Annette Wieviorka récompensée par le prix Femina pour « Tombeaux »

Annette Wieviorka, lauréate du prix Femina 2022.  - Credit:Stock
Annette Wieviorka, lauréate du prix Femina 2022. - Credit:Stock

On ne compte plus les ouvrages d'Annette Wieviorka consacrés à la Shoah, aux camps d'Auschwitz, de Drancy. Pas une fois, elle n'y avait évoqué le destin des siens. « L'histoire de tous plutôt que celle des miens : l'évitement du “je” au profit du “nous” », écrit-elle à la fin de Tombeaux, primé ce lundi par le prix Femina 2022.

Dans les premières pages, on apprend que, en 1979, à son retour d'une Chine aux sirènes maoïstes, elle, dont les ancêtres avaient été tués par un autre totalitarisme, avait envisagé un livre sur son grand-père paternel, Wolf Wieviorka, écrivain yiddish mort à Auschwitz. La rédemption personnelle avait dérivé vers un ouvrage consacré aux Mémoriaux juifs de Pologne. La mise à distance déjà. Le passage par d'autres traces remises en ordre.

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« Cette connaissance fine de la topographie des camps combinée aux centaines de témoignages de survivants que j'ai enregistrés ou lus, dont j'ai parfois écrit la préface, auraient dû combler le vide creusé par la disparition des miens et me permettre d'imaginer leur sort. Il n'en est rien. » Un temps pour les autres, un temps pour les siens.

Puzzle

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