégeance à Israël et à la France...

Ce "vieil antisémitisme" reste "plus marqué à droite qu'à gauche" et il "continue à battre des records à droite et plus particulièrement à l'extrême droite", ajoute le texte.

Dans le sillage de la guerre Israël/Hamas, le débat "s'est polarisé sur l'émergence d'un 'nouvel antisémitisme', attribué non plus à l'extrême droite mais à l'islamisme radical et plus largement aux musulmans", note le texte.

Le sujet s'est emballé avec la campagne pour les élections européennes, alors que LFI plaçait le soutien à la cause palestinienne au coeur de sa campagne, et s'est poursuivi avant les législatives.

Pour les chercheurs cités par la CNCDH, "il existe de l'antisémitisme à gauche, tout particulièrement à la gauche de la gauche, chez les proches des Insoumis et d’EELV notamment".