"Nous allons repartir au combat": comment la gauche veut encore aller plus loin sur l'IVG

Aller plus haut. Lundi 4 mars, les parlementaires réunis en Congrès au château de Versailles ont très largement voté en faveur de l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Mais à la tribune de l'hémicycle de l'aile du Midi avant le vote et, post-vote, dans les travées et les médias, la gauche a exprimé son envie d'aller plus loin.

Que ce soit au niveau européen, au niveau mondial ou encore sur la clause de conscience, elle a déjà lancé les débats pour l'étape d'après la constitutionnalisation de l'IVG.

Faire de la France le phare de toutes les femmes

Fer de lance des luttes féministes au Sénat, la socialiste Laurence Rossignol a appelé dans son discours du 4 mars devant les 925 parlementaires à "continuer pour celles qui résistent".

"Nous allons continuer pour celles qui résistent à Trump, à Bolsonaro, à Orban, à Milei, à Poutine, à Giorgia Meloni [...] aux mollahs, aux dictateurs théocratiques" a déclaré la sénatrice entraînant une ovation debout de ses collègues, RN exclu.

Protéger l'IVG au niveau européen

À peine les résultats du vote tombés, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée Mathilde Panot a affirmé de son côté aux journalistes présents à Versailles lundi 4 mars que le "combat" reprendrait dès le lendemain.

"Nous allons fêter une victoire historique et dès demain, nous allons repartir au combat", a-t-elle déclaré, émue par l'issue du scrutin.

Celle qui est à l'origine de la première proposition de loi sur la constitutionnalisation de l'IVG à l'AN a ainsi annoncé que La France Insoumise allait déposer un nouveau texte. Celui-ci va enjoindre au gouvernement de faire inscrire le droit à l'IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE. Et le protéger ainsi à l'échelle européenne.

Déposé lundi soir, ce texte devrait être examiné "très bientôt", a-t-elle informé ce jeudi 5 mars au matin, lors d'une conférence de presse de son groupe à l'Assemblée.

Sa proposition de résolution, qui n'aurait pas de valeur contraignante en cas d'adoption, appelle le gouvernement à "se mobiliser diplomatiquement auprès des États membres de l'Union et de la Commission européenne afin que la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne garantisse le droit à l'avortement", ont précisé nos collègues de l'AFP.

La sénatrice écologiste Mélanie Vogel, très engagée elle aussi pour l'inscription de l'IVG, a elle également plaidé après le vote au Congrès pour porter ce droit au niveau européen, et l'inscrire dans la Charte des droits fondamentaux. Une proposition également soutenue par les sénateurs socialistes.

Supprimer la clause de conscience

Enfin, LFI pousse pour la suppression de la clause de conscience des médecins. Tandis que Mathilde Panot l'évoquait dans sa conférence de presse ce matin, Manuel Bompard en remettait une couche au même moment dans l'émission Télématin sur France 2. Selon lui et de nombreuses militantes féministes, l'inscription de l'IVG dans la Constitution protège certes son accès, mais ne le permet pas plus facilement.

"Une femme sur quatre" a déclaré Manuel Bompart est obligée actuellement en France de changer de département pour avoir recours à l'IVG. En réalité seuls 17% des avortements ont été réalisés en dehors du département de résidence des patientes, d’après une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Au-delà de l'inégal accès au soin sur le territoire, les femmes doivent faire face à un manque de professionnels pratiquant les avortements. Un rapport parlementaire en 2022 mené par la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée pointe en effet "un désintérêt à l’égard d’un acte médical peu valorisé et considéré comme peu valorisant. La charge du maintien effectif de ce droit repose essentiellement sur une poignée de praticiens militants dont beaucoup se trouveront bientôt à la retraite".

Supprimer la clause de conscience permettrait pour Manuel Bompard d'enlever une "entrave" et un "obstacle" à l'effectivité du droit à l'IVG.

Pour le moment, le gouvernement tempère sur cette clause de conscience que les sénateurs républicains voulaient d'ailleurs inscrire dans la Constitution au même titre que la liberté garantie d'avoir recours à l'IVG.

"Le médecin qui ne voudra pas [pratiquer une IVG, ndlr] aura évidemment le droit et la liberté de ne pas vouloir. On ne va pas violer les consciences. Et ça, c’est d’ores et déjà garanti par la Constitution", déclarait dimanche 3 mars Éric Dupond-Moretti sur Radio J.

Article original publié sur BFMTV.com