Andrea Riccardi : « Le pape ne sera jamais à côté d’un pays contre un autre »

Andréa Riccardi, historien, ancien ministre, est le fondateur de la communauté Sant'Egidio.  - Credit:Stefano Spaziani/Mondadori Portf/Sipa
Andréa Riccardi, historien, ancien ministre, est le fondateur de la communauté Sant'Egidio. - Credit:Stefano Spaziani/Mondadori Portf/Sipa

Il a l'oreille des papes et des chefs d'État. Fondateur de la communauté Sant'Egidio*, l'ONG catholique qui intervient depuis des décennies comme médiatrice dans les conflits du monde, et ancien ministre dans le gouvernement Monti, Andrea Riccardi est proche du pape François, comme il le fut de Jean-Paul II.

L'aumônier de Sant'Egidio, le cardinal Matteo Zuppi, est le président de la Conférence épiscopale italienne, et c'est lui que le pape François a envoyé comme émissaire dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Catholique engagé, à la fois historien et politique, Andrea Riccardi décrypte pour Le Point la carte du monde selon François.

Le Point : Comment peut-on résumer la vision du monde du pape François ?

Andrea Riccardi : Résumer François est impossible. Car c'est un leader qui vit dans la réalité, et il est toujours en mouvement. Si je dois le caractériser, je ne dirais pas qu'il est un théologien, un philosophe, mais plutôt un expert d'humanité. Jusqu'à son élection comme pape, le 13 mars 2013, il a été un homme enraciné en Amérique latine et surtout dans la mégalopole de Buenos Aires.

En 2006, pour la première fois dans le monde, le nombre d'habitants des villes a surpassé celui des campagnes. Le pape François est issu de la grande ville mondialisée, globalisée, et cela a forgé son regard sur la planète. Il est le produit d'une civilisation urbaine. Son expérience d'une ville monde comme Buenos Aires a été très importante pour sa conception du chris [...] Lire la suite