Amnesty critique le Sénégal pour ses défaillances dans la gestion des "enfants talibés"

Le logo d'Amnesty International photographié en 2021 dans les locaux de Hong Kong (Illustration) - ISAAC LAWRENCE / AFP
Le logo d'Amnesty International photographié en 2021 dans les locaux de Hong Kong (Illustration) - ISAAC LAWRENCE / AFP

Amnesty critique l'État du Sénégal pour ses défaillances dans la lutte contre les abus sur des élèves d'écoles coraniques et leur exploitation financière, dans un rapport publié ce lundi, appelant Dakar à des "actes forts" pour les protéger.

"Des dizaines de milliers d'enfants talibés (élèves des écoles coraniques communément appelées daaras) sont obligés de mendier" et "vivent dans des conditions insalubres et sont exposés à tous les dangers", affirme Amnesty International dans ce rapport.

Ils "doivent également faire face aux mauvais traitements de la part de certains maîtres coraniques ou de leurs assistants. Des maîtres coraniques ont confirmé à Amnesty International que la mise de chaînes aux pieds est une pratique courante et appliquée en particulier aux enfants fugueurs pour entraver leurs déplacements", dit l'ONG dans ce rapport.

"Un système de traite d'êtres humains"

En l'absence de statistiques officielles, il est estimé qu'"il y a plus de 2000 daaras à Dakar, avec un effectif de près de 200.000 talibés, dont 25% pratiqueraient la mendicité forcée, selon une cartographie de l'ONG Global Solidarity Initiative (GSI) publiée en 2018", indique d'Amnesty. GSI est engagée notamment dans l'assistance des "enfants talibés"

Amnesty dénonce aussi "un système de traite d'êtres humains" basé sur un "recrutement dans le pays mais aussi au niveau sous-régional, des maîtres coraniques et enfants talibés étant issus de certains pays voisins comme la Gambie et la Guinée-Bissau".

"Les autorités sénégalaises doivent répondre à leurs obligations et prendre des mesures pour mettre fin aux violations des droits de certains enfants talibés", affirme t-elle.

Les autorités sénégalaises ont plusieurs fois mené des opérations de retrait de la rue des enfants, dont les "talibés", diversement appréciées.

Le président Macky Sall, élu en 2012 puis réélu en 2019, avait réuni le 28 novembre dans la nouvelle ville de Diamniadio, près de Dakar les très influents maîtres coraniques, qui ont réclamé la libération de "dizaines" d'entre eux en prison à cause notamment d'affaires de moeurs.

Il leur a notamment promis un fonds pour appuyer les écoles coraniques, un meilleur traitement aux diplômés en langue arabe et la création d'un prix dédié à la récitation du Coran.

Article original publié sur BFMTV.com