Après la tentative de coup d’État au Niger, la France estime que la situation n’est pas « définitive »

Emmanuel Macron qui s’est entretenu avec le président Bazoum qui est séquestré depuis mercredi soir a appelé à sa libération immédiate.

Supporters of the Nigerien defence and security forces gather during a demonstration outside the national assembly in Niamey on July 27, 2023. The head of Niger's armed forces on July 27, 2023 said he endorsed a declaration by troops who overnight announced they had taken power after detaining the country's elected president, Mohamed Bazoum.
Supporters of the Nigerien defence and security forces gather during a demonstration outside the national assembly in Niamey on July 27, 2023. The head of Niger's armed forces on July 27, 2023 said he endorsed a declaration by troops who overnight announced they had taken power after detaining the country's elected president, Mohamed Bazoum.

AFRIQUE - La situation n’est pas claire au Niger. Environ 36 heures après la tentative de coup d’État mené par des militaires putschistes, la France veut croire que celle-ci n’est pas « définitive ». Par la voix de la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, la France a réitéré ce vendredi 28 juillet sa demande de libération du président « démocratiquement élu » Mohamed Bazoum.

Emmanuel Macron a pu s’entretenir à plusieurs reprises avec lui, a ajouté la ministre. Le président nigérien, « qui est le président démocratiquement élu », « dit qu’il est en bonne santé et nous souhaitons non seulement qu’il soit libéré mais libéré en totale sécurité lui et sa famille comme préalable au retour à l’ordre constitutionnel », a indiqué Catherine Colonna en marge de la tournée d’Emmanuel Macron dans le Pacifique.

À Niamey, l’armée a apporté jeudi son soutien aux militaires putschistes qui séquestrent le président nigérien depuis mercredi soir. Les putschistes ont accusé la France, dont 1 500 soldats sont au Niger, d’avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l’aéroport international de Niamey. Ils ont appelé « une fois pour toutes au respect strict des dispositions » prises par la junte.

Pourquoi la France parle de « tentative de coup d’État »

« La France condamne avec la plus grande fermeté la tentative de coup d’État », a réaffirmé Catherine Colonna vendredi. « Si vous m’entendez parler de tentative de coup d’État, c’est que nous ne considérons pas que les choses sont définitives », a encore déclaré la ministre, évoquant « des possibilités de sortie si les responsables de cette tentative entendent le message de la communauté internationale ».

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’État depuis 2020. Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.

« Le commandement militaire des Forces armées nigériennes (FAN) » a « décidé de souscrire à la déclaration des Forces de défense et de sécurité », indique un communiqué signé du chef d’état-major, le général Abdou Sidikou Issa, afin d’« éviter une confrontation meurtrière entre les différentes forces ». Auparavant, le président Bazoum avait rejeté le coup d’État. « Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront », avait-il déclaré sur Twitter, rebaptisé X, quelques heures après l’annonce par les putschistes qu’il était renversé.

Des drapeaux russes dans les rues

Les militaires putschistes ont annoncé « la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis politiques » et appelé « la population au calme » après des incidents lors d’une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir, pendant laquelle flottaient des drapeaux russes et des slogans anti-français étaient scandés.

Les militaires putschistes ont annoncé mercredi soir à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, suite à « la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale ».

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22H00 à 05H00 (21H00 à 04H00 GMT).

Le putsch a été vivement condamné par tous les autres partenaires du Niger. La Russie a également souhaité sa « libération rapide » tandis que l’Allemagne a demandé à l’armée « de retourner dans ses casernes ». Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dit avoir pu parler avec le président Bazoum mercredi pour lui assurer « clairement que les États-Unis le soutenaient ». Les États-Unis comptent environ 1100 soldats dans le pays.

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