Après YouTube, Maxence dévoile l'album "Tout est trop beau": "Avant, je ne me pensais pas légitime"

Après avoir acquis une certaine notoriété sur la toile avec des vidéos humoristiques, Maxence réalise enfin ses ambitions musicales. Un projet qui sommeille en lui depuis toujours, comme il l'a expliqué à BFMTV.com.

Ils sont 1,9 millions à le connaître sur YouTube, et presqu'autant sur Instagram. En huit ans, Maxenss a acquis une belle notoriété numérique en enchaînant les pitreries. Ce vendredi, il se débarrasse de ce double "s" pour devenir définitivement Maxence, chanteur, en dévoilant un premier album intitulé Tout est trop beau (3e bureau). Un joli disque pop aux accents souvent 80's, porté par des textes romantiques et à fleur de peau.

On pourrait, en étudiant le dossier d'un peu trop loin, ranger Maxence dans le fichier toujours plus fourni des YouTubeurs qui se lancent dans la chanson: Squeezie et Michou ont ouvert le bal l'an dernier avec des projets très rap, suivi de Seb La Frite, qui sort un projet ce vendredi. Mais la musique n'est pas une conséquence du succès de Maxence sur le Web: elle est là depuis son enfance nîmoise, cachée derrière un paravent d'humour dressé par timidité.

Il a étudié la guitare, le saxophone et la batterie, a monté le groupe de metal Fysh au sortir du lycée, a tourné avec la formation VSO en 2017. Après son EP solo @+, sorti en 2019, il a dévoilé le mois dernier le premier extrait de son album, Parfum d'été, chronique d'une rencontre amoureuse estivale, habillée d'un clip un peu déjanté - à l'image de son interprète.

À quelques jours de la sortie de ce premier disque, l'artiste de 26 ans s'est posé avec BFMTV.com pour un petit déjeuner dans un hôtel de Saint-Ouen. Il est revenu sur son parcours, son succès quasi-surprise sur le Web, ses projets musicaux qu'il a si longtemps remis à plus tard, et la manière dont il a finalement fait tomber ses propres barrières pour s'assumer chanteur.

Vous vous êtes fait connaître sur YouTube avant de vous lancer dans la chanson; comment avez-vous démarré les vidéos, il y a presque dix ans?

"J'avais un petit pied dans la musique grâce à mon groupe, et YouTube c'était quelque chose que je faisais à côté, de temps en temps, quand j'avais une petite idée que je trouvais marrante. J'ai commencé à publier des vidéos par distraction, comme certains font du basket ou du foot. Et ça a pris."

Et pendant toute cette période-là, vous aviez pour projet de vous lancer sérieusement dans la musique?

"J'écrivais des textes, parce que j'en avais besoin, et je les gardais dans un coin. Je ne savais pas trop quoi en faire. À chaque fois j’abandonnais, je me disais que ça n'allait intéresser personne et que je faisais aussi bien de les garder pour moi."

Même dans vos blagues, la musique a toujours été présente: vous avez démarré sur le web en faisant des "massacres de chansons", des vidéos où vous repreniez des tubes pop en les chantant mal. Ce concept vous a permis d'obtenir un petit buzz en 2017 sur la scène d'Incroyable talent. Vous avez ensuite publié des clips musicaux humoristiques. Quand le déclic a-t-il eu lieu?

"J'ai souvent porté un masque, j’ai eu du mal à m'assumer à 100%. Je voulais chanter, mais j'ai commencé par chanter faux. Je crois que je ne me pensais pas légitime, que je n'avais pas le niveau. Faire de la parodie, voir que ça plaisait aux gens, que certains arrivaient même à y capter de la musicalité, ça m'a aidé à prendre confiance en moi et à me dire que j'allais pouvoir commencer à assumer des choses beaucoup plus personnelles. L'objectif c‘était surtout d’arriver à oser enfin mettre mes textes en musique, avant d'en faire un métier. Je fais les bases de la mélodie et des potes producteurs les étoffent, ou bien il composent et j'y mets mes textes. La musique, c'est ce qui me rend heureux et qui m’aide à calmer des démons."

Quels démons devez-vous calmer?

"Ça m’arrive très souvent de pas ne pas trop apprécier... heu… (il marque une pause, avant de lâcher dans un rire) ce que je suis, et la vie. Chacun trouve son moyen de s’évader. Le mien, c'est d'écrire des chansons et de les chanter sur scène."

Les textes de votre premier album sont souvent romantiques, parfois cryptiques et introspectifs. Notamment sur le titre Averse...

"J'aime utiliser des métaphores sur toute une chanson. L'Averse, c'est mon hypersensibilité. J'y raconte qu'elle est avec moi dans tous les moments. Plusieurs fois je l'ai vécue comme une vraie tempête, et j'ai voulu aller m'"éteindre sous les éclairs". Mais je finis par l'accepter, et tant pis: je vis sous la pluie, dans les flaques."

C’est cette hypersensibité qui vous fait faire de la musique?

"Clairement. C’est toujours délicat de parler de ça, c’est compliqué à définir cette hypersensibilité. Soit ça sonne vantard, soit on se dit que tout le monde l'est. Moi, je l'ai longtemps mal vécu: je me sentais différent, exclu, j'avais l'impression de ne pas réagir aux choses comme tout le monde, je peux pleurer pour un rien... Mais cette hypersensibilité, je l'ai autant sous l'averse que dans les moments de joie, où je suis euphorique. C'est ça que je voulais dire avec le titre 'Tout est trop beau'. Tout est beau dans le positif comme dans le négatif, et il faut accepter ces choses-là. C'est dans des moments où j’étais vraiment mal que je me suis mis a écrire. Je pense que c’est ça qui m’inspire, et depuis quelques années je commence à sentir que c’est une force: ça m'aide à faire des choses dont je suis fier, et qui peuvent potentiellement être appréciées par des gens."

En parlant de public, vous venez de terminer une mini-tournée pour défendre Tout est trop beau. Quel a été votre ressenti?

"C'était génial. L'album n'était pas encore sorti mais même sans connaître les chansons, le public chantait le deuxième refrain après avoir entendu le premier, ils étaient hyper enthousiastes, et de manière générale j'ai reçu un accueil très positif sur l'album, ça me fait énormément plaisir. Moi-même, ça m'a mis en confiance sur le projet, je me sens de mieux en mieux sur scène, je sens que les gens avec qui je collabore sont satisfaits, c'est hyper positif pour la suite. Surtout, retrouver du public après cette vie bizarre qu'on a eue, c'était quelque chose. C'est hyper émouvant de retourner dans une salle, de sentir la sueur, de voir autant de gens. Mon meilleur compliment, c’est quand quelqu'un vient me voir à la fin d’un concert et pour me dire que ma musique l'a aidé. Je l'ai vécu quand j'étais ado, le fait d'écouter des groupes et d'avoir l'impression d'une bouffée d'oxygène à un moment où on va mal. Ça me touche à un point pas possible, et je me dis que mon métier est trop beau. Rien que pour ça, ça vaut le coup, même si c'est cinq personnes qui me le disent."

Vous sortez votre premier album fort de plus d'un million d'abonnés sur YouTube. C'est rassurant, ou est-ce que vous avez peur de les dérouter?

"C'est un mélange des deux. C'est une chance incroyable, parce qu'il y a déjà des gens qui me suivent et qui vont s'intéresser à ce que je fais. Et en même temps ça fait peur, parce que la majorité des gens ne me suit pas pour la musique. C'est troublant, ce chiffre: si on arrive sur mon Instagram et qu'on voit un million d'abonnés, on va croire que je suis un chanteur qui pèse. Alors que ce n'est pas un million de personnes qui m'écoutent. C'est impossible à quantifier: il y a des gens qui m'ont suivi pour Incroyable talent, et qui se désintéressent. Il ne faut pas le prendre pour acquis. Malgré tout, ça reste hyper positif, parce que ça amène beaucoup de monde à écouter ma musique.

Maxence sera en concert au Café de la Danse, à Paris, les 11 et 12 février 2022.

Article original publié sur BFMTV.com

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