Alexia Laroche-Joubert : "Les gens me regardaient comme si j’étais une merde. C’était hyper dur pour moi"

Quand on pense à la Star Academy, on pense immédiatement à Alexia Laroche-Joubert. À la fois productrice et directrice lors de son lancement, cette femme d'affaires a marqué les esprits. De son combat pour l'égalité hommes/femmes, à son rôle à Miss France en passant par le retour du programme phare de TF1, Alexia Laroche-Joubert s'est confiée en toute transparence pour Yahoo.

Le retour de la Star Academy est dans tous les esprits. Et si la nouvelle promotion, ainsi que le nouveau corps professoral, font parler d'eux, les téléspectateurs les plus nostalgiques n'oublient pas les premiers visages de l'émission. Parmi eux figure Alexia Laroche-Joubert. Productrice du programme au cours des saisons 1 à 8, elle a également été la directrice du château de Dammarie-lès-Lys. Déjà femme d'affaires à cette époque, la fille de Patrick Laroche-Joubert et Martine Gabarra est devenue une personnalité publique grâce à la Star Academy. Et si le succès de cette télé-réalité musicale était au rendez-vous, c'est en grande partie grâce à sa productrice, qui s'y est donnée corps et âme... Mais également grâce à Jean-Pascal Lacoste. "C’est probablement lui qui a fait que la Star Ac’. On a compris que c’était une école", a-t-elle démarré, avant de préciser : "Il me fallait le mauvais élève qui était en fond de classe, qui au final, se révèle être le plus gros vendeur de disques."

"C'est mon meilleur souvenir de la Star Ac'"

Alexia Laroche-Joubert garde un très bon souvenir de ses années passées à la "Star Academy". Son plus beau souvenir est sans conteste la victoire de Grégory Lemarchal en 2004. Elle s'en souvient d'ailleurs comme si c'était hier. "Ce cri qui sort du tréfonds de lui-même quand on lui dit qu’il a gagné. Un truc de rage, de survie", se remémore-t-elle tendrement. Et si la mère de deux filles a vécu le retour de l'émission phare de TF1 avec quelques difficultés, elle a reconnu qu'elle n'aurait pas été capable de reprendre les commandes du show télévisé. "Je pense que j’aurais été incapable de le produire aujourd’hui. J’ai tellement connu un truc de dingue, que je pense que j’aurais été frustrée, au final de le produire", a-t-elle reconnu.

Être à la fois "à l'intérieur et à l'extérieur" de la Star Academy lui a ouvert de nombreuses portes. Alexia Laroche-Joubert est la première à le reconnaître. Son visage et son nom étaient dans tous les esprits. "La popularité pour moi, ça a été d’avoir des places au restau et d’avoir des fringues gratos", s'est-elle amusée. Puis, elle a ajouté plus sérieusement : "Et c’est vrai que moi, en tant que cheffe d’entreprise, j’appelle n’importe qui, quand je dis ‘Alexia Laroche-Joubert’, à cause de la Star Ac’, les gens savent qui je suis, donc ils me prennent au téléphone." Quelques avantages très appréciables.

"On faisait 7 millions tous les jours et les gens me regardaient comme de la merde"

Au cours de sa carrière, Alexia Laroche-Joubert a été confrontée à de nombreuses épreuves. La plus difficile a sûrement été d'évoluer dans un milieu très masculin. "Il y a 122 ou 142 sociétés de production de flux qui sont référencées sur Wikipédia et nous ne sommes que 6 présidentes", a-t-elle déploré au cours de son interview. Et si elle pense que les hommes sont très attachés à "la troisième mi-temps", elle assure qu'il est difficile d'intégrer cette "confrérie", comme elle la surnomme. Pour elle, les femmes doivent donc créer une sorte de "sororité". Cependant, elle a tenu à souligner l'importance de "pardonner aux femmes". "Les hommes se pardonnent entre eux. Les femmes, comme on a mis tellement de temps à y arriver, dès qu’une femme fait une erreur, on est beaucoup plus dures, comme si on devait lui donner une leçon", a-t-elle déclaré. La compagne de Mathieu Grinberg, un directeur de plusieurs hôtels, a d'ailleurs donné un petit conseil à toutes les femmes. "Ce qui est très important, c’est qu’on se voit pour se raconter nos tips de négociations", a-t-elle assuré. Un conseil qu'elle a appliqué avec Justine Planchon, qui a été nommée à la présidence des flux de Média One, sa concurrente directe.

Au cours de notre entretien, la femme d'affaires de 52 ans est revenue sur une expérience quelque peu traumatisante. "Je me rappelle quand j’allais à Cannes, il y a 20 ans, je produisais une émission qui s’appelait 'Exclusif'. On faisait, je ne sais pas, genre 7 millions tous les jours", a-t-elle démarré, avant d'ajouter : "J’arrivais à Cannes, les gens me regardaient comme si j’étais une merde. Je racontais leur boulot, je mettais leurs bandes-annonces, je faisais 7 millions, et les gens me méprisaient parce qu’ils faisaient partie du septième art. Et c’était hyper dur pour moi." Une période bien révolue puisqu'à présent, elle est un personnage emblématique du monde des médias.

Alexia Laroche-Joubert a connu une carrière exceptionnelle. Sa plus grande fierté ? "Je viens d’être lauréate de 100 femmes de culture. Que d’un seul coup, on reconnaisse que même si je n’ai participé qu’à la culture populaire, c’est tout de même une culture. J’ai éprouvé une satisfaction. D’un seul coup, j’avais l’impression d’être respectée", nous a-t-elle confié, avec des yeux qui brillaient.

"C’était tellement déplacé de faire ça il y a 20 ans. J’étais complice de ça et c’est des erreurs que je ne ferai plus"

Si à présent, Alexia Laroche-Joubert prône des valeurs fortes et se bat pour la cause des femmes, il y a tout de même un détail qu'elle regrette concernant la toute première gagnante de la "Star Academy". Elle s'est souvenue d'un événement qui l'a marqué. "Il y a 20 ans, quand on a fait la fiche sur Jenifer, il y avait son tour de poitrine, c’était rigolo, mais c’était tellement déplacé en fin de compte", a-t-elle reconnu. Puis, elle a précisé : "Alors j’étais à l’époque dans un monde d’hommes. C’est probablement une explication parce que les hommes étaient plus intéressés que moi par le tour de poitrine de Jenifer. Mais c’est vrai que j’étais complice de ça." Pour conclure, elle a assuré : "Et ce sont des erreurs que je ne ferai plus."

"J’ai ouvert Miss France à beaucoup plus large. Il n’y a plus de limite d’âge et on peut être maman"

Si Alexia Laroche-Joubert est une féministe, qui se bat pour l'égalité homme-femme, elle n'est pas "révolutionnaire". C'est exactement ce qu'elle a tenu à faire depuis qu'elle est à la tête du comité Miss France. Elle désire créer des changements, sans tout bouleverser. Pour elle, "être Miss France en 2022, c’est un accélérateur social." Même si la productrice est consciente que ce concours de beauté est souvent pointé du doigt par les féministes, elle a tenu à rappeler que toutes les femmes qui participent le font par choix, et non par contrainte. De plus, elle a assuré : "Toutes les Miss France sont autonomes, et je pense que c’est ça le féminisme. C’est donner aux femmes le moyen d’être autonomes." Depuis son arrivée à la présidence, Alexia Laroche-Joubert a déjà opéré quelques changements dans le règlement qui lui tenaient à coeur. "Je l’ai ouvert à beaucoup plus large, c’est-à-dire, pas de limite d’âge", a-t-elle signalé. Et d'ajouter : "Le faite qu’on puisse être maman, c’est vrai que moi, j’étais maman quand il m’est arrivé un drame, j’ai perdu le père de ma fille et pourtant, je suis arrivée à bosser. Je ne vois pas pourquoi des Miss France ne pourraient pas bosser. Et j’ai fait évoluer beaucoup le spectacle." Un état d'esprit salué par de nombreux Français.

"Les femmes gagnent plus d'argent"

L'un de ses combats personnels a été de prouver que les femmes de la télé-réalité n'avaient pas qu'un physique, mais également un cerveau et du caractère. D'ailleurs, elle reconnaît facilement que les candidats de télé-réalité qui gagnent le plus d'argent sont pour la plupart des femmes. "Est-ce que c’est le syndrome de Marilyn Monroe, c’est-à-dire, j’ai un physique de rêve, je gagne beaucoup d’argent, mais je suis profondément seule ?" s'interroge-t-elle. Mais au final, en prenant en exemple Caroline Receveur, Jessica ou encore Nabilla, elle s'est rendue compte que non. "Elles sont mariées avec des enfants et elles ont une vie de famille, ce qui n’était pas le cas de Marylin. Donc je pense qu’elles ont trouvé un équilibre."

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