Après la rébellion de Wagner en Russie, Zelensky, Macron et l’Occident ont les yeux rivés sur Moscou

Volodymyr Zelensky, ici photographié le 19 juin, fait partie des dirigeants internationaux qui gardent un œil très concerné sur la situation en Russie, après la rébellion du groupe Wagner et d’Evguéni Prigojine.
Volodymyr Zelensky, ici photographié le 19 juin, fait partie des dirigeants internationaux qui gardent un œil très concerné sur la situation en Russie, après la rébellion du groupe Wagner et d’Evguéni Prigojine.

RUSSIE - Le basculement n’aura pris que quelques heures. Alors que la mutinerie du groupe Wagner, dont le chef Evguéni Prigojine, qui menaçait de marcher sur Moscou avant de se raviser en fin de journée, n’a cessé de prendre de l’ampleur, le reste de la planète a eu les yeux rivés sur la situation en Russie. Et chacun a tenté de trouver des éléments de réponse dans l’épreuve proposée à Vladimir Poutine.

Ainsi, pour les Ukrainiens, les développements de la nuit du 23 au 24 juin illustrent la faiblesse de la Russie, pays plongé dans « le mal et le chaos », comme l’a estimé le président Volodymyr Zelensky. Et ce avant de brocarder le président russe et d’assurer que l’Ukraine protégeait le reste de l’Europe.

Les prémices d’une crise majeure

Kiev voit en effet dans le déclenchement de cette rébellion « le commencement » d’une importante crise en Russie, pour reprendre les termes de Mykhaïlo Podoliak, un conseiller du président ukrainien. « La division entre les élites est trop évidente. Se mettre d’accord et prétendre que tout est réglé, cela ne marchera pas », a-t-il ajouté sur Twitter. « Les prochaines 48 heures définiront le nouveau statut de la Russie. Soit une guerre civile, soit une passation de pouvoir négociée, soit un répit temporaire avant la prochaine phase de la chute du régime de Poutine. Tous les intervenants essentiels sont en train de choisir leur camp. Pour l’instant, silence assourdissant des élites en Russie… »

Dans sa première réaction aux évènements en Russie, Volodymyr Zelensky a noté que celui qui « choisit le chemin du mal s’autodétruit », faisant référence à Vladimir Poutine qui, selon lui « envoie des centaines de milliers de personnes à la guerre pour finalement se barricader dans la région de Moscou pour se protéger de ceux qu’il a lui-même armés ».

« La faiblesse de la Russie est évidente. Une faiblesse totale », a-t-il estimé dans un message sur les réseaux sociaux, « il est tout aussi évident que l’Ukraine est capable de protéger l’Europe contre une contamination par le mal et le chaos russe ». Il a encore noté : « La Russie a utilisé la propagande pour masquer sa faiblesse et la stupidité de son gouvernement. Et maintenant, le chaos est tel que plus personne ne peut mentir à son sujet. »

« Ils nous combattent mais ils s’autodétruisent », a ajouté quelques minutes plus tard, sur Telegram, Ganna Maliar, la vice-ministre ukrainienne de la Défense. « Que cela signifie-t-il pour nous ? Une fenêtre d’opportunité », a-t-elle ajouté, assurant que l’Ukraine continuait son travail pour la « victoire ».

L’Occident s’inquiète pour ses ressortissants

En Occident, les termes choisis étaient moins virulents. Ainsi, le président de la République française Emmanuel Macron a expliqué, par la voix de la communication de l’Élysée, « suivre la situation de près. Nous restons concentrés sur le soutien à l’Ukraine ». Des mots partagés par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a ajouté que la situation actuelle montrait « comme l’agression contre l’Ukraine provoque également de l’instabilité dans le pays ».

L’Allemagne, de son côté, fait preuve de prudence quant à l’évolution possible de la situation dans la capitale russe. Le ministère des Affaires étrangères a ainsi actualisé ses conseils aux voyageurs, préconisant, sur son site internet, « d’éviter le centre-ville de Moscou jusqu’à nouvel ordre », ainsi que « les installations gouvernementales, en particulier militaires ». Même chose du côté danois, où le ministère des Affaires étrangères s’est contenté de recommander à ses citoyens actuellement en Russie « de rester à l’intérieur ».

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a quant à lui appelé, sur les antennes de la BBC, « toutes les parties à être responsables et à protéger les civils », ajoutant qu’il suivait la situation « de près » et qu’il s’entretiendrait avec certains des alliés du Royaume-Uni dans la journée. « Dans les heures qui viennent, la loyauté des forces de sécurité russes, en particulier de la Garde nationale russe, sera essentielle pour l’issue de la crise. Cela représente le défi le plus important pour l’État russe ces derniers temps », a écrit de son côté le ministère de la Défense, dans un point quotidien sur Twitter.

Les Américains sont quant à eux restés plus discrets, assurant simplement être en contact avec leurs alliés occidentaux. Le département d’État, équivalent local du ministère des Affaires étrangères a ainsi évoqué une « étroite coordination » entre Washington et le reste des puissances occidentales. « Nous surveillons la situation », a par ailleurs indiqué une porte-parole de l’Otan, Oana Lungescu.

Les moqueries tchèques

Rien à voir avec le ton employé par la République tchèque, qui a, par la voix de deux de ses ministres, réagi avec une certaine ironie.

« Voilà, nous savons enfin ce que les Russes entendaient par une Opération spéciale. Après 16 mois de guerre en Ukraine, la Russie fait la guerre à la Russie », a déclaré la ministre de la Défense Jana Cernochova. « Ce n’est pas une surprise. C’est une tradition chez eux. Les guerres ratées finissent toujours par l’exécution du Tsar, suivie de chaos et d’une guerre civile supervisée par les espions des services secrets. Félicitations ! », a-t-elle ajouté.

Quant au ministre des Affaires étrangères Jan Lipavsky, il s’est contenté d’un laconique : « Je peux voir que mes vacances d’été en Crimée approchent ». Une manière de dire que la Russie risque de ne bientôt plus pouvoir tenir les terres ukrainiennes annexées en 2014.

Un point de vue que les Biélorusses, pourtant alliés de Moscou, semble rejoindre. « Toute provocation, tout conflit interne dans les rangs militaires ou politiques, dans le champ de l’information ou dans la société civile, c’est un cadeau fait à l’Occident », a déclaré le Conseil de sécurité nationale bélarusse, dans un communiqué, déplorant ainsi les brouilles internes à Moscou. « Cela peut aboutir à une catastrophe », a-t-il ajouté.

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