Agressions sexuelles à Saint-Cyr: le commandant de l'école fait un quatrième signalement à la justice

"Il ne peut y avoir de culture du silence dans nos rangs". Quelques jours après le lancement d'une mission d'inspection sur les violences sexuelles dans les armées, le commandant de l'académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan) a annoncé ce jeudi 18 avril dans un entretien accordé à Ouest-France que trois enquêtes sont ouvertes par le parquet de Rennes pour des agressions sexuelles dans l'école et qu'un quatrième signalement vient d'être fait auprès de l'institution judiciaire.

"À la suite de signalements de faits graves, le commandement a saisi le parquet de Rennes pour trois affaires", a d'abord confirmé Hervé de Courrèges.

Une première enquête interne a été ouverte en juillet dernier et a donné lieu à une sanction de 30 jours d'arrêt pour la personne mise en cause et la résiliation de son contrat avec l'armée de Terre. "Il n’est donc plus militaire. De plus, cette affaire est toujours instruite par le parquet", a précisé le commandant.

Quant à la victime, elle est toujours à l'académie militaire. "Notre ligne de conduite est d’écouter les victimes et de les protéger", a assuré Hervé de Courrèges.

Un quatrième signalement

Deux autres signalements ont ensuite été faits auprès du parquet mais les enquêtes internes "n'ont pas permis de vérifier les faits supposés". Même dans ces cas-là, des "mesures d’éloignement des deux parties prenantes" ont été prises "pour qu’elles ne soient pas amenées à se fréquenter."

Un quatrième signalement a été fait auprès du parquet après l'enquête de France Télévisions révélant que, d'après un membre de l'école, un officier a embrassé de force une élève en juillet dernier.

"Je souhaite que toute la lumière soit apportée sur ce fait présumé qui serait très grave. C’est pourquoi je fais là aussi un signalement au parquet", a annoncé Hervé de Courrèges à Ouest-France. "Je n'accepterai pas que de tels agissements ne soient pas punis, ni que certains tentent de les couvrir. Il ne peut y avoir de culture du silence dans nos rangs."

"Toute victime doit être écoutée"

Le 12 avril, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé le lancement d'une mission d'inspection sur les violences sexuelles dans les armées, estimant que c'est "à l'agresseur de sortir du rang" et rappelant que "toute victime doit être écoutée, entendue protégée".

Une annonce qui faisait notamment suite au témoignage fin mars d'une ancienne militaire de la Marine nationale qui dénonçait la condamnation dérisoire d'un de ses anciens camarades qui avait pourtant reconnu des dizaines d'agressions sexuelles à son encontre.

En 2023, 167 signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont été adressés à la hiérarchie des armées et 59 traités par la cellule Thémis, soit un total de 226 cas qui ont fait l'objet de l'ouverture d'un dossier.

Article original publié sur BFMTV.com