Affaire Xavier Dupont de Ligonnès : que sait-on de la communauté des sœurs de Béthanie ?

Après l'annonce d'une nouvelle piste dans l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès, cette communauté religieuse fondée au XIXe siècle se retrouve en pleine lumière.

Les Sœurs Dominicaines de Béthanie propulsées en pleine lumière (Photo : Los Angeles Times via Getty Images)

Un fugitif chez les bonnes sœurs ? Près de treize ans après le quintuple assassinat de sa femme et de ses enfants, dont il est fortement soupçonné, Xavier Dupont de Ligonnès est toujours introuvable. L'enquête le concernant vient cependant d'être relancée par le témoignage d'une femme pensant l'avoir vu dans la commune de Montferrand-le-Château (Doubs), "au sein de la communauté des sœurs de Béthanie".

Alors que des vérifications ont été effectuées sur place et que des analyses sont en cours, la congrégation catholique se retrouve donc projetée par surprise au cœur de l'actualité. Depuis sa fondation au milieu du XIXe siècle, cet ordre religieux est en effet habitué à plus de discrétion.

Béthanie, le "village de l'amitié"

Comme l'explique son site officiel, la communauté des Dominicaines de Béthanie a été créée en 1866 par un prêtre, le Père Lataste. Celui-ci venait de passer deux ans à prêcher dans une prison pour femmes et avait été marqué par cette expérience au point d'avoir "l’inspiration de fonder une nouvelle famille religieuse, où toutes les Sœurs, quel que soit leur passé, seraient unies dans un même amour et une même consécration".

Placée sous le patronage de Sainte Marie-Magdeleine, la congrégation tire son nom de son affiliation à l'ordre de Saint-Dominique et d'une référence biblique, le village de Béthanie. Comme l'explique La Croix, ce lieu situé sur la route de Jérusalem est connu dans la tradition chrétienne comme le "village de l'amitié".

Une communauté religieuse qui accueille des femmes à leur sortie de prison

Conformément à la volonté initiale de son fondateur, l'ordre des Dominicaines de Béthanie n'a cessé depuis un siècle et demi de réunir "dans une même forme de vie contemplative" des femmes provenant d'horizons divers, parfois avec des parcours de vie très difficiles. Plus précisément, comme l'indique L'Est Républicain, l'ordre "a pour vocation d’accueillir des femmes à leur sortie de prison et de leur permettre de devenir religieuses, sans distinction entre elles et les autres sœurs".

En 1866, une première communauté s'installe dans un couvent de Montferrand-le-Château, non loin de Besançon. Le Père Lataste décède peu de temps après, mais la cofondatrice de la congrégation, Mère Henri-Dominique, passera les quarante années suivantes à ouvrir des couvents de Béthanie en France et en Belgique, pérennisant cet ordre religieux.

"Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints"

Les Dominicaines de Béthanie se sont ainsi diffusées au-delà de nos frontières et aujourd'hui, il existe notamment des filiales de la congrégation en Italie, en Suisse et aux États-Unis. La réhabilitation par la foi de femmes passées par la prison reste au cœur de la démarche de cet ordre religieux, suivant l'aphorisme de son fondateur : "Les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints. Qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour ?"

Le couvent originel situé dans la petite bourgade franc-comtoise a ainsi continué d'accueillir de nouvelles pensionnaires, décennie après décennie. Un second lieu d'accueil a d'ailleurs récemment été ouvert dans la même commune. À ce stade, on ne sait pas dans lequel des deux couvents le signalement a été fait. Si rien n'indique que la personne aperçue était bien Xavier Dupont de Ligonnès, il convient de rappeler que le disparu était un fervent chrétien pratiquant et que ce n'est pas la première fois que les enquêteurs étudient une piste en lien avec la religion.