Affaire Chalureau : Yannick Larguet, l’une de ses victimes, prend la parole et dit avoir reçu des menaces

Affaire Chalureau : Yannick Larguet, l’une de ses victimes, prend la parole et donne sa version des faits (Photo de Bastien Chalureau prise au tribunal de Toulouse le 14 novembre 2023)
VALENTINE CHAPUIS / AFP Affaire Chalureau : Yannick Larguet, l’une de ses victimes, prend la parole et donne sa version des faits (Photo de Bastien Chalureau prise au tribunal de Toulouse le 14 novembre 2023)

SPORT - Bastien Chalureau, joueur de l’équipe de France de rugby, a été condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour une agression raciste contre deux hommes, en janvier 2020 à Toulouse. Le 14 novembre, l’avocat général a requis une peine de huit mois de prison avec sursis en appel. L’une des deux victimes, l’ancien rugbyman Yannick Larguet, s’est exprimé dans les colonnes de l’Équipe ce mardi 21 novembre pour évoquer l’affaire et donner sa version des faits.

Pour l’homme de 43 ans, qui a assisté au procès, il n’est « plus possible » de se taire, alors qu’il a gardé le silence pendant la Coupe du monde pour « supporter et préserver l’équipe de France », mais aussi pour protéger sa famille. Car aujourd’hui, face aux propos de Bastien Chalureau lors de son procès, Yannick Larguet doit rétablir sa vérité.

« Quand je lis dans vos colonnes dernièrement qu’il affirme que les victimes mentent et quand j’entends que cette histoire, ce n’est rien d’autre qu’une bagarre, qu’une altercation...  Entre les lignes, ça veut dire que c’était une bagarre de nuit, entre des rugbymen ivres. Ce n’est pas la vérité. », dit-il à L’Équipe.

Menaces de mort et insultes

Et de poursuivre : « Quand on se fait frapper par-derrière en rentrant dans un parking, en se faisant traiter de bougnoules, ce n’est pas une bagarre. C’est de la couardise la plus extrême. Dans une bagarre, il y a deux personnes face à face qui veulent en découdre. La sémantique est importante. Là, c’est une agression motivée. »

Yannick Larguet précise que Bastien Chalureau l’a contacté le lendemain de l’agression « pas de son plein gré », mais ne s’est excusé « à aucun moment ». « Il voulait savoir comment on pouvait s’arranger, régler l’affaire sans qu’elle s’ébruite. Tout de suite, j’ai compris que ça n’allait pas bien se passer. », confie-t-il.

Quant aux menaces de mort que Bastien Chalureau dit avoir reçues depuis cette affaire, Yannick Larguet rappelle que lui aussi en a été victime, notamment par des jeunes d’extrême droite. « “On va vous péter la gueule, à coups de barres à mine, on en a fait d’autres”. Des insultes qui évoquent la mort de Martin Aramburu quand même », souligne-t-il. Il explique d’ailleurs que sa famille en a souffert, notamment ses enfants qui se sont mis à sécher le lycée et l’internat pour « rester à la maison et se sentir préservés ».

Malgré tout, Yannick Larguet croit « profondément à la deuxième chance ». En ce qui concerne son agresseur, « il a reconnu ses problèmes de violence, d’alcool, il a travaillé avec un psy pour évoluer », mais toutefois, « pour l’instant, je ne lui accorde pas cette deuxième chance, car il n’a pas reconnu le mobile raciste »

« Je ne suis pas raciste »

Face à la cour d’appel, Bastien Chalureau a admis avoir beaucoup trop bu ce soir-là -- bière, whisky, vodka -- et avoir porté des coups aux deux plaignants. Il assure qu’il traversait un « moment difficile » de sa carrière de joueur, car il ne jouait pas dans son club, le Stade toulousain. Le rugbyman de 31 ans a nié leur avoir lancé « Ça va les bougnoules ? », comme l’affirment les plaignants.

« Je regrette énormément ce que j’ai fait, je ne suis pas raciste », « je n’ai jamais eu un propos déplacé envers quiconque », « j’ai travaillé sur moi avec un psychologue, j’ai changé mon hygiène de vie », s’est défendu le deuxième ligne de Montpellier.

La décision de la cour d’appel sera rendue le 16 janvier.

À voir également sur Le HuffPost :

Val-de-Marne : Un jardinier « sauvagement » agressé, Gérald Darmanin dénonce « racisme et violence »

Lycée Angela Davis débaptisé : sur France Inter, la militante américaine tacle Valérie Pécresse