Qu'est-ce que le collège-lycée privé Stanislas, où Amélie Oudéa-Castéra scolarise ses enfants?

"Français sans peur, chrétien sans reproche". Telle est la devise du collège-lycée Stanislas, inspirée par celle du chevalier Bayard. Des reproches, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra (qui conserve par ailleurs son portefeuille des Sports) en essuie toutefois sans discontinuer de la part de l'opposition depuis vendredi.

À l'origine de la polémique, ses propos pour justifier son choix de scolariser ses enfants dans cet établissement privé catholique de la capitale accueillant environ 3.600 élèves, de la maternelle aux classes préparatoires.

Une polémique et des excuses

En visite dans un collège des Yvelines, la ministre a évoqué sa "frustration" d'avoir "vu des paquets d'heures qui n'étaient pas sérieusement remplacées" à l'école publique Littré, où était auparavant scolarisé son fils aîné Vincent.

Samedi, dans une déclaration transmise à l'AFP, la ministre a dit "regretter" d'avoir "pu blesser certains enseignants de l'enseignement public" et a assuré qu'elle serait "toujours" aux "côtés" de "l'école publique et de ses professeurs".

"On habitait rue Stanislas, scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité", avançait également Amélie Oudéa-Castéra vendredi. Et le choix de l'excellence concernant les résultats. Année après année, l'établissement est distingué parmi les meilleurs lycées de France. Fort d'un taux de réussite et d'un taux de mentions au baccalauréat de 100%, il se plaçait sur la deuxième place du podium dans le classement établi par Le Figaro en 2023, entre deux autres lycées parisiens prestigieux, Louis-le-Grand et Henri-IV.

De Gaulle, Dior et Pinault, tous anciens de "Stan"

Depuis la fondation de l'établissement par l'abbé Liautard en 1804, Stanislas, dit "Stan", a vu passer entre ses murs des élèves devenus célèbres par la suite, par exemple Charles de Gaulle, Christian Dior, François-Henri Pinault, Édouard Baer ou Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale de 2017 à 2022.

L'histoire de Stanislas a beau être longue de plus de deux siècles, le temps semble ne pas y avoir autant prise qu'ailleurs. L'établissement met en avant une vision traditionnelle, pour ne pas dire traditionaliste, de la société.

"Pour moi, le catholicisme est par nature conservateur, au sens propre: il conserve le dépôt de la foi. L’Église est contre l’union homosexuelle et contre l’avortement, que je sache, non? Une école catholique ne peut dire autre chose", estimait en 2023 le directeur de Stanislas, Frédéric Gautier, interrogé par Le Monde.

Des élèves de "haute et belle tenue"

Une ligne se traduisant également par un règlement intérieur particulièrement strict quant aux tenues autorisées pour les élèves. "À Stanislas, nous voulons des élèves 'de haute et belle tenue', dans tous les sens du terme: tenue vestimentaire, tenue physique, tenue morale, tenue intellectuelle, tenue spirituelle", peut-on ainsi lire dans les "règles de vie à lire en famille".

Il est ainsi attendu des garçons qu'ils portent une chemise avec col, rentrée dans le pantalon, ou un polo avec col. Les cheveux? Ils doivent être courts, propres et peignées. Les journées ensoleillées venues, seuls les élèves jusqu'à la 5e ont le droit de porter des bermudas.

La liste des interdits est encore plus fournie pour les filles suivant les cours à Stanislas. Maquillage et vernis à ongles sont prohibés, sauf pour les élèves des classes préparatoires. Il leur est également demandé de "porter une blouse ou un chemisier rentré dans le pantalon", d'avoir des hauts (pulls, chemises et blouses) opaques qui "tombent sur le bas des hanches" sans "s’arrêter à la ceinture du pantalon" et des jupes et robe "opaques et d’une longueur décente".

Une enquête demandée par Pap Ndiaye

Les relations entre garçons et filles sont également surveillées de près. Stanislas, "attentif à la formation de l’homme et de la femme et de leur construction affective suivant leur cheminement propre", offre ainsi aux parents de choix de scolariser leurs enfants dans des classes mixtes ou non-mixtes au collège. "Cette attention exigeante exclut tout comportement de 'petit couple' entre élèves", peut-on encore lire dans les "règles de vie.

Ces dernières années, le collège-lycée a fait l'objet de plusieurs enquêtes journalistiques signées notamment par L'Express. En juin 2022, Médiapart pointait du doigt un "univers sexiste, homophobe et autoritaire". Cet article évoquait ainsi les "insultes homophobes omniprésentes, les intervenants proches de La Manif pour tous demandant la 'chasteté' aux élèves homosexuels, et les membres de l'Église invités pour vanter les thérapies de conversion, désormais interdites par la loi."

Ces révélations ont amené Pap Ndiaye, alors ministre de l’Éducation nationale, a saisir en février 2023 l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche pour mener une enquête administrative sur Stanislas. C'est son successeur, Gabriel Attal, nouveau Premier ministre, qui s'est vu remettre le rapport l'été dernier. Son contenu, lui, n'a pas été rendu public.

Article original publié sur BFMTV.com