Après la mort d’Alexeï Navalny en Russie, Vladimir Poutine pointé du doigt en Europe

Le principal opposant à Vladimir Poutine est décédé alors qu’il purgeait une peine de prison. Sa mort vaut de nombreuses critiques au régime du Kremlin.

Après la mort d’Alexeï Navalny, l’Europe pointe Vladimir Poutine du doigt (photo d’illustration)
JOHN THYS / AFP Après la mort d’Alexeï Navalny, l’Europe pointe Vladimir Poutine du doigt (photo d’illustration)

INTERNATIONAL - Coupable désigné. La mort, ce vendredi 16 février, d’Alexeï Navalny, l’opposant le plus connu à Vladimir Poutine, a immédiatement été imputée par une partie des dirigeants européens au Kremlin, le président du Conseil européen Charles Michel en tête. Ce dernier a effectivement déclaré que l’UE tient « le régime russe » pour « seul responsable » de cette disparition.

« Alexeï Navalny s’est battu pour les valeurs de liberté et de démocratie. Pour ses idéaux, il a fait le sacrifice ultime », a réagi sur X (ex-Twitter) le dirigeant européen. Des propos auxquels souscrit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui regrette : « Poutine ne craint rien d’autre que la dissidence issue de son propre peuple. C’est un sinistre rappel de ce que sont Poutine et son régime. » Et la dirigeante de se dire « profondément troublée et attristée » par la mort d’Alexeï Navalny.

Sur la même ligne, le ministre norvégien des Affaires étrangères Espen Barth Eide estime que « le gouvernement russe porte une lourde responsabilité ». Le président de la Lettonie Edgars Rinkevics affirme, lui, que qu’Alexeï Navalny « vient d’être brutalement assassiné par le Kremlin. » « C’est un fait et c’est quelque chose qu’il faut savoir sur la vraie nature du régime actuel de la Russie », a assuré sur le réseau social X le dirigeant du pays balte, ancienne république soviétique aujourd’hui membre de l’Otan et de l’UE.

« Son combat pour la démocratie perdure »

Même son de cloche du côté de Radoslaw Sikorski, le chef de la diplomatie polonaise. À l’agence nationale PAP, il a assuré : « Cet homme était coupable d’avoir défié Vladimir Poutine (...) Il a été mis en prison, où il a séjourné dans des conditions épouvantables. Vladimir Poutine est responsable de tout cela. » Avant de déplorer qu’il y ait aujourd’hui en Russie « plus de prisonniers politiques qu’à l’époque (du dirigent soviétique, ndlr) Brejnev ».

« Le monde a perdu un combattant dont le courage résonnera à travers les générations. La Russie lui a pris sa liberté et sa vie, mais pas sa dignité. Son combat pour la démocratie perdure », a aussi réagi la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.

Malgré ces déclarations, les causes de la mort d’Alexeï Navalny doivent encore être élucidées. « Tous les gestes de réanimation nécessaires ont été pratiqués, mais n’ont pas donné de résultat positif. Les médecins urgentistes ont constaté la mort du patient. Les causes de la mort sont en train d’être établies », ont pour l’heure indiqué les services pénitentiaires russes dans leur communiqué.

Pour Séjourné, la mort de Navalny « rappelle la réalité du régime » de Poutine

Mais cela n’a pas empêché le régime de Vladimir Poutine d’être immédiatement pointé du doigt en raison de sa répression stricte de toute opposition politique, rôle qu’Alexeï Navalny a tenu toute sa vie. L’homme de 47 ans avait ainsi survécu de justesse en 2020 à un empoisonnement à l’agent neurotoxique Novitchok alors qu’il était en campagne électorale en Sibérie, que ses soutiens et lui avaient attribué au Kremlin. Transféré dans le coma en Allemagne pour y être soigné, il avait choisi de rentrer en Russie après sa convalescence, et avait été aussitôt arrêté.

Incarcéré depuis janvier 2021, il s’était vu infligé en août dernier une énième peine de 19 années pour « extrémisme ». Il avait été transféré fin 2023 dans une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique, qui a annoncé vendredi son décès. Ce transfert dans ce centre aux conditions de détention très dures et alors que des inquiétudes persistaient sur l’état de santé de l’opposant russe, avait provoqué l’inquiétude du Quai d’Orsay.

Le ministre des Affaires Étrangères Stéphane Séjourné n’a pas aussi directement mis en cause la présidence russe. Mais « sa mort en colonie pénitentiaire nous rappelle la réalité du régime de Vladimir Poutine », écrit le chef de la diplomatie française, pour qui Navalny a « a payé de sa vie sa résistance à un système d’oppression ».

En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz s’est aussi montré mesuré, regrettant que « celui qui s’engage pour la démocratie doit craindre pour sa sécurité et sa vie, et c’est pourquoi nous sommes tous très tristes ». Le dirigeant allemand a fait cette déclaration lors d’une conférence de presse à Berlin aux côtés du chef de l’État ukrainien Volodymyr Zelensky. Quasiment deux ans après le début de la guerre en Ukraine, Volodymyr Zelensky est attendu ce vendredi soir à l’Élysée pour discuter de nouvelles livraisons d’armes.

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