Andres Serrano, l’Amérique à cœur ouvert

Andres Serrano, 73 ans, est l'un des photographes les plus en vue de la scène américaine.  - Credit:Lukáš Oujezský
Andres Serrano, 73 ans, est l'un des photographes les plus en vue de la scène américaine. - Credit:Lukáš Oujezský

Il a déboulé sur la scène artistique en 1987 avec une série de photographies représentant des sculptures classiques plongées dans divers liquides organiques : à commencer par un discobole grec et un crucifix immergés dans de l'urine. Ces pièces – surtout la seconde – ont aussitôt fait scandale et ont régulièrement été vandalisées à chacune de leurs expositions.

Venu de l'univers de la peinture, l'Américain Andres Serrano n'a cessé depuis lors de provoquer la censure. Qu'il photographie des dépouilles à la morgue de New York, portraiture des SDF de Manhattan ou dénonce la torture pratiquée par l'armée américaine, le plasticien s'est affirmé comme la mauvaise conscience de son pays, dressant un portrait au scalpel de l'Amérique.

Son œuvre photographique fait aujourd'hui l'objet d'une rétrospective au musée Maillol*. Son contenu ne manquera pas de faire réagir le public. Pour Le Point, Andres Serrano a accepté de se livrer à une longue interview où il explique sa démarche et répond aux attaques.

Le Point : Votre première exposition remonte à 1983. Vous y montriez des pietas peintes. Un univers bien éloigné de celui que vous avez exploré depuis…

 - Credit: ©  Baudouin Eschapasse
- Credit: © Baudouin Eschapasse

Andres Serrano chez sa galeriste, Nathalie Obadia, 91 rue du faubourg Saint-Honoré (Paris) le 9 février 2024. © Baudouin Eschapasse

Andres Serrano : C'est drôle que vous me rappeliez ce souvenir, car je me suis remis récemment à photographier des pietas au moment même où je me mettais à écrire de la poésie. Cela m'est ven [...] Lire la suite