Affaire Naomi Musenga: une nouvelle expertise écarte l'intoxication au paracétamol

Des proches de Naomi Musenga défilent lors d'une marche blanche le 16 mai 2018 à Strasbourg. - FREDERICK FLORIN © 2019 AFP
Des proches de Naomi Musenga défilent lors d'une marche blanche le 16 mai 2018 à Strasbourg. - FREDERICK FLORIN © 2019 AFP

Le décès de Naomi Musenga, une jeune Strasbourgeoise décédée fin 2017 après avoir été raillée par une opératrice du Samu, est due à une hémorragie abdominale, selon les conclusions d'une nouvelle expertise qui écarte la thèse d'une intoxication au paracétamol, évoquée dans un premier rapport.

"Les éléments de gravité évidents sont en faveur de l'hypothèse (...) d'un choc multifactoriel avec une composante hémorragique évidente avec retentissement circulatoire et métabolique", indique dans ses conclusions, consultées mardi par l'AFP, cette nouvelle expertise. Celle-ci a été réalisée dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en juillet 2018 pour "non-assistance à personne en péril" et "homicide involontaire", visant notamment l'opératrice.

L'appel de détresse de Naomi, traité avec mépris par une régulatrice du Samu, avait soulevé une énorme vague d'indignation en France après la diffusion de la bande sonore de leur échange dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Un "accident vasculaire digestif"

"Le décès de Madame Naomi Musenga est lié à l'évolution dramatique d'un état de choc d'origine abdominal", estiment les experts, selon lesquels "il faut écarter le diagnostic d'hépatite fulminante au paracétamol", combattu par la famille de la jeune femme.

Cette dernière a été victime d'un "accident vasculaire digestif" qui a entraîné une hémorragie, a résumé le Professeur Christian Marescaux, ancien chef de l'unité neuro-vasculaire aux Hôpitaux universitaire de Strasbourg (HUS), qui était présent aux côtés des proches de Naomi lors de leur conférence de presse au début de l'affaire.

"C'est une première victoire", a réagi Louange Musenga, la soeur de Naomi. "On en a marre (qu'elle) soit incriminée pour s'être tuée elle-même (...) par automédication, ce qui est totalement faux", a-t-elle poursuivi, expliquant que les proches de Naomi avaient également financé une expertise privée qui balaie aussi la thèse du paracétamol. 876450610001_6100550990001

Un premier rapport "erroné"

Le rapport judiciaire, obtenu par la famille auprès de la Cour d'appel de Colmar, ne relève aucune "carence" ou "anomalie" dans la prise en charge de Naomi mais contredit les conclusions d'un premier rapport remis quelques mois après la mort de la jeune femme, décédée le 29 décembre 2017.

Selon les conclusions de cette première expertise, elle était décédée d'une "intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours".

Ce rapport "était erroné, clairement", a estimé Christian Marescaux, qui n'a jamais cru à l'hypothèse de l'intoxication au paracétamol.

"Cette erreur qui dure depuis quatre ans a empêché de réfléchir au type de pathologie qu'avait Naomi" et à sa prise en charge dans les cas d'urgence, a estimé le neurologue. Celui-ci avait déjà dénoncé publiquement en 2014 des dysfonctionnements aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg dans la prise en charge des patients victimes d'AVC.

Article original publié sur BFMTV.com