Alertes à la bombe dans les lycées, aéroports ou sites touristiques : que risquent les auteurs de fausses alertes ?

Établissements scolaires, aéroports, Louvre, château de Versailles… Les fausses alertes à la bombe, en pleine recrudescence, peuvent être lourdement punies.

Un policier devant la cité scolaire Gambetta-Carnot, à Arras, lors de son évacuation après une alerte à la bombe, le 16 octobre 2023.
DENIS CHARLET / AFP Un policier devant la cité scolaire Gambetta-Carnot, à Arras, lors de son évacuation après une alerte à la bombe, le 16 octobre 2023.

FRANCE - Les alertes à la bombe se multiplient ces derniers jours en France, alors que le niveau Vigipirate a été relevé après l’assassinat vendredi d’un enseignant dans un lycée d’Arras.

Ce mercredi 18 octobre, le château de Versailles a ainsi de nouveau été la cible d’une alerte à la bombe et était en cours d’évacuation vers 13h.

Par ailleurs, plusieurs aéroports ont fait l’objet d’évacuation dans la matinée après des « menaces d’attentats » reçues par courriel. Au moins 12 aéroports régionaux ont vu leur trafic perturbé et leurs aérogares inspectés par les services de déminage : Lille, Lyon (Bron), Nantes, Nice, Toulouse, Beauvais, Strasbourg, Pau, Bordeaux, Biarritz, Lourdes et Carcassonne.

Face à cette recrudescence de (fausses) alertes à la bombe, leurs auteurs, s’ils sont retrouvés, s’exposent à un procès au cours duquel ils risquent une peine importante.

Deux ans de prison

Selon l’article 322-14 du code pénal, « le fait de communiquer ou de divulguer une fausse information dans le but de faire croire qu’une destruction, une dégradation ou une détérioration dangereuse pour les personnes va être ou a été commise est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. » C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes après la « levée de doute effectuée par les démineurs ».

Les prévenus peuvent aussi être condamnés à verser des dommages et intérêts aux victimes (personnes physiques ou morales) qui se seraient constituées parties civiles. Ces dommages et intérêts peuvent servir à rembourser les frais engagés pour avoir fait déplacer la police ou les secours, sécuriser un établissement scolaire, entreprendre des fouilles…

« Ce n’est pas un phénomène nouveau, mais ça intervient dans un contexte particulier. Et avec ce qu’on vient de vivre, nous ne sommes pas à l’abri d’un effet de mimétisme », analyse Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative police CFDT, auprès de BFMTV.

La majeure partie de ces alertes à la bombe concernent des établissements scolaires. Rien que depuis la rentrée de septembre, les écoles, collèges et lycées de France ont été la cible de 168 alertes à la bombe, a dénoncé en début de semaine le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, trois jours après l’assassinat du professeur Dominique Bernard au collège-lycée Gambetta à Arras. L’établissement a d’ailleurs été ciblé par une alerte à la bombe lundi, jour de l’hommage national à ce professeur de français, poignardé à mort vendredi par un jeune assaillant.

Les policiers interviennent systématiquement

Ce mercredi, le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a averti que « les petits guignols » auteurs de fausses alertes à la bombe ou à l’attentat seraient « retrouvés (et) punis et leurs parents seront tenus de rembourser les dommages et intérêts qu’ils ont causés » s’ils sont mineurs. Le garde des Sceaux a fustigé des « plaisanteries qui font naître la psychose », alors qu’il effectuait une visite d’inauguration d’un centre de détention rénové à Fleury-Mérogis, en Essonne.

Quatre mineurs âgés de 13 ans et 14 ans ont ainsi été placés en garde à vue lundi pour de fausses alertes visant un collège de Champigny-sur-Marne. Trois autres, âgés de 15 à 16 ans, viennent eux d’être renvoyés devant la justice des mineurs du Val-de-Marne pour des faits similaires mais distincts.

« Toutes les alertes, sans exception, sont prises au sérieux », assure auprès de BFMTV le syndicaliste d’Alternative police CFDT Denis Jacob. Dans tous les cas, et même si la menace semble farfelue, les forces de l’ordre interviennent systématiquement, ce qui a entraîné ce nombre important d’évacuations récentes, notamment de hauts lieux touristiques.

Le château de Versailles avait ainsi déjà été évacué samedi après-midi et mardi. Sur la seule journée de samedi, en plus de Versailles, le musée du Louvre et la gare de Lyon avaient eux aussi dû être évacués.

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