Amélie Oudéa-Castéra: des syndicats d'enseignants demandent des excuses de la ministre

Des professeurs en colère. Le syndicat d'enseignants du second degré SNES-FSU a dit sur BFMTV ce lundi 15 janvier vouloir des "excuses" de la part de la ministre de l'Éducation, au cœur d'une polémique sur la scolarisation de ses enfants dans le privé, après ses propos sur l'enseignement public.

"Elle doit apporter des excuses, pour l'instant elle n'a donné que des regrets", déplore la secrétaire générale adjointe du syndicat d'enseignants de second degré SNES-FSU Sophie Vénétitay sur notre antenne.

"En tant que ministre, elle doit comprendre à quel point elle a blessé la profession, à quel point nos collègues sont en colère et se sont sentis humiliés", souligne Sophie Vénétitay.

Guislaine David, la co secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU, autre syndicat enseignant, a également déclaré sur France info ce lundi vouloir des "excuses publiques". "Elle n'a pas pris la mesure de ce qu'on a pu lui dire", déplore-t-elle à propos de la ministre.

Le FSU "pas convaincu" par la ministre

Les syndicats enseignants ont rencontré pour la première fois ce lundi la nouvelle ministre de l'Éducation dans le cadre d'une réunion lors de laquelle les récentes déclarations d'Amélie Oudéa-Castéra ont été abordées. Le syndicat FSU et le FSU-SNUipp ont quitté les discussions en cours de réunion.

"Elle ne nous a pas convaincus. Elle a d'abord essayé d'aller sur le terrain personnel en nous disant ses regrets, en nous racontant pourquoi son mari et elle avaient fait ce choix là", a expliqué Sophie Vénétitay.

Après sa nomination la semaine dernière, la ministre s'est vu reprocher d'avoir inscrit ses trois enfants au lycée Stanislas, établissement privé du 6e arrondissement de Paris.

Elle s'est justifiée en évoquant les "paquets d'heures pas sérieusement remplacées" dans le public, une sortie perçue comme blessante par une large partie de la profession. Face aux critiques, elle a dit ensuite "regretter" d'avoir "pu blesser certains enseignants".

"Retrouver une relation de confiance"

"Elle doit s'excuser au nom de toute la profession", a encore martelé Sophie Vénétitay, réclamant également des "gages" de la part de la ministre pour "retrouver une relation de confiance".

"Aujourd'hui, on se demande comment on peut échanger avec une ministre qui est dans une telle situation et sur ce point là aussi, elle n'a pas été en mesure de nous répondre", ajoute-t-elle.

En marge d'un déplacement consacré aux Jeux-Olympiques en Seine-Saint-Denis, la ministre de l'Éducation a demandé ce lundi de "clore" le "chapitre des attaques personnelles", au sujet de la scolarisation de ses enfants.

L'UNSA Éducation dit avoir été "entendu"

Le son de cloche est différent du côté d'un autre syndicat, l'UNSA Éducation, qui assure sur BFMTV que la réunion avec la ministre s'est "bien passée".

"On a pu exprimer à quel point ces propos, que (la ministre) a elle-même jugés malheureux, mettent en tension toute une profession", assure Morgane Verviers, secrétaire générale adjointe du syndicat.

"Dans le cadre de cette réunion, la ministre a eu l'occasion d'exprimer à quel point elle était désolée. (...) On a été entendu", salue-t-elle.

Appels à la grève

Le syndicat FSU se joint, avec le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES), à l'appel à la grève dans l'enseignement pour le 1er février prochain. Cet appel, antérieur à l'affaire Amélie Oudéa-Castera, a été relancé par la polémique de la ministre.

"L'école ne va pas bien, le service public d'éducation n'est pas loin de s'effondrer", estime Sophie Vénétitay.

"On manque de tout aujourd'hui dans l'Éducation nationale, de professeurs, de personnel, il faut prendre la mesure de cette crise", appelle-t-elle. L'UNSA Éducation se dit de son côté "en discussions" pour peut-être rejoindre l'appel à la grève.

Le Fnec-FP-FO a par ailleurs appelé à une grève et à "manifester sous les fenêtres" du ministère le 25 janvier, après les propos d'Amélie Oudéa-Castéra.

Article original publié sur BFMTV.com