Après les attaques du Hamas sur Israël, La France insoumise plus isolée que jamais sur la scène politique

Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, photographié à l’Assemblée nationale le 3 mars (illustration).
SOPA Images / SOPA Images/LightRocket via Gett Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, photographié à l’Assemblée nationale le 3 mars (illustration).

POLITIQUE - Des réactions qui enfoncent un peu plus la France insoumise dans la marginalité. Après l’attaque meurtrière commise par le Hamas sur Israël samedi 7 octobre, LFI a publié un communiqué aux relents relativistes, pendant que des images atroces circulaient sur les réseaux sociaux, et que le bilan humain de ce raid terroriste ne cessait de s’alourdir.

Un texte de 135 mots, sans aucune condamnation (ni même mention) du Hamas, mouvement pourtant classé parmi les organisations terroristes par l’Union européenne. D’emblée, le parti de la gauche radicale explique que cette attaque « intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne » et qu’elle a été commise par des « forces palestiniennes ». Une terminologie habituellement utilisée pour désigner des autorités dont la légitimité est reconnue internationalement, et qui donne l’étrange impression que les victimes civiles israéliennes ciblées n’étaient pas si innocentes.

Sur X (ex-Twitter), Jean-Luc Mélenchon évoque « toute la violence déchaînée contre Israël et à Gaza » en omettant de désigner la responsabilité du Hamas. Ce que ne feront pas, en revanche, François Ruffin et Alexis Corbière, exprimant sans ambiguïté « une condamnation totale de l’attaque du Hamas ». Une orientation que l’on retrouve également sur le blog de Clémentine Autain. Soit l’impression que deux lignes coexistent au sein du mouvement mélenchoniste, bien que celle exprimée par ces trois derniers paraisse marginale.

Borne dézingue des propos « choquants et déplacés »

Sans surprise, la position exprimée par l’état-major de LFI a provoqué un tollé. La Première ministre Élisabeth Borne a dénoncé les « ambiguïtés révoltantes » et les « propos choquants et déplacés » de Jean-Luc Mélenchon. Ce qui a fait bondir ce dernier. « Madame Borne profite de la guerre au Moyen-Orient pour mener sa guerre contre LFI. J’ai exprimé la position constante de notre pays depuis de Gaulle », a répondu le chef de file des insoumis, comme si l’argument valait au sujet du Hamas, organisation terroriste créée en 1987, soit 17 ans après la mort du général de Gaulle.

Dans le sillage de la Première ministre, de nombreuses personnalités politiques ont fustigé la position des insoumis. « Les amis de Jean-Luc Mélenchon sont définitivement sortis de l’arc républicain en légitimant le massacre de civils. Ceux qui justifient l’ignominie qui se déroule en Israël doivent être poursuivis pour apologie du terrorisme ! », s’est enflammé le président des Républicains Éric Ciotti.

Son homologue du RN, Jordan Bardella, définit de son côté LFI comme « la caution morale du terrorisme islamiste ». Cruelle ironie lorsqu’on se souvient que le Front national a compté dans ses rangs plusieurs antisémites hostiles à Israël, et que le soutien automatique à Israël face au Hamas n’a pas tout le temps été évident chez les lepénistes.

« Ça me dégoûte »

Mais au-delà de ses adversaires politiques, LFI voit aussi fleurir des critiques au sein même de la NUPES. Sur la Radio de la communauté juive (RCJ), le député socialiste Jérôme Guedj a tapé du poing sur la table. « Ça me dégoûte de voir et de constater que certains - le communiqué du groupe LFI, les tweets de Boyard, de Jean-Luc Mélenchon et peut-être de quelques autres - ont immédiatement été dans une forme de relativisme, de renvoi dos à dos, d’absence de ce minimum de compassion qui fait notre humanité commune », a déploré l’élu qui estime que ces prises de position ont de quoi poser « la question » de l’appartenance à la NUPES.

Le signal a de quoi être pris au sérieux pour la coalition, puisque Jérôme Guedj, ancien bras droit de Jean-Luc Mélenchon, est habituellement l’un des plus fervents défenseurs de la coalition de gauche. « Ça me fout les boules, je n’ai pas d’autres mots, de constater que parfois elle (l’humanité commune) s’évacue et disparaît singulièrement dès qu’il est question d’Israël », a-t-il poursuivi.

Dans un communiqué publié ce dimanche, le Parti socialiste fait implicitement référence aux propos de La France insoumise, en affirmant que « la politique du gouvernement Netanyahu ne saurait être mise en avant pour relativiser l’agression terroriste dont est aujourd’hui la cible la population israélienne ». En outre, la formation d’Olivier Faure appelle à participer aux rassemblements de solidarité avec la population israélienne organisés ce lundi dans plusieurs villes. « Ces prises de position laisseront des traces », a prévenu sur franceinfo le premier secrétaire du PS, assurant que la position de LFI était minoritaire au sein de la NUPES.

Bompard condamne des « crimes de guerre »

Face aux critiques et menaces d’explosion de ce qui reste de la coalition de gauche, le coordinateur national de la France insoumise, Manuel Bompard, a tenté de répondre aux critiques ce lundi 9 octobre. « Les actes qui ont été commis sont, de manière très claire en droit international, des actes qui s’apparentent à des crimes de guerre. Et moi je condamne bien évidemment les crimes de guerre. Je parle des actes qui sont commis par le Hamas, qui consistent notamment en des prises d’otages qui sont contraires aux conventions internationales », a expliqué l’élu insoumis sur France 2. Et le député de préciser qu’il condamnait aussi « d’autres crimes de guerre, commis par l’État israélien à l’égard des Palestiniens depuis des années ».

Une sortie qui peine à convaincre certains socialistes. « Tentative d’oral de rattrapage pour LFI. Mais trop de points de retard accumulés dans les épreuves écrites ces derniers jours. La gauche française n’a rien à voir, ni avec le fascisme islamiste, ni avec le terrorisme. Elle n’en attend rien de bon pour les peuples, jamais », a réagi dans un tweet l’ancienne ministre Laurence Rossignol.

À l’image des socialistes, le communiste Fabien Roussel et l’écologiste Marine Tondelier ont condamné sans détour l’attaque terroriste du Hamas contre Israël. Et sans que ces prises de position claires ne soulèvent la moindre indignation.

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