Après la mort de Nahel, Mélenchon fustige la « jonction » de « l’arc républicain réactionnaire » avec l’extrême droite

Jean-Luc Mélenchon photographié le 6 juin à Paris (illustration)
Jean-Luc Mélenchon photographié le 6 juin à Paris (illustration)

POLITIQUE - Loin des caméras de télévisions et de micros de radio, Jean-Luc Mélenchon s’est livré, ce samedi 15 juillet, à l’un de ses exercices favoris : l’analyse de la situation politique via un long de billet publié sur son blog. L’occasion pour le chef de file de la France insoumise de revenir en longueur sur les émeutes qui ont secoué le pays dans le sillage de la mort du jeune Nahel, tué à bout portant par un policier à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.

Et, surtout, de faire le bilan des commentaires politiques qui ont accompagné ces violences urbaines, et qui lui ont valu des critiques jusqu’au sein de la Nupes. Une séquence durant laquelle les élus LFI ont été accusés de jeter de l’huile sur le feu, jusqu’à leur exclusion, décrétée par la Macronie, de « l’arc républicain ».

« Rien, absolument rien, ni aucune des causes à l’origine de la révolte n’aura été traité, aucune parole n’aura été adressée à la souffrance populaire sauf la répression dure et implacable », regrette Jean-Luc Mélenchon, qui déplore le « festival de déclarations racistes et anti populaires sur tous les tons et en toute impunité » entendues « depuis quinze jours ». Une référence aux expressions utilisées par la droite, en particulier la « régression ethnique », utilisée par le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau.

Analysant la séquence comme un tout formant un ensemble cohérent, le triple candidat à l’élection présidentielle observe une mutation du contexte politique, marqué par un rapprochement entre la majorité, LR et le Rassemblement national. « Il y a trois blocs égaux. La jonction à partir de la droite (de Macron à LR) avec l’extrême droite est la clef de la domination qu’ils ont perdue avec notre victoire au premier tour de l’élection législative », estime Jean-Luc Mélenchon.

« Dérive macroniste »

« Incapables de formuler à haute voix cette jonction, car elle émietterait peut-être le bloc du soi-disant “centre”, ils construisent une jonction dans les faits. Son aliment est le discours dominant aligné sur l’extrême droite, ses mots, ses valeurs, ses registres », poursuit-il, en citant le terme « décivilisation » utilisée par Emmanuel Macron, et qui appartenait jusque-là au lexique de l’extrême droite.

« Mais le plus fort est la mise à l’écart de LFI qui fonctionne comme un dénominateur commun. C’est leur liant, leur motif de vote mutuel au deuxième tour », analyse-t-il, estimant que « rien n’arrêtera la dérive macroniste et la jonction/compétition avec l’extrême droite, à part la victoire de la Nupes ».

Car, pour Jean-Luc Mélenchon, l’heure est grave sur le plan électoral. « Une bascule est en cours dans la sphère politique. “L’arc républicain”, “la réconciliation nationale”, sur la base politique de la diabolisation du Mouvement insoumis et de ses élus, est la formule française du système hongrois d’Orban ou de celui du PiS polonais. Celui de la Suède ou de la Finlande, celui de l’Italie, celui qui mûrit en Autriche », alerte-t-il encore.

L’esquisse d’une menace qui permet au chef de file de la France insoumise de critiquer sèchement socialistes, communistes et écologistes qui, soit dans leurs expressions sur les émeutes, soit dans leurs intentions de faire cavalier seul aux élections européennes ou aux sénatoriales, fragilisent l’unité de la coalition de gauche.

« Le PCF a déjà déclaré morte la Nupes. Les Verts, même avec la tête de liste commune, veulent plusieurs listes “pour avoir plus d’élus”. le PS annonce une liste de “tous les socialistes”. Ils savent exactement ce qu’ils font et ils ne peuvent pas dire qu’ils ne comprennent pas ce qui résulterait de cela », accuse-t-il, en prévenant ses camarades des risques qui accompagnent la volonté de céder aux sirènes de « l’arc républicain » au nom de l’ordre.

« L’évolution de la social-démocratie danoise dans la xénophobie le prouve. Comme chaque fois, dans de telles circonstances, la gauche ne traverse jamais l’épreuve en restant indemne ! Le socialiste Marcel Déat ou le communiste Jacques Doriot l’ont montré dans le passé sur le mode danois d’aujourd’hui », avertit Jean-Luc Mélenchon, osant le parallèle historique avec ces deux figures de la collaboration issues de la gauche.

L’ex-député des Bouches-du-Rhône fustige donc cet « arc républicain réactionnaire », car il se constitue, selon lui, pour préserver les intérêts de « l’oligarchie et sa suite dorée médiatique et politique ». De quoi nourrir bien des débats au sein d’une Nupes plus éprouvée que jamais au sortir de la séquence des émeutes.

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