Après l’interdiction de la marche pour Adama Traoré, LFI dénonce une « décision irresponsable »

Marche en hommage à Adama Traoré, le 22 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise.
Marche en hommage à Adama Traoré, le 22 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise.

POLITIQUE - Chez LFI, l’interdiction ne passe pas. Les élus insoumis ont vivement réagi ce vendredi 7 juillet au matin à l’interdiction de la marche pour Adama Traoré. Elle devait se tenir ce samedi à Persan et Beaumont-sur-Oise pour les sept ans de la mort du jeune homme décédé lors d’une interpellation en 2016, et devenu un emblème des violences policières.

Le comité Adama Traoré a contesté en justice l’interdiction de sa marche. Le collectif a déposé un référé pour faire annuler la décision de la préfecture du Val-d’Oise, et la justice administrative du Val-d’Oise va l’examiner ce vendredi.

« C’est une irresponsabilité de la part du gouvernement d’interdire ces formes démocratiques et pacifiques d’expression », a déploré la députée de Seine-Saint-Denis sur LCI, rappelant qu’il n’y a « jamais eu de débordement, de violence, de heurts » lors des six dernières marches organisées chaque année depuis sa mort.

« Un déni de justice absolu, une attaque contre la démocratie inouïe. Cette marche se passe bien depuis des années !! Si on ne peut même plus marcher pacifiquement, que nous reste-t-il ?! », a tweeté de son côté le député LFI David Guiraud.

« C’est quoi l’objectif de votre préfet, Gérald Darmanin, si vous interdisez toutes les manifestations pacifiques suite au meurtre de Nahel, a fortiori quand elles sont appelées par cent organisations dont parmi les principaux syndicats du pays ? Nous allons appuyer le recours et quoi qu’il arrive nous y serons », a promis de son côté le député Éric Coquerel.

La crainte de débordements après la mort de Nahel

À la mi-journée jeudi 6 juillet, la préfecture avait annoncé « envisager » l’interdiction de l’événement en arguant de possibles « troubles graves à l’ordre public » avec la venue d’« éléments perturbateurs » à cette manifestation, à laquelle était susceptible d’assister la mère de Nahel, tué par un policier mardi 27 juin à Nanterre. Une décision que la préfecture a confirmé quelques heures plus tard.

« Il y a le risque de troubles graves à l’ordre public, a indiqué ce vendredi le préfet de police de Paris Laurent Nunez, interrogé sur France Info. Il y a un certain nombre de risques liés à cette marche. Cette décision est fondée sur des arguments de droit. »

« Pourquoi cette défiance aujourd’hui ? »

« Depuis sept ans, après chaque marche, la préfecture se dit satisfaite de la manière dont le comité Adama gère l’événement. Pourquoi cette défiance aujourd’hui ? », s’est interrogé le comité Adama dans un communiqué publié avant l’annonce de l’interdiction. Le comité Adama, emmené par sa sœur Assa Traoré, a indiqué à l’AFP son intention de déposer un référé pour contester l’interdiction de la marche devant la justice administrative.

Dans le cadre de sa mobilisation, le collectif « Vérité pour Adama » rassemble chaque année des centaines de personnes à l’occasion d’une marche à Persan et Beaumont-sur-Oise pour réclamer la mise en examen des gendarmes mis en cause, et dénoncer plus largement les violences policières.

Le 19 juillet 2016, Adama Traoré décédait dans la cour de la caserne de Persan, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris, peu après son arrestation par des gendarmes au terme d’une course-poursuite.

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