Les agriculteurs poursuivent leurs blocages avec une « rage » puisée dans la mort d’une agricultrice mardi

AGRICULTURE - En Gironde, comme sur de nombreuses autres routes de l’Hexagone, la « rage » est devenue le principal mot d’ordre. Déjà mobilisés avec force depuis la semaine dernière pour exprimer leur malaise, les agriculteurs ont trouvé un nouveau facteur de mobilisation avec la mort d’Alexandra, agricultrice et mère de famille décédée mardi après avoir été fauchée par une voiture sur un barrage d’agriculteurs en Ariège.

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Par conséquent, la mobilisation s’accentue encore en France ce mercredi 24 janvier, avec des barrages routiers de plus en plus présents pour faire pression sur le gouvernement Attal et ainsi obtenir des réponses à leur colère mais aussi à leurs revendications parfois très diverses.

Ce mercredi, c’était particulièrement le cas à Bordeaux, où cet axe névralgique entre la capitale française et l’Espagne a été ciblé très tôt par les manifestants. Ainsi, les voies de la rocade bordelaise étaient occupées par près de 200 tracteurs avant six heures du matin. À hauteur de l’échangeur avec l’A89/N89 (direction Clermont-Ferrand), les voies ont même été coupées dans les deux sens de la circulation, comme vous pouvez le voir sur les images ci-dessous.

Ils ont néanmoins laissé libre une des trois voies, dans chaque sens, afin de laisser passer les services d’urgence, selon les constatations de l’AFP sur place. Selon la préfecture du département, interrogée au micro de France Bleu, près de 150 tracteurs, 60 véhicules légers et plusieurs centaines de personnes étaient rassemblés aux aurores sur la rocade bordelaise.

Ce mercredi matin, Bison Futé faisait part d’un bouchon de 7 km et d’une coupure sur l’A10 en direction de Bordeaux, du fait de cette action.

De nombreux axes bloqués

Mais Bordeaux n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Ce mercredi, à l’aube, la préfecture de la Creuse indiquait sur X que la RN145 était bloquée dans le sens Guéret/Limoges à partir de l’échangeur 54. L’A4 devrait également être bloquée aux alentours de Strasbourg dès la mi-journée.

D’autres routes de France sont concernées par la mobilisation comme à Bayonne et Pau (A63 et A64), autour de Lyon (M6, A47), sur l’A7 d’Orange à Montélimar, entre Valence et Grenoble (A49), entre Saint-Amand-Montrond et Bourges (A71), la rocade d’Orléans ou de nombreuses voies rapides de Bretagne (notamment la RN12).

De multiples autres ronds-points, péages ou bretelles d’autoroutes doivent être occupés ce mercredi, sans compter les nouvelles opérations escargots prévues après celles observées mardi. À Angoulême, la coordination rurale a également annoncé vouloir sensibiliser les visiteurs du festival de BD d’Angoulême à « la cause des agriculteurs ». Le Festival International de la Bande Dessinée doit démarrer jeudi.

Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs comptent poursuivre le barrage filtrant mis en place sur un péage de l’A29 près d’Amiens (Somme), et organiser de nouvelles manifestations dans l’Aisne et le Pas-de-Calais notamment, où selon la préfecture de région, « l’accès aux différentes plateformes telles que le tunnel sous la Manche et le port desservant l’Angleterre est susceptible d’être perturbé » .

Alexandra leur donne « la rage de continuer »

Et si la mobilisation se poursuit avec autant de vigueur ce mercredi, c’est surtout pour faire pression sur le gouvernement, qui a continué de recevoir mardi soir les représentants de la profession. Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs lundi, la Coordination rurale, deuxième syndicat, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis mardi soir du bureau de Gabriel Attal sans appeler à lever les blocages après un échange jugé « constructif » mais accouchant de propositions « insuffisantes ».

Pour Yoan Joannic, 20 ans, agriculteur dans le sud de la Gironde, la contestation a surtout été renforcée ces dernières heures par la mort d’une éleveuse et sa fille percutées par une voiture lors d’un blocage. La mort d’Alexandra leur donne « la rage de continuer », confirme-t-il à l’AFP. « On a commencé, maintenant on continue ! », a encore affirmé ce jeune agriculteur qui ne trouve plus la motivation nécessaire dans les conditions actuelles.

Jachère, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole… Les cultivateurs et éleveurs français n’ont pas tous les mêmes demandes mais partagent généralement un malaise similaire quant à leur avenir. Ils sont très souvent écartelés entre désir de produire et d’exporter, et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.

Ailleurs qu’en France, la mobilisation se poursuit aussi dans des conditions similaires, avant une réunion de la Commission européenne jeudi pour tenter de trouver un terrain d’entente et espérer trouver une voie commune pour mêler transition écologique et agriculture à l’avenir.

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