Amazon contre-attaque après l’instauration des frais de port à 3 euros pour les livres

Pour contrer la concurrence d’Amazon sur les librairies françaises, le Conseil d’État a déposé un arrêté visant à augmenter les frais de port sur la plateforme. Mais la multinationale contre attaque avec un soutien de taille.

LIVRES - Le géant du commerce en ligne Amazon a annoncé ce mardi 27 juin qu’il attaquait devant le Conseil d’État une mesure destinée à augmenter les frais de port sur les livres, protestant contre « un coup sévère au budget des Français ».

Amazon France dépose un recours pour excès de pouvoir contre un arrêté ministériel du 4 avril, qu’il a vigoureusement combattu, explique-t-il dans un communiqué.

Cet arrêté, qui doit entrer en vigueur début octobre, fixe à 3 euros le seuil réglementaire des frais de port pour les commandes inférieures à 35 euros.

L’objectif du gouvernement est d’appliquer la loi du 30 décembre 2021 sur « l’économie du livre », qui avait pour but d’inciter les acheteurs de livres à se rendre en librairie, afin d’éviter ces frais de port.

Commission européenne réticente

D’après Amazon, la mesure est « contraire au droit et à l’intérêt des consommateurs ».

« Elle va pénaliser les lecteurs, les auteurs et la lecture en général » et « porter un coup sévère au budget des Français et limiter leur accès aux livres », a estimé le directeur général d’Amazon France, Frédéric Duval, cité dans le communiqué. Selon lui, il ne faut pas avoir peur de cette plateforme, elle ne remplacera pas les librairies :

« L’offre en ligne et celle des libraires sont en réalité complémentaires : près d’un livre sur deux vendu par Amazon est expédié vers des petites villes et campagnes, c’est-à-dire vers des territoires souvent dépourvus de librairie ».

Amazon invoque l’avis rendu en février par la Commission européenne, très critique contre la France. Bruxelles estimait que le gouvernement français ne lui avait pas démontré comment l’augmentation des frais de port servirait son objectif de « maintenir un réseau dense et diversifié » de librairies et « la diversité et la qualité de l’offre éditoriale ».

Quelques pistes

La France, par ailleurs, n’a pas « fourni d’évaluation de mesures alternatives moins restrictives », déplorait la Commission. Amazon se dit favorable à « la mise en place d’un tarif postal dédié, qui existe déjà pour les expéditions de livres vers l’étranger ».

La multinationale américaine détaille dans son communiqué quelques incohérences qui sont à rectifier : « la mise en place d’un tarif postal dédié, qui existe déjà pour les expéditions de livres vers l’étranger. Envoyer un livre de 500 grammes à Londres coûte ainsi 1,53€, alors que l’envoyer à une adresse française coûte quatre fois plus cher, à savoir 6€ pour une Lettre Verte. »

Et puis il y a le constat assez net qu’Amazon essaye de mettre en avant : les inégalités territoriales avec un accès aux librairies, beaucoup plus favorisée dans la capitale : « Paris intra-muros compte ainsi plus de 20 % du total des librairies françaises, pour seulement 3 % de la population, et plus de 90 % des quelque 35 000 communes françaises n’ont pas de librairie sur leur territoire. »

Lire sur le HuffPost

À voir également sur Le HuffPost :

Netflix, Disney +, Salto… Le comparatif des plateformes de streaming 2022

Il n’y a jamais eu autant de librairies créées qu’en 2022

VIDÉO - La Minute de Jeff Bezos