Alerte aux streptocoques et pénurie d’amoxicilline, comment éviter « la crise majeure » pour les enfants

A pediatric doctor tends to a baby hospitalised at the pediatric emergency unit at the Robert Debre hospital in Paris on October 28, 2022. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP) / “The erroneous mention[s] appearing in the metadata of this photo by ALAIN JOCARD has been modified in AFP systems in the following manner: [pediatric doctor] instead of [nurses]. Please immediately remove the erroneous mention[s] from all your online services and delete it (them) from your servers. If you have been authorized by AFP to distribute it (them) to third parties, please ensure that the same actions are carried out by them. Failure to promptly comply with these instructions will entail liability on your part for any continued or post notification usage. Therefore we thank you very much for all your attention and prompt action. We are sorry for the inconvenience this notification may cause and remain at your disposal for any further information you may require.”

SANTÉ - Le système de soins n’avait pas besoin de ça. En pleine épidémie de bronchiolite, la Direction générale de la Santé a adressé une alerte, ce mardi 6 décembre, aux soignants sur la hausse « inhabituelle » des infections aux streptocoques de groupe A. Ces bactéries se traduisent fréquemment par des angines mais peuvent déboucher sur des infections plus graves. La DGS évoque notamment le décès à l’hôpital ces derniers jours de deux enfants à cause de complications.

Serait-ce le début de la « crise majeure en pédiatrie » évoquée il y a quelques jours par la Société française de pédiatrie (SFP) et la Société de pathologie infectieuse de langue française ? Dans une interview au HuffPost, le secrétaire général de la SFP, le professeur Romain Basmaci, appelle médecins et parents à la vigilance d’autant que la pénurie d’amoxicilline -l’antiobiotique le plus prescrit chez les enfants- n’est pas jugulée.

Deux semaines après votre alerte sur l’imminence d’une « crise majeure en pédiatrie », quel bilan faites-vous de la situation actuelle ?

La situation est toujours très tendue concernant l’approvisionnement des formes pédiatriques de suspensions buvables sur l’amoxicilline. Et on a peu de souplesse avec les comprimés adultes orodispersibles qui sont sécables et peuvent être dilués. Cela implique que les médecins prescripteurs soient au fait, comme les pharmaciens. Mais cela implique surtout d’avoir plus que jamais une prescription raisonnée d’antibiotiques, en en prescrivant seulement quand c’est nécessaire.

C’est-à-dire ?

Les antibiotiques ne sont pas un traitement de la fièvre. On ne traite pas la rhinopharyngite, la bronchiolite, la bronchite avec des antibiotiques. Et on ne traite pas non plus les angines virales avec des antibiotiques. Cela suppose de se donner les moyens de détecter l’origine de l’angine.

Comment faire ?

L’angine peut-être liée à une bactérie, notamment le streptocoque A, ou à un virus. Avant l’âge de 3 ans, les angines sont virales. Chez l’enfant de plus de 3 ans, le seul moyen de faire la différence c’est de faire un test de diagnostic rapide avec un écouvillon dans la gorge. Le résultat est là en 5 minutes. S’il est positif, on prescrit de l’amoxicilline mais s’il est négatif, il ne faut pas en prescrire.

« Le slogan ’les antibiotiques, c’est pas automatique’ est plus que jamais d’actualité.

Est-ce à dire qu’il y a un lien entre la pénurie d’amoxicilline et l’alerte lancée par la DGS sur la « hausse inhabituelle » des infections à streptocoques A ?

Pour l’instant, on trouve des antibiotiques donc ce n’est pas cela qui explique la recrudescence ; elle arrive dans un contexte de flambée de pleins d’infections virales et bactériennes. En revanche, ça va rendre plus difficile encore le traitement de ces infections à strepto A sévères car l’amoxicilline est le médicament le plus adapté à ces pathologies infantiles.

Donc si on n’a plus d’antibiotiques à disposition, les formes graves d’angines ou d’otites peuvent se multiplier, et il sera également difficile de traiter les autres infections sévères comme les pneumonies ou les infections ostéoarticulaires. C’est là que se trouve le risque majeur de santé publique contre lequel nous avons alerté mi-novembre.

Y a-t-il un message à faire passer aux parents ?

Le premier est l’importance de revenir aux mesures barrières qui sont les meilleurs remèdes contre la circulation des infections virales et bactériennes : lavage des mains et port du masque dans les endroits confinés. Le second est que le bon usage des antibiotiques concerne tout le monde : les prescripteurs, les pharmaciens mais aussi les malades. Le slogan « les antibiotiques, c’est pas automatique » est plus que jamais d’actualité.

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