En Angleterre, cette manifestation d’extrême droite contre des migrants a dégénéré

Un fourgon de police est vu garé devant les portes fermées de l’hôtel Suites à Kowlsey, près de Liverpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le 11 février 2023.
OLI SCARFF / AFP Un fourgon de police est vu garé devant les portes fermées de l’hôtel Suites à Kowlsey, près de Liverpool, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le 11 février 2023.

Des troubles ont éclaté près de Liverpool, après que plusieurs centaines de manifestants d’extrême droite ont protesté contre les demandeurs d’asile hébergés par le ministère de l’Intérieur dans un hôtel.

ROYAUME- UNI - Des heurts qui illustrent le climat tendu qui règne Royaume-Uni sur la question de l’accueil des migrants. Fourgon de police incendié et jets de projectiles : quinze personnes ont été arrêtées ce samedi 11 février après une violente manifestation devant un hôtel hébergeant des demandeurs d’asiles à Knowsley, près de Liverpool.

Plusieurs centaines de militants d’extrême droite hostiles à l’accueil des réfugiés s’étaient rassemblées vendredi soir devant le Suites Hotel de Knowsley (nord-ouest de l’Angleterre), selon des images du rassemblement.

Contre-manifestation en soutien aux réfugiés

De leur côté, des associations de défense des droits des migrants avaient organisé une contre-manifestation en soutien aux réfugiés hébergés dans l’hôtel, réquisitionné depuis janvier 2022 par le ministère de l’Intérieur pour y accueillir des demandeurs d’asile.

Après une mobilisation « initialement pacifique », « des projectiles ont été lancés vers des policiers et un de nos véhicules de police a été endommagé » par des personnes « qui voulaient seulement causer violence et intimidation », a indiqué la police locale dans un communiqué.

Quinze personnes, âgées de 13 à 54 ans, ont été arrêtées, selon la police qui a fait état d’un blessé dans ses rangs. Les rassemblements ont été interdits dans le secteur pour 48 heures. Comme vous pouvez le voir dans les vidéos partagées sur les réseaux sociaux ci-dessous, on distingue une fourgonnette de police en feu et des officiers équipés de boucliers anti-émeutes.

Une vidéo devenue virale

« J’ai eu peur. Nous sommes venus au Royaume-Uni pour la sécurité », a témoigné auprès de l’agence PA Ahmed, un demandeur d’asile de 34 ans hébergé dans l’hôtel. « Les gens pleuraient », a décrit un autre demandeur d’asile.

Selon le député travailliste local, George Howarth, la manifestation avait été déclenchée par un « supposé incident publié sur les réseaux sociaux », en cours d’investigation par la police. La vidéo en question, qui montre un clandestin insister pour avoir des relations sexuelles avec une anglaise de 15 ans, est devenue virale et a alimenté la haine sur les réseaux sociaux.

Le député a également balayé des affirmations selon lesquelles les demandeurs d’asile seraient « chouchoutés » dans l’hôtel. Samedi, d’autres élus de l’opposition et associations d’aide aux réfugiés ont déploré les actions de « voyous d’extrême droite ».

La ministre de l’Intérieur Suella Braverman a condamné samedi en fin d’après-midi « le désordre épouvantable à Knowsley la nuit dernière ». « Le comportement présumé de certains demandeurs d’asile n’est jamais une excuse pour la violence et l’intimidation », a-t-elle écrit sur Twitter.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, Clare Moseley, présidente de l’association d’aide aux migrants Care4Calais, a estimé que « la rhétorique de haine et de division de nos politiques est en train de détruire notre société et nos valeurs britanniques ».

Le gouvernement conservateur, qui fait de la lutte contre l’immigration clandestine sa priorité depuis des années, ne cesse de durcir son discours face à l’afflux de migrants. Suella Braverman avait parlé en novembre d’une « invasion », suscitant un tollé dans un pays où la population reste majoritairement favorable à l’accueil des réfugiés, selon les sondages.

« Division et haine »

Pour Enver Solomon, président du Refugee Council, cette politique « d’environnement hostile, de diabolisation des hommes, femmes et enfants qui viennent dans notre pays pour fuir la guerre et la terreur (...), l’utilisation du mot invasion, créent de la division et de la haine ».

Plus de 45 000 personnes ont traversé la Manche à bord de petits bateaux de fortune en 2022 pour demander l’asile au Royaume-Uni, un record. Le système d’asile est incapable de gérer cet afflux, avec pour conséquence des centres d’accueil surpeuplés et d’énormes délais pour étudier les demandes.

Les demandeurs d’asile n’ayant pas le droit de travailler, le gouvernement dépense des millions de livres pour les loger, notamment en ayant massivement recours aux hôtels.

Le mois dernier, une centaine d’associations ont écrit au Premier ministre Rishi Sunak pour demander une enquête indépendante concernant le sort de 200 migrants mineurs non accompagnés portés disparus après avoir été hébergés dans des hôtels.

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